Laisser-fer inquiétant
Le souci de bien s'alimenter contribuerait à
une carence en fer chez les Québécois
Les réserves de fer des Québécois seraient
menacées par leur désir de bien s'alimenter! En
effet, soucieux de réduire leur prise de graisses animales,
les Québécois auraient quelque peu délaissé
la viande rouge, principale source de fer assimilable dans les
aliments courants, avancent des chercheurs du Département
des sciences des aliments et de nutrition. Cette carence en fer
menacerait particulièrement les femmes puisque deux Québécoises
sur trois auraient un apport en fer assimilable inférieur
au niveau recommandé, rapportent-ils dans un article publié
dans la dernière édition du Canadian Journal
of Dietetic Practice and Research. Dans le groupe des femmes
de 18 à 50 ans, ce taux grimpe à 75 %. La situation
est moins problématique chez les hommes, mais la sous-consommation
de fer assimilable touche tout de même 26 % des Québécois.
Sans le démontrer directement, l'étude de Dominique
Tessier, Huguette Turgeon O'Brien, John Zee, Johanne Marin, Karine
Tremblay et Thérèse Desrosiers laisse supposer
qu'une proportion significative de Québécoises
pourrait avoir des réserves de fer à plat. Les
femmes de 18 à 50 ans - le segment de la population qui
a les plus grands besoins en fer en raison des menstruations
et des grossesses - sont les plus susceptibles d'avoir des apports
en fer inférieurs à la norme recommandée,
révèle l'étude. Les données utilisées
par les chercheurs pour arriver à ces constats proviennent
de l'Enquête sur la nutrition de Santé Québec,
à laquelle plus de 2 000 personnes ont participé.
L'information véhiculée au cours des dernières
années au sujet du lien entre les gras saturés
et les maladies cardiovasculaires aurait contribué à
une diminution de la consommation de viande rouge au pays. Les
spécialistes estiment qu'il serait important de réhabiliter
le buf dans l'assiette en raison de sa teneur élevée
en fer hémique et de son lien étroit avec le fer
absorbable. Pour s'assurer un apport suffisant en fer, il faut
également consommer des aliments favorisant son absorption
(viande, volaille, poisson et vitamine C). Les Québécois
ne sont pas les seuls à manquer de fer sur la planète.
Plus de 2 milliards de personnes seraient dans la même
situation, incluant 50 millions d'habitants de pays industrialisés.
JEAN HAMANN
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