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6 juin 2002 ![]() |
La très grande majorité des enfants adoptés de l'étranger en jeune âge ne semblent avoir aucun problème dans leur relation d'attachement avec leurs parents adoptifs. Ce constat est tiré d'une revue de littérature effectuée par une équipe de recherche dirigée par Réjean Tessier, professeur à l'École de psychologie. Le 31 mai au pavillon J.-A.-DeSève, ce dernier a prononcé une conférence sur l'adoption internationale et l'attachement parent-enfant dans le cadre de la Deuxième Journée d'enfance. Ces journées sont organisées par Réjean Tessier et son collègue George M. Tarabulsy, du Département d'études sur l'enseignement et l'apprentissage. Tous deux sont codirecteurs de la Collection d'enfance publiée aux Presses de l'Université du Québec. "Entre douze et quinze pays sont actuellement en relation avec le Québec pour l'adoption internationale, des pays de cultures extrêmement différentes, indique Réjean Tessier. Nous accueillons de nouveaux citoyens qui ont des bases culturelles - et peut-être neurologiques - différentes avec lesquelles il faudra compter pour comprendre l'évolution de ces enfants."
Quelques faits
Les Québécois ont adopté près
de 9 700 enfants de l'étranger entre 1990 et 2001. Ce chiffre
correspond environ aux deux tiers de l'ensemble des adoptions
enregistrées au Québec au cours de cette période.
De 1990 à 1999, plus de 40 % de ces enfants provenaient
de Chine et les trois quarts des adoptants étaient âgés
entre 30 et 45 ans. Dans 90 % des cas d'adoption, le principal
motif est l'infertilité.
Selon Réjean Tessier, la décision de recourir à
l'adoption représente l'aboutissement d'un long cheminement
de couple. "Les gens sont passés au travers du problème
de l'infertilité, dit-il. Ils ont fait le deuil de la parenté
biologique et se sont ouverts à la parenté adoptive."
L'avantage, poursuit-il, est que les adoptants sont en général
une dizaine d'années plus âgés que les parents
d'un premier enfant biologique. "Cela, dit-il, fait des familles
avec plus d'expérience de vie et mieux installées."
Les Québécois ont adopté près de 9 700 enfants de l'étranger entre 1990 et 2001. La très grande majorité de ceux adoptés en jeune âge ne semblent avoir aucun problème dans leur relation d'attachement avec leurs parents adoptifs.
Une base essentielle
Une relation d'attachement se définit comme une base
sécuritaire qui se construit normalement au cours de la
première année de vie sur la réciprocité
avec une ou quelques personnes. Avec la sécurité
que procure cette base, l'enfant se sent libre d'explorer son
environnement. En l'absence d'une telle base, l'enfant peut, par
exemple, développer de l'inhibition excessive ou, à
l'opposé, un attachement diffus et peu sélectif.
Selon Réjean Tessier, une des questions fondamentales soulevées
par l'adoption consiste à savoir si l'enfant a les ressources
suffisantes pour, d'une part, dépasser les conséquences
défavorables d'une séparation et, d'autre part,
s'attacher à de nouveaux parents. Partant de la notion
de privation de soins en bas âge, le conférencier
a abordé un cas dramatique, celui d'enfants roumains soumis
en orphelinat à des conditions extrêmes de survie
sous le régime Ceaucescu, et adoptés après
la chute du dictateur en 1989. Une importante étude menée
en Angleterre sur nombre d'entre eux, qui avaient moins de 42
mois à l'adoption, révèle une récupération
importante de poids, de taille et de quotient intellectuel au
bout de quatre ans. Les enfants adoptés avant six mois
affichaient, quant à eux, une récupération
complète. "Le plus tôt se fait l'adoption, souligne
Réjean Tessier, le plus simple est l'établissement
d'une relation mère-enfant sécurisante. Quant aux
parents adoptifs, ils offrent les ressources essentielles suffisantes
pour récupérer les retards de développement
importants."
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