10 octobre 2002 |
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Des chercheurs
de la Faculté de médecine viennent de démontrer
qu'une plante indigène d'Amérique du Nord, l'actée
à grappes noires, inhibe la croissance de cellules de
cancer du sein in vitro. Son effet inhibiteur serait au
moins aussi grand que celui du tamoxifène, un médicament
couramment prescrit aux femmes après un cancer du sein
pour prévenir les récidives. De plus, l'actée
n'aurait pas d'effet sur les oestrogènes, ce qui permettrait
d'utiliser cette plante pour soulager les symptômes de
la ménopause chez les femmes qui ont eu un cancer du sein,
sans risquer de provoquer de récidive. |
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"Les problèmes de ménopause ne sont pas
plus graves chez ces femmes, précise Sylvie Dodin. Cependant,
on ne peut leur prescrire des hormones de remplacement. Des alternatives
comme l'actée peuvent donc apporter un soulagement aux
malaises de ces femmes qui traversent déjà des
moments difficiles. Mais il faut d'abord s'assurer de l'efficacité
de ces produits."
En Europe surtout, les femmes ménopausées utilisent
l'actée pour soulager des malaises comme les bouffées
de chaleur, signale Sylvie Dodin. "Nous voulions nous assurer
que cette plante ne contenait pas de produits qui, par leur effet
sur les oestrogènes, auraient pu favoriser la multiplication
des cellules cancéreuses." Près de 70 % des
cancers du sein sont de type hormono-dépendant, précise
la chercheure.
Effet synergique
Les tests in vitro ont montré que non seulement
l'actée ne stimule pas la croissance des cellules cancéreuses,
mais qu'elle l'inhibe. Elle parvient même à bloquer
l'effet stimulateur d'une hormone sexuelle, l'oestradiol. Les
principaux ingrédients actifs de la racine d'actée
sont des tri-terpènes. "On a également observé
un effet synergique entre l'actée et le tamoxifène,
lorsqu'ils sont utilisés simultanément, souligne
Mahéra Al-Akoum. L'actée semble donc accroître
l'effet inhibiteur du tamoxifène." Ces résultats
ne signifient pas que l'actée puisse éventuellement
servir de médicament contre le cancer du sein, préviennent
toutefois les chercheurs.
Sylvie Dodin a présenté les conclusions de cette
étude lors du Congrès de la North American Menopause
Society, qui avait lieu à Chicago la semaine dernière.
Encouragées par les résultats obtenus in vitro,
la chercheure et son équipe entreprendront sous peu une
étude pilote sur 60 femmes, grâce à une subvention
de la Fondation du cancer du sein de Montréal. "Nous
voulons tester le protocole expérimental et la réponse
au traitement chez un nombre restreint de femmes avant d'entreprendre
une étude clinique qui servira à vérifier
l'efficacité réelle de l'actée", explique
Sylvie Dodin.
L'actée à grappes noires est présente dans
une bonne partie du Nord-est américain, mais elle est
menacée dans les rares endroits où on la trouve
en sol canadien. Cette plante est utilisée en médecine
traditionnelle amérindienne pour traiter divers "problèmes
de femmes", notamment les douleurs de l'accouchement, l'irrégularité
des menstruations et les symptômes désagréables
de la ménopause. Plusieurs produits naturels fabriqués
à partir de la racine d'actée sont déjà
disponibles sur le marché.
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