12 septembre 2002 |
UN RECTEUR NOMMÉ? LA NORME ET NON L'EXCEPTION
Réplique aux lettres de Éric Alvarez, Antoine
Bédard et al., publiées en cette rubrique le 29
août dernier
Les réactions qu'ont suscitées la prise de position
de l'ex-recteur de l'Université Laval, François
Tavenas, en ce qui a trait au processus d'élection pour
le poste de recteur et dont les deux lettres sus-mentionnées
ont fait état m'ont quelque peu surpris.
En effet, monsieur Tavenas ne fait que proposer un processus de
nomination qui constitue déjà la norme et non l'exception,
dans la grande majorité des universités, tant publiques
que privées, en Amérique du Nord, y compris plusieurs
universités québécoises. Il convient également
de rappeler que l'Université Laval a elle-même évolué
dans ses pratiques; les doyens de facultés et directeurs
de départements qui, il n'y a pas si longtemps encore,
étaient eux-aussi élus par des collèges électoraux
sont maintenant sélectionnés au terme d'un processus
de nomination. Et on n'a qu'à regarder la situation qui
prévaut dans les écoles primaires et secondaires,
les collèges ou les hôpitaux, autant d'organisations
publiques ou para-publiques où les directeurs ou directeurs
généraux sont nommés et non élus.
Bien que certains voudraient laisser croire le contraire, le poste
de recteur d'une université n'a rien à voir avec
celui de premier ministre ou de maire. En conséquence,
le processus électoral démocratique, qui est tout
à fait approprié pour ces derniers, n'est sûrement
pas idéal pour le premier. Dans le régime politique
canadien (fédéral et provincial), le premier ministre
est, dans les faits, élu à titre de chef de sa formation
par les membres de son parti politique seulement. Lors des élections
générales, les électeurs ne votent directement
que pour une seule personne (leur candidat au poste de député
de leur circonscription) et non pour un candidat particulier au
poste de premier ministre.
Ayant été associé à trois universités
différentes (Université Laval, University of California
- Davis, University of Saskatchewan), à titre d'étudiant
ou de professeur, au cours des vingt dernières années,
je ne peux que m'élever en faux contre cet argument couramment
véhiculé selon lequel un recteur nommé serait
moins redevable à son université qu'un recteur élu.
Rien dans les faits ne permet de confirmer une telle allégation.
Il n'y a qu'à voir la situation qui prévaut ailleurs
qu'à l'Université Laval pour s'en convaincre rapidement.
Au fait, est-ce que les doyens de facultés et directeurs
de départements de l'Université Laval ont moins
de comptes à rendre à leurs unités respectives
depuis qu'ils sont nommés plutôt qu'élus à
leurs postes?
Espérons que le processus électoral avorté
du printemps dernier, la prise de position de monsieur Tavenas
et le débat qui a présentement cours sauront, à
terme, faire évoluer l'Université Laval dans la
même direction que les autres universités nord-américaines.
L'Université Laval ne pourra que s'en porter mieux.
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