10 octobre 2002 |
"Si être motivé dans la vie, c'est d'abord
pouvoir trouver un sens à son action, être motivé
dans ses études, c'est également d'abord pouvoir
leur donner un sens", affirment la psychologue Louise Turgeon
et le conseiller en orientation Henri Hamel. Les deux professionnels
du Centre d'orientation et de consultation psychologique de l'Université
se penchent, depuis quelques années, sur les raisons d'étudier
et sur les nombreuses significations attribuées aux études.
ils en sont arrivés à établir sept grandes
catégories de significations à travers le sens,
les couleurs particulières que peut prendre l'université
pour ceux et celles qui la fréquentent.
Turgeon et Hamel ont d'abord identifié l'université
"vide de sens", celle qui correspond à une absence
de motivation. "Ces périodes ne sont pas graves
en soi; elles peuvent même devenir des moments privilégiés
de prise en charge... pourvu qu'elles ne se prolongent pas indûment",
indiquent-ils. Puis, celle du "mal nécessaire":
"Les raisons de fréquentation sont loin de la personne,
loin dans le temps, et l'université constitue une espèce
de passage obligé sans grande satisfaction immédiate",
de constater les deux professionnels.
Ensuite, apparaît parfois dans le décor l'université
"norme personnelle", celle des personnes préoccupées
avant tout de faire leurs preuves à leurs propres yeux
et tirant un certain sentiment d'importance d'être à
l'université. "On comprend ici que l'estime de soi
est en jeu. Si tout va bien, les personnes concernées vont
probablement développer une meilleure confiance en elles.
Par contre, si elles vivent des échecs, c'est leur valeur
personnelle qui est touchée et les échecs risquent
d'être très douloureux", fait remarquer Henri
Hamel.
Quand l'horizon commence à se dégager, c'est alors
l'université "instrument du futur" qui se profile
dans une perspective mieux définie. "Choix et autodétermination
sont les deux mots qui font toute la différence entre le
"mal nécessaire" et "l'instrument du futur",
souligne Louise Turgeon. Les études deviennent un moyen
d'atteindre ses objectifs. Ici, c'est déjà beaucoup
plus que le seul diplôme."
Nous arrivons dès à présent au beau milieu
de cités universitaires plus ensoleillées. Celle,
en premier lieu, de l'université "démarche
de connaissance", où les étudiants sont mus
par le plaisir d'apprendre. Celle, en second lieu, de sa voisine,
l'université "occasion de développement",
au sein de laquelle on veut repousser ses limites, développer
son potentiel, relever des défis. Celle, enfin, de l'université
"sensations", avec son côté stimulant,
excitant, amusant, qui fait dire: "Je me sens plus vivant,
plus vivante quand je viens à l'université; j'aime
les rencontres que j'y fais."
Ces différents paysages de cités de la connaissance
perçues à travers le prisme de l'expérience
personnelle de chaque étudiante et de chaque étudiant,
autrement dit ces "catégories de signification",
ne sont pas étanches; elles peuvent s'influencer, assurent
la psychologue et le conseiller en orientation. "Nous pensons
que pour que l'université soit une expérience satisfaisante,
il y a lieu d'élargir les assises de sa motivation tout
en sachant bien que l'importance de ces différentes assises
va fluctuer sans cesse au cours du séjour à l'université",
de conclure Louise Turgeon et Henri Hamel.
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