18 avril 2002 |
Alors que la population active vieillit et que la natalité
demeure faible, le marché du travail, au Québec
comme dans bien d'autres sociétés industrialisées,
s'apprête à vivre une profonde mutation. Ces bouleversements
majeurs se produiront dans un contexte où il est courant
de mettre hors travail les employés de 45 ans et plus,
et où un fort pourcentage des enfants de l'après-guerre
(baby-boomers) envisagent de prendre leur retraite dans
la cinquantaine. La relation âge/main-d'oeuvre prend dès
lors une importance particulière et le concept de cohabitation
intergénérationnelle s'impose de plus en plus dans
les organisations où la gestion des âges représente
un défi bien réel.
Quels sont les besoins et attentes de la génération
montante? Et les besoins et attentes des "survivants"
face aux mises à la retraite massives récentes?
Quelles sont les revendications des organisations syndicales dans
ce contexte nouveau? L'État modifiera-t-il les règles
du jeu quant à ses politiques de retraite et de sécurité
du revenu? Et les moyens mis de l'avant pour surmonter les défis
de la gestion des âges seront-ils efficaces et suffisants?
Ces questions seront au coeur du 57e Congrès des relations
industrielles de l'Université Laval qui aura lieu les 29
et 30 avril à l'hôtel Hilton Québec. Organisé
par le Département des relations industrielles, l'événement
aura pour thème "La gestion des âges - face
à face avec un nouveau profil de main-d'oeuvre". Il
réunira surtout des responsables des ressources humaines,
tant du secteur public que du secteur privé.
Le gros bout du bâton
Selon Fernande Lamonde, professeure au Département
des relations industrielles et responsable du comité d'organisation
du congrès, les conférenciers mettront l'accent
sur la période où le travailleur est encore actif
sur le plan professionnel. Ils traiteront également des
pratiques de gestion mises en oeuvre durant cette période.
Une attention particulière sera accordée aux jeunes
travailleurs. "Dans les années à venir, indique
Fernande Lamonde, les jeunes auront "le gros bout du bâton"
en raison d'une pénurie de main-d'oeuvre dans tous les
secteurs, pénurie due aux départs massifs des baby-boomers."
Elle ajoute que la nouvelle génération de travailleurs
a des attentes très différentes de celles des générations
précédentes par rapport au travail. "Ils n'ont
pas le même degré d'engagement que leurs parents,
explique-t-elle. Ils les ont vus être peu présents
à la maison et ils les ont vus trouver la stabilité
professionnelle relativement tard."
Fernande Lamonde rappelle qu'il y a dix ans le congrès
des relations industrielles avait fait le constat que la société
s'en allait vers une pénurie de main-d'oeuvre. "Mais,
dit-elle, les entreprises n'en ont pas tenu compte et fait des
mises à la retraite massives." Comme elles ne pourront
pas recruter surtout chez les jeunes, les organisations devront
retenir les plus âgés. Une stratégie qui n'ira
pas de soi compte tenu du phénomène croissant de
la retraite hâtive. Par exemple, chez Hydro-Québec,
une grande partie du personnel est prête financièrement
et motivée à quitter le marché du travail
bien avant l'âge officiel de la retraite. "Des entreprises
vont tenter de fermer la porte à la retraite hâtive,
ajoute Fernande Lamonde. Ceux qui ne pourront partir vont être
démotivés." Selon elle, bien des travailleurs
ne veulent pas partir pour partir, mais travailler moins. "Ils
veulent, souligne-t-elle, continuer à exploiter leurs compétences
acquises."
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