Banlieue mortelle
La troupe Côté Cour propose la comédie
Les voisins de Louis Saïa
Pour les non-initiés, le mariage du droit et du
théâtre ressemble à une union qui coule de
source, effets de manche et coups d'éclat inclus. Pourtant,
les motivations des étudiants impliqués dans la
troupe Côté Cour de la Faculté de droit ne
relèvent pas forcément de l'amour de la plaidoirie.
Ils ont décidé de monter la comédie Les
voisins de Louis Saïa cette année avant tout
pour se détendre et s'évader pendant quelques heures
de leurs études. Le temps d'une répétition,
ils ont enfin le loisir de laisser éclater leur côté
artistique, réfréné le reste de la semaine.
"Nous avons choisi Les voisins, parce ce qu'on voulait
que ce soit le party sur scène, indique Pierre-Antoine
Morin, un des membres de la troupe. C'est vraiment du théâtre
pour se divertir." Rappelons l'histoire pour les quelques
lecteurs qui auraient habité sur la planète Mars
ces vingt dernières années. Trois couples de voisins
de banlieue se rencontrent un soir pour visionner les diapositives
du voyage en Europe de l'un d'entre eux. La soirée donne
lieu à des dialogues fort comiques, même si les
principaux protagonistes n'ont pas conscience de leur ridicule.
"Cela ressemble beaucoup à La petite vie,
en moins agressif, explique Marie-Hélène Poirier
qui incarne une mère de famille autoritaire. Même
si le décor reste subjectif, ils ont choisi de rester
le plus crédible possible afin que chacun puisse se reconnaître
dans les travers des uns et des autres. Richard Grenier, qui
joue Alexandre, un philosophe perdu dans son univers, a ainsi
beaucoup songé à son ancien beau-père en
travaillant les mimiques de son personnage. "Plus on avançait
dans la pièce, plus on remarquait que nos personnages
nous ressemblent au fond ", reconnaît Pierre-Antoine
Morin qui incarne Junior, un adolescent en pâmoison devant
son idole de père.
Toute la troupe a donc pris un plaisir fou à s'échanger
des répliques plus vides de sens les unes que les autres,
et à retrouver des décors et des costumes vieux
d'une ou deux décennies. Revêtus de leurs plus beaux
atours verts avocat, bruns ou jaunes, les acteurs attendent avec
impatience que les lumières de la salle s'éteignent.
"Sur scène, je me sens physiquement différent,
mon sang passe plus vite dans mes veines, raconte Richard Grenier.
Le plaisir de voir plusieurs centaines de personnes t'écouter
ressemble presque à une drogue." Certains des étudiants
de la troupe Côté cour ont d'ailleurs tellement
prisé leur expérience l'an dernier qu'ils ont décidé
de changer d'orientation! Deux d'entre eux étudient désormais
au Conservatoire de théâtre de Montréal,
suivant ainsi les traces de Rémy Girard et de Normand
Chouinard, célèbres diplômés de la
Faculté de droit de Laval qui se sont inscrits ensuite
au Conservatoire d'art dramatique de Québec.
La pièce Les voisins, de Louis Saïa, est présentée
par le théâtre Côté Cour, les 30, 31
janvier et 1er février à 20 h, à l'Amphithéâtre
Hydro-Québec du pavillon Alphonse-Desjardins. Billets
en prévente au Bureau des activités socioculturelles,
local 2344, pavillon Alphonse-Desjardins, au coût de 8
$. À l'entrée: 10 $.
PASCALE GUÉRICOLAS
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