18 avril 2002 |
Si rien n'est fait d'ici peu, l'avenir des boisés du
campus pourrait être compromis, concluent des étudiants
de premier cycle de la Faculté de foresterie et de géomatique
au terme d'une étude portant sur l'état des forêts
de l'Université. Il faut notamment s'attendre à
la disparition totale du bouleau jaune et au remplacement graduel
de l'érable à sucre par l'érable rouge sur
le campus, peut-on déduire du rapport des étudiants.
La cinquantaine d'étudiants inscrits au cours Écologie
forestière II, dispensé par Alison Munson et
Marcel Darveau, du Département des sciences du bois et
de la forêt, ont procédé, l'automne dernier,
à une analyse détaillée de 17 boisés
du campus en vue d'en établir la valeur écologique
et l'état de santé, et de formuler des recommandations
sur les mesures de restauration à prendre. Le principal
problème identifié par les étudiants concerne
le drainage. "Des dépôts provenant de travaux
de construction ont été déposés en
bordure de plusieurs boisés, de sorte que les arbres poussent
dans des cuvettes d'où l'eau s'écoule difficilement,
résume Marcel Darveau. Ceci a favorisé l'arrivée
et le développement de certaines espèces qui tolèrent
bien l'humidité, entre autres l'érable rouge, au
détriment des espèces présentes auparavant
telles que l'érable à sucre et le bouleau jaune."
À l'opposé, le boisé du pavillon Casault
a subi des travaux de drainage inutiles qui sont en voie d'en
assécher certaines sections, ce qui risque d'affecter la
santé des arbres, poursuit-il. Les étudiants proposent
donc de rétablir rapidement le drainage naturel de tous
les boisés.
Pas assez d'arbres morts
Les boisés situés au sud de l'axe central du
campus (entre le boulevard Laurier et les deux tours) sont plus
âgés et ils auraient davantage conservé leur
caractère naturel que ceux qui se trouvent plus au nord,
ont constaté les étudiants. L'inventaire des boisés
révèle qu'il y a peu de chicots et peu de débris
ligneux au sol. "Idéalement, il faudrait conserver
15 % d'arbres morts dans un peuplement en raison de leur valeur
écologique pour la faune, en particulier les oiseaux, souligne
Marcel Darveau. Cependant, par mesure de sécurité,
le Service des immeubles les coupe systématiquement et
les ramasse." Enfin, les étudiants déplorent
la multiplication indue de sentiers dans certains boisés,
l'utilisation de ces habitats comme site de dépôts
de rognures de gazon et l'accumulation astronomique de déchets
au sol.
Les boisés du campus, dans leur état actuel, constituent
donc une mauvaise carte de visite pour la seule université
québécoise qui forme des ingénieurs forestiers.
"Il y a sûrement moyen de mieux intégrer les
cours pratiques des étudiants avec les travaux que le Service
des immeubles devraient réaliser dans les boisés,
estime Marcel Darveau. Dans un premier temps, il faudrait faire
un diagnostic plus approfondi de la situation, proposer un plan
de zonage et un plan de restauration et ensuite, passer à
l'action."
À moyen terme, si la situation actuelle persiste, Marcel
Darveau prédit que les changements dans la composition
végétale des boisés vont s'accentuer, que
les déchets vont continuer de s'accumuler et que le désintéressement
des gens envers les boisés va s'accélérer.
"Finalement, la dégradation des boisés va atteindre
un degré tel qu'un jour quelqu'un va proposer de tous les
raser", anticipe-t-il.
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