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6 juin 2002 ![]() |
L'Université se dotera dans un proche avenir d'un équipement
unique au monde, le Laboratoire des nouvelles technologies de
l'image, du son et de la scène (LANTISS). Ce projet avant-gardiste
est piloté par Luis Thenon, directeur des programmes d'études
théâtrales au Département des littératures.
La Fondation canadienne pour l'innovation ainsi que quelques autres
partenaires ont jusqu'à présent injecté plus
de deux millions de dollars dans ce projet. La première
phase, qui devrait être complétée à
l'automne 2003, comprendra entre autres l'aménagement d'un
studio à géométrie variable de plus de 190
mètres carrés et haut de six mètres.
Luis Thenon explique que s'il existe à travers le monde
des lieux dédiés à la recherche sur les nouvelles
technologies et les arts, aucun ne se consacre exclusivement aux
arts de la scène au sens très large. Cela inclut
notamment le théâtre et la danse, mais aussi la muséologie.
"Est-ce qu'on peut parler d'une scène muséologique?
demande-t-il. Bien sûr. Aujourd'hui, un musée est
presque une installation avec, entre autres, un grand développement
sonore."
Mise en commun
L'objectif du LANTISS vise à créer une synergie
qui mette en relation le processus de la pensée artistique
avec le processus de la pensée scientifique. Cette forme
d'interaction est inaccoutumée parce que l'on considère
habituellement les deux réseaux de pensée comme
antinomiques. Pourtant, ces deux formes de pensée sont
très complémentaires, au dire de Luis Thenon. "L'art
a été au cours de l'Histoire l'une des deux grandes
sources de production de connaissances, indique-t-il. Le point
le plus élevé de la science est la logique, laquelle
appartient nécessairement au champ de la philosophie. Or,
la pensée artistique est fondamentalement philosophique.
Si les deux se rejoignent par le haut, pourquoi ne se rejoindraient-elles
pas par le bas?"
Espace interdisciplinaire tourné vers l'avenir, le LANTISS
sera universitaire dans son essence. On y fera de la création
et de la recherche fondamentale. C'est donc dire qu'il n'y aura
pas de production ni de diffusion de spectacles. Une dizaine de
chercheurs universitaires, la plupart de Laval et provenant de
différents champs disciplinaires, dont le génie,
les communications et le théâtre, ont déjà
manifesté leur intérêt à collaborer
avec le LANTISS.
Le Laboratoire des nouvelles technologies de l'image, du son et de la scène mettra en synergie les processus de la pensée artistique et de la démarche scientifique
"Dès le premier moment, rappelle Luis Thenon, les
départements de sciences appliquées nous ont apporté
un soutien fondamental. Leur désir de collaboration est
très grand." Le Laboratoire de vision et systèmes
numériques, rattaché au Département de génie
électrique et de génie informatique, participera
notamment aux projets relatifs aux interfaces corps/machine -
à partir des données émises par le corps
des performeurs sur scène - ainsi qu'aux projets relatifs
aux mécaniques de scène souples et mobiles. Le Centre
d'optique, photonique et laser, rattaché au Département
de physique, de génie physique et d'optique, se penchera
entre autres sur le développement de nouveaux procédés
en projection laser et en spatialisation d'images. L'autre partenaire
en sciences appliquées est le Département de génie
mécanique.
En lien direct avec le milieu
Dans cette première étape de son développement,
le LANTISS s'est associé avec deux partenaires majeurs
de Québec: le groupe de production Ex Machina et le centre
d'artistes Avatar-Méduse. Les infrastructures du Laboratoire
devraient permettre à Robert Lepage et à son équipe
d'Ex Machina de concrétiser leurs projets de recherche
à moyen terme. Ceux-ci portent sur l'utilisation des réalités
virtuelles en relation avec le corps des performeurs, et avec
des systèmes de projection et de diffusion d'images multiples
en deux ou trois dimensions. "En plus, ajoute Luis Thenon,
le LANTISS peut être un espace de ressourcement pour certains
artistes de pointe comme Lepage."
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