![]() |
6 juin 2002 ![]() |
Les comédiennes de la pièce Légères
en août, de Denise Bonal, présentée cette
année dans le cadre de la saison des Treize, vivent un
peu sur un nuage depuis quelques mois. Alors que l'aventure théâtrale
des autres participants s'achève généralement
dès le mois de mars ou avril avec la présentation
de la pièce, les sept étudiantes ont la chance de
partir en tournée dans quelques jours, grâce à
l'invitation lancée par une troupe de théâtre
amateur de Grenoble en France. Elles joueront en effet quatre
représentations de leur pièce dans cette ville,
à partir du 12 juin prochain, et recevront en retour les
Grenoblois sur le campus, au mois de juillet.
"Je suis tellement contente de refaire cette pièce,
car je la trouve magnifique!", s'exclame Amélie Plaisance,
une des comédiennes. Légères en août
raconte l'histoire de cinq futures mères, réunies
dans une clinique de maternité un peu spéciale.
Lorsqu'elles auront accouché, la directrice de cet établissement
remettra en effet les nouveau-nés à des parents
adoptifs, moyennant rétribution. Les six comédiennes
ont remporté un franc succès lorsqu'elles ont présenté
la pièce au Théâtre de poche en mars dernier,
à tel point qu'elles ont joué quatre représentations
supplémentaires. L'aventure grenobloise constitue donc
un peu pour elles la cerise sur le gâteau.
Une cerise pour laquelle elles travaillent par contre très
fort depuis quelques mois et qui coûte la bagatelle de 12
000 dollars. Très rapidement, il a fallu que les actrices
se transforment en administratrices pour réunir les fonds
leur permettant de mettre leur projet à exécution.
Les premières recettes sont venues des représentations
supplémentaires organisées en avril et d'un tirage
auquel les spectateurs étaient invités à
contribuer. L'Université Laval leur a donné un bon
coup de pouce financier par l'intermédiaire du Vice-rectorat
au développement, de la Fondation de l'Université
Laval, du Service des activités socioculturelles, de la
Faculté des lettres et du Département des littératures.
Des organismes gouvernementaux ont également contribué,
ainsi que quelques entreprises privées.
Ici même
"Nous avons beaucoup appris sur les questions de commandite,
explique la responsable de production, Marie-France Fournier.
Avec notre expérience, nous allons produire un document
qui pourra servir à d'autres troupes durant les prochaines
années pour approcher notamment les petites entreprises
qui ont des budgets de promotion restreints." L'argent recueilli
va donc leur permettre non seulement de s'envoler pour Grenoble,
mais aussi d'accueillir à Québec la troupe l'Abri-bus,
celle-là même qui les reçoit en juin. Cette
troupe de comédiens amateurs, dont certains gravitent autour
de l'Université de Grenoble, ont monté Ici Même,
une adaptation d'une bande dessinée de Tardi, qui sera
présentée les 10, 11 et 12 juillet prochains à
20 h, à l'Amphithéâtre Hydro-Québec.
Avant leur départ dans quelques jours, les comédiennes
s'affairent à régler les derniers détails
pour que les acteurs grenoblois puissent jouer devant un public
digne de ce nom, sur un campus plutôt désert à
cette époque de l'année. Les sommes recueillies
depuis quelques semaines leur permettent notamment de se payer
un peu de publicité. Les groupes d'étudiants non-francophones
se montrent également intéressés par le spectacle.
Si l'expérience s'avère concluante de part et d'autre,
elle pourrait être renouvelée durant la prochaine
saison pour une autre équipe des Treize.
Des comédiennes interpellées par le texte
Cinq femmes et leur ventre, dans une clinique de maternité.
Cinq femmes, que les hasards de la vie réunissent pour
vivre ensemble les derniers mois de leur grossesse. Elles pourraient
parler linge de bébé, s'émouvoir sans arrière-pensée
de la fabuleuse aventure que constitue le développement
de leur bébé. Sauf qu'il y a un os, un os d'ordre
monétaire: l'enfant auquel chacune d'elle s'apprête
à donner naissance sera vendu dès sa mise au monde
à un couple qui l'attend déjà dans une autre
clinique. Voilà résumée en quelques lignes
l'intrigue de Légères en août. Les
questions éthiques soulevées par la pièce
ont passionné les membres de la troupe, qui ont passé,
cette année, des heures autour de la table de travail à
discuter des motivations profondes de leurs personnages, pour
pouvoir les aborder avec sincérité. En s'appuyant
sur les situations comiques de la vie quotidienne imaginées
par l'auteure et sur les instants de tendresse qui se créent
entre ces femmes en attente de leur accouchement, les interprètes
ont voulu dévoiler l'humanité profonde qui caractérise
chacun des personnages.
Écrite en 1974, alors que l'avortement devenait légal
en France, la pièce redevient d'actualité, à
l'heure des implantations d'embryons dans
les utérus de mères porteuses. Montée dans
un souci d'intimité, Légères en août
veut susciter une réflexion chez les spectateurs, sans
pour autant les assommer avec des jugements idéologiques.
![]() |