18 avril 2002 |
Un casque instrumental unique en son genre a été
mis au banc d'essai la semaine dernière à l'École
d'architecture. Durant quatre jours et ce, du matin jusqu'au soir,
huit étudiantes et étudiants ont vaqué à
leurs occupations habituelles tout en portant de façon
constante ce dispositif expérimental. Relié à
un collecteur de données portatif, le casque a mesuré
à toutes les dix secondes, pendant dix heures, huit paramètres
de confort environnemental. Parmi eux, mentionnons la température
ambiante, la lumière ambiante, la sonorité ambiante,
les déplacements de l'air et les polluants. À toutes
les 60 minutes, les participants devaient répondre à
un questionnaire en ligne sur leur niveau de confort personnel.
Cette expérience est au coeur d'un projet de recherche
entrepris il y a trois ans par André Potvin, professeur
à l'École d'architecture et membre du Groupe de
recherche en ambiances physiques. Subventionné par le Conseil
de recherches en sciences humaines du Canada, ce projet s'intitule
"Contrôle des ambiances physiques et nature des transactions
intérieur-extérieur en milieu nordique". "Nous
étudions l'effet des changements environnementaux sur la
sensation de confort, explique André Potvin. L'appareil
de mesure qui a été développé en collaboration
avec plusieurs étudiants tient compte du fait que la notion
de confort est subjective, et que la perception de l'espace, loin
de se limiter à la vue, est systémique et fait appel
à l'ensemble de nos sens."
Des normes contestées
Le but de cette recherche consiste à discuter les normes
environnementales afin de promouvoir la construction de bâtiments
moins énergivores et plus confortables. "Nous voulons,
souligne André Potvin, défendre l'idée que
l'humain peut s'adapter à des changements environnementaux
importants, notamment en ce qui concerne la norme de confort thermique,
actuellement trop restrictive."
André Potvin enseigne l'approche bioclimatique en architecture.
"L'idée, dit-il, consiste à minimiser le recours
à la mécanique du bâtiment et de tout ce qui
est énergivore: chauffage, refroidissement, ventilation
mécanique, etc." Concept très actuel, les bâtiments
bioclimatiques devraient gagner en popularité dans l'avenir.
"Dans les quelque 40 dernières années, indique-t-il,
les bâtiments administratifs ou institutionnels construits
au Québec ont pour la plupart été équipés
de systèmes mécaniques de climatisation. Or, la
climatisation coûte cher et elle va nécessairement
coûter encore plus cher si la tendance aux changements climatiques
se poursuit."
Écologique avant la lettre
Dans le cadre de son cours, André Potvin a fait évaluer
par ses étudiants huit pavillons de la Cité universitaire
à l'aide d'une grille environnementale qualitative. Le
Petit Séminaire de Québec, un bâtiment patrimonial
tricentenaire qui héberge l'École d'architecture,
s'est retrouvé en haut de la liste. "Le Petit Séminaire
a tout ce qu'il faut du point de vue d'un bâtiment "vert",
affirme-t-il. Il est constitué de trois ailes très
étroites d'une quinzaine de mètres de largeur, il
possède une forte inertie thermique et il dispose d'une
grande cour qui permet de faire la ventilation transversale diurne
et nocturne."
Le plan d'informatisation de l'École prévoit que
chacun des ateliers du bâtiment sera doté d'une quinzaine
d'ordinateurs. En raison de la surchauffe possible de ces locaux
due à la chaleur produite par les appareils, la climatisation
des ateliers a été envisagée. Une idée
que conteste André Potvin à la suite de calculs
et de simulations thermiques. "L'élévation
de température ne serait pas si grande, dit-il. Une ventilation
transversale contrôlée, ou bien des ventilateurs
à pales installés au plafond, pourraient très
bien satisfaire la majorité des occupants, compte tenu
de l'occupation non estivale des ateliers."
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