Insuccès boeuf
La semence de taureaux génétiquement identiques
montre des différences importantes qui affectent le succès
reproducteur in vitro
Chez le boeuf, les clones ne sont pas identiques en tout.
En effet, une équipe du Centre de recherche en biologie
de la reproduction (CRBR) vient de démontrer qu'il existe
d'importantes différences dans les caractéristiques
de la semence de quatre taureaux clonés.
Carl Lessard, Isabelle Masseau, Jean-François Bilodeau,
Janice Bailey, Pierre Leclerc et Robert Sullivan du CRBR, en
collaboration avec leurs collègues Tom Kroetsch de Gencor
et Hermenegilde Twagiramungu de L'Alliance Bovitech, ont étudié
la semence fraîche et cryopréservée de quatre
taureaux ontariens, nés en 1992 et élevés
dans un même environnement. Les quatre bêtes sont
parfaitement identiques sur le plan génétique puisqu'elles
proviennent d'un même ovule fécondé qui a
été scindé lorsque l'embryon a atteint le
stade de quatre cellules.
Les chercheurs rapportent, dans un récent numéro
de la revue scientifique Theriogenology, que la semence
fraîche d'un des quadruplés a une concentration
plus faible en spermatozoïdes. De plus, les spermatozoïdes
du même animal font montre de moins de motilité
que ceux de ses clones.
Les tests effectués sur les échantillons de semence,
décongelés après avoir passé cinq
ans dans l'azote liquide, révèlent également
des différences notables quant à la capacité
de résister à la cryopréservation. Les chercheurs
ont observé des écarts significatifs entre les
clones au chapitre du pourcentage de spermatozoïdes mobiles,
de leur vitesse de déplacement, du taux de calcium intracellulaire
et de la concentration en protéine P25b (un marqueur de
fertilité).
Ces différences ont des répercussions sur "l'efficacité"
de la semence, comme l'ont démontré les tests de
fertilité conduits par les chercheurs. La semence de chaque
quadruplé a été mise en présence
de quelque 200 ovules bovins, prélevés dans des
ovaires de vaches récoltés dans un abattoir. Les
résultats montrent des différences dépassant
parfois 30 % dans le pourcentage d'embryons obtenus après
sept jours.
Bien que les personnes responsables du clonage de Starbuck 2
ont été surprises et très intéressées
par ces résultats, la découverte des chercheurs
du CRBR ne changera pas les façons de faire dans l'industrie
de la reproduction bovine, croit Robert Sullivan. Par contre,
poursuit le chercheur, les différences observées
dans le développement des embryons suggèrent que
les spermatozoïdes fournissent autre chose que du matériel
génétique lors de la fécondation de l'ovule,
et que cet apport a une influence sur les premiers stades de
développement de l'embryon.
JEAN HAMANN
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