6 juin 2002 |
Huit professeurs de quatre facultés ainsi que huit étudiants,
inscrits pour la plupart à la maîtrise, ont effectué
une mission exploratoire, du 19 au 26 mai, dans la partie nord
de la péninsule gaspésienne, plus précisément
dans le secteur appelé l'Estran. Ce territoire côtier
long d'une cinquantaine de kilomètres est compris entre
les municipalités de Manche-d'Épée et de
Saint-Yvon. Quelque 3 000 personnes y vivent, malgré de
graves problèmes de déstructuration, de dévitalisation
et de dépeuplement.
Laval Doucet, professeur à l'École de service social
et l'un des coordonnateurs de la mission, rappelle que ce projet
d'intervention sur le milieu - baptisé Estran-Agenda 21
- a commencé à prendre forme dès l'été
2001. "De nombreuses rencontres ont eu lieu, indique-t-il,
et des comités ont été constitués."
Il ajoute que cet exercice de consultation se voulait la première
manifestation concrète d'une chaire d'études sur
la Gaspésie, en voie d'implantation à Laval. Plutôt
que de s'adresser aux canaux classiques que sont la municipalité
régionale de comté et le Centre local de développement,
les universitaires ont privilégié le contact direct
avec les citoyens. Autre aspect novateur: les visiteurs ont eu
des rapports égalitaires avec la population. "Les
citoyens devenaient des chercheurs et les professeurs finissaient
par devenir des citoyens", explique Laval Doucet. Il n'y
avait pas non plus de rapports maître/élève
classiques puisque, dans bien des cas, les enseignants ont partagé
leurs questionnements avec leurs étudiants.
Une équipe multidisciplinaire
Les facultés participantes étaient celles d'Aménagement,
d'architecture et des arts visuels, des Sciences sociales, des
Sciences de l'agriculture et de l'alimentation et de Foresterie
et de géomatique. L'équipe multidisciplinaire s'est
subdivisée en cinq groupes ayant chacun sa problématique,
soit le tourisme, l'architecture, l'agriculture, le développement
communautaire et la foresterie. Durant une semaine, les professeurs
et les étudiants accompagnés de citoyens ont sillonné
l'Estran et rencontré de nombreuses personnes soucieuses
de l'avenir de leur coin de pays. Un midi, ils ont même
été reçus par tous les élèves
du cours secondaire de la polyvalente Esdras-Minville, à
Grande-Vallée. Le soir, ils mettaient en commun les idées
recueillies durant la journée. Parmi les nombreux sujets
abordés, mentionnons la conversion de parties de forêt
en fermes forestières, la création d'un parc régional
et l'aménagement de sentiers pédestres. On a aussi
discuté de la possibilité d'atténuer la charge
fiscale.
Des connaissances poussées
"Nous avions une démarche de recherche-action",
précise Emmanuelle Choquette, étudiante en économie
et gestion agroalimentaires, coordonnatrice d'opérations
à Opération Gaspésie-Laval et adjointe aux
coordonnateurs d'Estran-Agenda 21. Les professeurs et les étudiants
ne partaient pas avec des projets précis à présenter
à la population. Ils ont plutôt écouté
les gens qui leur ont parlé de leurs besoins, de ce qu'ils
vivent, de leurs inquiétudes. "J'ai réalisé
que les gens ont des connaissances poussées sur leur milieu
spécifique, dit-elle. Nous avons visité des fermes.
Ils en savaient beaucoup plus que moi sur tel ou tel type de sol.
Lorsqu'on parle de projets de développement adaptés
au milieu, nous n'avons pas le choix de les faire en collaboration
avec les gens, parce que leur bagage de connaissances est important."
Maintenant que la tournée éclair du secteur est
terminée, on analysera au cours des prochains mois les
données recueillies sur le terrain. Au mois de mai 2003,
une esquisse du plan de développement de l'Estran sera
présentée à la population.
|