17 octobre 2002 |
La semaine dernière, l'étudiant au doctorat en
ethnologie Dessislav Sabev était à Montréal
lors du 4e Gala Forces Avenir pour recevoir le prix "Personnalité
Avenir par excellence 2002" accompagné d'une bourse
de 15 000 $. Le Gala rend hommage aux leaders étudiants
du Québec qui, tout en étudiant, réalisent
des projets dans la société. Dans le cas de Dessislav
Sabev, un Bulgare arrivé au Québec en 1997, le prix
est venu souligner son implication personnelle auprès d'éleveurs
de rennes, notamment lapons et russes, du Nord de la Russie. "Je
travaille avec eux depuis 1999, explique-t-il, et j'y vais chaque
année. C'est mon côté aventurier. C'est surtout
mon amour du Nord et des gens du Nord. J'ai aussi été
dans le Nord du Québec, à Kuujjuaq."
L'engagement personnel du lauréat polyglotte et polyvalent
ne se limite pas à des voyages dans l'Arctique. Par exemple,
il vient de participer activement à l'organisation, par
le CELAT (Centre interuniversitaire d'études sur les lettres,
les arts et les traditions) de l'Université Laval, du colloque
annuel de la Société américaine d'ethnohistoire.
Quelque 300 spécialistes assistent à cet événement
d'envergure internationale qui se déroule à Québec
depuis hier. En plus du CELAT, l'étudiant-chercheur est
membre actif, toujours à Laval, du GÉTIC (Groupe
d'études inuit et circumpolaires). En 2001, il jouait un
rôle de premier plan dans la tenue, à Québec,
du 4e Congrès de l'Association internationale des sciences
sociales de l'Arctique.
Loin dans la toundra
Dessislav Sabev est rentré, il y a environ deux semaines,
d'un séjour de presque un mois dans l'Arctique russe où
il a travaillé avec un groupe d'une dizaine d'éleveurs
de rennes. Cela se passait à la frontière nord de
la Russie et de la Norvège, à quelque 450 kilomètres
à l'intérieur de la toundra, et assez loin des réseaux
routiers. Assez loin également d'un petit village de 800
âmes où les éleveurs de la région,
une cinquantaine au total, retournent vivre une fois terminées
les deux périodes intenses d'élevage qui se déroulent
au printemps et à l'automne. "C'est lié à
la spécificité de l'élevage de rennes, un
animal semi-domestiqué qui migre vers la mer l'été",
explique l'étudiant-chercheur. Celui-ci agit comme apprenti-éleveur
dans la toundra, mais aussi comme intermédiaire, au village,
auprès d'investisseurs étrangers, principalement
suédois. "Le gros problème, dit-il, est qu'il
n'y a pas de marché intérieur pour la viande de
renne en Russie."
Détenteur d'une maîtrise en lettres de l'Université
de Sofia, en Bulgarie, Dessislav Sabev met la dernière
main à sa thèse de doctorat sur les problèmes
sociaux et économiques des pays d'Europe de l'Est depuis
la fin du communisme. "Sur le plan anthropologique, précise-t-il,
je m'intéresse beaucoup aux relations entre le centre et
la périphérie. Dans l'Arctique russe, j'étudie
les rapports entre les familles qui restent au village et les
hommes qui vivent au camp d'élevage dans la toundra."
Selon lui, il est très excitant de pouvoir changer d'univers,
de pouvoir faire la transition entre des mondes très différents.
"Après le doctorat, indique-t-il, je souhaite travailler
surtout sur des projets de coopération circumpolaire entre
le Nord canadien et le Nord russe."
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