Risques et promesses des OGM
Les problèmes liés à la production d'organismes
génétiquement modifiés (OGM) existent. S'il
n'y a pas lieu de s'alarmer outre mesure, on doit savoir que
les risques potentiels sont tout autres que ce que les médias
projettent.
C'est ce qu'a fait valoir Dominique Michaud, professeur au Département
de phytologie et directeur du Centre de recherche en horticulture,
à l'occasion d'une grande conférence donnée
récemment dans le cadre des Grandes Fêtes de l'Université,
et portant sur les promesses et les risques liés aux OGM.
Selon Dominique Michaud, le problème des OGM en est un
d'image: "On a fait les manchettes à plusieurs reprises
avec le cas de ce gène de poisson implanté dans
des tomates pour qu'elles résistent mieux au froid. Pourtant,
cette recherche a été abandonnée. On utilise
de moins en moins de gênes d'animaux parce que l'on retrouve
maintenant leurs équivalents dans des plantes, et les
gènes venant de plantes s'expriment mieux lorsque implantés
dans un organisme semblable." Le spécialiste en phytologie
constate que les effets bénéfiques des OGM sont
méconnus du public. "La majorité des avantages
liés aux OGM consistent en des applications utiles à
la ferme et non pas au niveau du consommateur citadin",
rappelle-t-il, en soulignant que certains OGM peuvent aider à
réduire la quantité de pesticides utilisés
à la ferme puisque les plantes peuvent alors développer
elles-mêmes des moyens de défense contre les insectes.
Sur la question épineuse de l'étiquetage, Dominique
Michaud tient à remettre les pendules à l'heure:
"Selon moi, en tant qu'individu plutôt que chercheur,
étiqueter ou non, ça n'a pas d'importance. Ce qui
est essentiel c'est de savoir quel OGM est transmis. Car chaque
OGM est différent. Il y en a certains dont je ne veux
rien savoir. Certains gènes de légumineuses ajoutent
une plus-value au produit mais ils sont allergènes. Si
on commence à insérer des gènes allergènes
dans les produits, ça va devenir très compliqué
pour certains consommateurs à risques."
Le directeur du Centre de recherche en horticulture cible enfin
deux autres problèmes qui vont continuer d'alimenter la
controverse autour des OGM. Plusieurs chercheurs qui travaillent
à l'avancement de cette technique sont subventionnés
par des compagnies ou ont des intérêts dans celles-ci.
Deuxièmement, il y a le problème de contamination,
par des productions adjacentes, des champs non traités
aux OGM. Le risque serait encore plus grand pour les producteurs
de produits biologiques, qui, si les concentrations sont trop
fortes, peuvent se faire refuser leur certification bio. "Il
faut continuer les recherches pour trouver des solutions à
ces problèmes", conclut Dominique Michaud.
DOMINIC DUVAL
Programme Études travail
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