Mauvais traitement de canal
La chirurgie la plus courante pour la vasectomie
entraîne 9 % de recanalisation spontanée
Une vasectomie est une vasectomie, pourrait-on croire. Eh
bien non. "Toutes les vasectomies ne se valent pas",
déclare le professeur Michel Labrecque du Département
de médecine familiale. Un coup d'oeil rapide au curriculum
vitae de ce médecin-chercheur révèle qu'en
matière de vasectomie, il doit forcément savoir
de quoi il retourne. Non seulement a-t-il réalisé
plusieurs études sur l'efficacité de cette intervention,
mais il en pratique aussi. Beaucoup et souvent. "Près
de 9 000 en 20 ans", estime-t-il sommairement. Cette double
fonction en fait, à n'en point douter, un "observateur
privilégié" de la délicate condition
masculine.
Dans un récent numéro du Journal of Urology,
Michel Labrecque et quatre de ses collègues, du Département
de médecine familiale et du Family Health International
de Caroline du Nord, démontrent que la technique chirurgicale
la plus couramment utilisée pour la vasectomie connaît
sa part de ratés. Près de 9 % des patients opérés
à l'aide de cette technique connaissent éventuellement,
à leur insu et à leur grand dam, une recanalisation
spontanée!
Le défi du changement
Les chercheurs sont parvenus à ce constat en effectuant
le suivi de 3 761 hommes qui ont subi une vasectomie entre 1996
et 2000. L'exercice a permis de comparer l'efficacité
de deux techniques chirurgicales. Sans entrer dans le menu détail,
disons que la première méthode, la plus courante
dans le monde, consiste à poser des agrafes en deux points,
séparés d'environ 1 cm, sur le canal déférent,
d'exciser ce segment et de refermer le bout du canal du côté
testiculaire. La seconde consiste à brûler - avec
un appareil semblable à un fer à souder - l'intérieur
d'un segment du canal, de l'enfouir ensuite dans la gaine du
canal et de refermer la gaine à l'aide d'une minuscule
agrafe en titane. Comme disent les publicités télévisées,
ne tentez pas ces manuvres à la maison.
Les chercheurs ont observé un taux de recanalisation spontanée
de 8,7 % dans le premier groupe contre à peine 0,3 % dans
le second. La dextérité des chirurgiens ne peut
expliquer cette différence puisque tous les patients ont
été opérés par un seul et même
médecin: Michel Labrecque. "L'efficacité de
la vasectomie varie considérablement selon la technique
utilisée et il faut que la pratique médicale s'ajuste,
insiste-t-il. J'ai moi-même changé ma façon
de pratiquer cette intervention depuis 1999 et j'ai eu à
peine une recanalisation sur 2000 patients."
JEAN HAMANN
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