10 octobre 2002 |
Une étude récente menée par la Chaire
en gestion de la santé et de la sécurité
du travail dans les organisations, portant sur la santé
mentale et les pratiques de gestion des ressources humaines, démontre
que le travail provoque un niveau élevé de détresse
psychologique chez 40,9 % des employés de l' Université
Laval..
Par comparaison, cette proportion se situe à 43,4 % chez
les quatre organisations (Laval, une industrie, un centre hospitalier
et une pépinière) qui ont fait l'objet de ladite
recherche, alors que Santé Québec l'évaluait
à 20,1 % chez la population québécoise en
1998. L'organisme gouvernemental définit la détresse
psychologique en se fondant sur la "fréquence, durant
la semaine précédente, de divers symptômes
associés aux états dépressifs, aux états
anxieux, aux troubles cognitifs et à l'irritabilité".
"La problématique de la santé psychologique
est un phénomène grandissant dans bien des organisations,
explique Jean-Pierre Brun, professeur au Département de
management de la Faculté des sciences de l'administration
et titulaire de la Chaire en gestion de la santé et de
la sécurité du travail dans les organisations. L'état
de la situation que l'on constate ici doit demeurer une préoccupation
pour la direction l'Université Laval, qui devra agir rapidement.
Celle-ci a d'ailleurs mis en place de nouvelles structures (comme
le Comité sur la santé psychologique du personnel)
et d'autres mécanismes, depuis un an, pour résoudre
la question." Et de faire remarquer: "Il y a des endroits
où c'est pire, où le taux d'employés victimes
d'un niveau élevé de détresse psychologique
dépasse les 50 %."
De la surcharge à la faible participation
L'enquête réalisée par la Chaire, qui
a été subventionnée par l'Institut de recherche
en santé et sécurité du travail (IRSST),
visait à diagnostiquer l'état de la santé
psychologique des employés dans quatre organisations et
à établir, en concertation avec ces dernières,
une démarche de prévention. Les chercheurs ont ainsi
rejoint par l'entremise d'un questionnaire, au début de
2001, 1 086 employés de l'Université, membres du
Syndicat des employés et employées de l'Université
Laval (SEUL), de l'Association du personnel administratif professionnel
de l'Université Laval (APAPUL), de l'Association des cadres
supérieurs et intermédiaires de l'Université
Laval (ACSIUL) et du Syndicat des professeurs et professeures
de l'Université Laval (SPUL). Ils ont de plus rencontré
huit représentants de l'employeur et autant de porte-parole
des travailleurs. Jean-Pierre Brun leur a présenté,
le vendredi 4 octobre, le rapport de recherche préliminaire
contenant les données qui concernent uniquement l'Université
Laval.
Il ressort du volet lavallois, entre autres, que le personnel
de bureau et les professeurs courent respectivement 3,03 et 2,98
fois plus de risques de subir de la détresse psychologique
que la population québécoise. Pour l'ensemble des
répondants de l'Université, la surcharge quantitative
de travail, les pauvres relations avec le supérieur et
la faible participation aux décisions organisationnelles
représentent les facteurs de risques les plus importants.
Dans le premier cas, on note une absence ou une mauvaise adaptation
des outils d'évaluation des tâches et de la charge
de travail; dans le second, on signale que les gestionnaires sont
de plus en plus absents du travail réel et éloignés
de ce que vivent quotidiennement les employés; et dans
le dernier, on constate que les processus de consultation sont
relativement rares ou très formalisés.
"Lors de la deuxième phase de notre étude,
nous allons accompagner l'Université Laval pendant deux
ans pour la mise en place de moyens de prévention en collaboration
avec le Comité sur la santé psychologique du personnel",
fait savoir Jean-Pierre Brun.
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