10 octobre 2002 |
Du 19 au 25 octobre, l'étudiante au doctorat en science
politique Carole Beaudoin sera à Ottawa avec quatorze autres
étudiants de partout au pays pour assister à un
séminaire et à une conférence, mais d'abord
pour recevoir une récompense prestigieuse: le Prix pour
les étudiants diplômés 2002 pour la recherche
sur les politiques au Canada. "Mon mémoire de maîtrise
sur la politique de gestion des déchets au Québec
avait reçu une excellente évaluation, ce qui m'a
amenée à présenter ma candidature pour le
Prix pour la recherche, explique-t-elle. Cette évaluation
m'a d'ailleurs déterminée à continuer au
doctorat. Et remporter le Prix m'a confirmée dans mon choix."
Ce n'est pas la première fois que Carole Beaudoin se voit
honorée de la sorte. À la fin de son baccalauréat
en science politique, en 1989, elle recevait, à son grand
étonnement d'ailleurs, la Médaille d'argent du gouverneur
général du Canada pour la plus haute moyenne cumulative
parmi les diplômés de l'année universitaire
à Laval.
Un point tournant
Carole Beaudoin estime qu'après une dizaine d'années
d'existence, la collecte sélective des déchets est
rendue à un point tournant au Québec. "Les
municipalités les plus performantes, souligne-t-elle, ne
récupèrent pas vraiment 50 % des déchets.
À Québec, c'est environ 10 %. Si on n'arrive pas
à une meilleure performance, il faudra réexaminer
le tout et décider si on peut faire mieux autrement."
Selon elle, il ne faudrait pas jeter la pierre trop vite aux citoyens.
"Les médias, les élus municipaux et les autres
intervenants blâment la faible participation des citoyens
ainsi que la sous-utilisation du bac de récupération,
dit-elle. Or, personne ne sait ce qu'il advient des matières
récupérées. Il n'existe pas de bilans des
matières vendues aux recycleurs puis réintroduites
sur le marché. Ou si ces données existent, elles
sont difficilement accessibles. Commençons donc par être
transparents avec le citoyen avant de lui reprocher son manque
d'intérêt."
Dans sa forme actuelle, la collecte sélective ne permet
pas de gains substantiels dans la lutte à la pollution,
affirme Carole Beaudoin. Ces déchets domestiques vraiment
polluants que sont notamment les piles, les huiles usées,
les solvants et les médicaments, se retrouvent tous dans
les sites d'enfouissement et à l'incinérateur. Si
la collecte sélective permet d'économiser des ressources
naturelles comme le papier et l'aluminium, il n'en va pas de même
pour les emballages multimatières, ces composés
de plastique, de carton et de métal considérés
comme non recyclables. Il y a aussi la question du manque d'équipements
de recyclage régionaux. "Le carton de lait n'est pas
récupéré à Québec, indique-t-elle.
Il faut se demander s'il vaut la peine de le récupérer
et de l'envoyer se faire recycler à quelques centaines
de kilomètres de là. Y aura-t-il un gain environnemental
réel compte tenu de l'énergie dépensée
pour son transport et sa transformation? N'est-il pas moins nocif
pour l'environnement de le brûler à l'incinérateur
municipal?"
Des entreprises plus responsables
Dans son doctorat, Carole Beaudoin entend notamment explorer
la notion de responsabilité vis-à-vis des déchets,
plus particulièrement vis-à-vis de la matière
recyclable. "Cet aspect est mal défini, explique-t-elle.
Le projet de loi 102 présentement à l'étude
à Québec prévoit que les entreprises, qui
mettent sur le marché des produits et emballages recyclables,
payent une partie de la facture de la collecte sélective.
Sauf que les industriels prétendent que le produit ou l'emballage
ne leur appartiennent plus du moment où ils ont été
vendus au consommateur." Selon elle, le coût de l'élimination
ou du recyclage d'un produit devrait être inclus dans son
prix de vente de façon à en permettre la disposition
à la fin de son cycle de vie.
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