28 février 2002 |
PAR FRANÇOIS TAVENAS
Après des années extrêmement difficiles, les universités québécoises sont entrées, depuis 2001, dans une nouvelle période, un temps de relance et de renouveau. Aux coupures a succédé un refinancement qui, s'il oblige à une gestion toujours serrée des dépenses, permet d'envisager avec grande confiance le développement de notre institution, et la poursuite de son progrès à tous égards. Le programme que je présente repose à la fois sur le bilan des réalisations faites avec mon équipe de direction et sur cette vision d'une période nouvelle où l'Université Laval poursuit le développement de ses missions d'enseignement et de recherche, au service de son milieu - la région de la Capitale nationale et l'Est du Québec - en affirmant son caractère distinct au Québec et son rôle dans la francophonie canadienne et en axant résolument son action sur l'ouverture internationale.
Un contexte nouveau, porteur de développement
Les contextes canadiens et québécois sont extrêmement
favorables à la relance des universités et au développement
de la recherche universitaire au cours des prochaines années.
Au niveau québécois, les engagements du Sommet du
Québec et de la jeunesse font en sorte que les subventions
de fonctionnement seront rétablies à un niveau proche
de celui de 1994. Par ailleurs, l'engagement du Sommet que j'avais
personnellement négocié à titre de président
de la CREPUQ et qui est en train de se réaliser, soit la
mise en place d'un système de suivi des ressources disponibles
aux universités québécoises par rapport aux
autres universités canadiennes, nous donne les moyens de
poursuivre notre action auprès du gouvernement du Québec
pour obtenir des moyens financiers concurrentiels.
Quant au financement de la recherche, la Politique scientifique
publiée au début de 2001 trace le contour d'un avenir
prometteur avec la restructuration des organismes subventionnaires
et leur refinancement et avec l'identification de secteurs de
développement stratégique qui sont en remarquable
concordance avec les secteurs d'excellence à l'Université
Laval.
Au niveau canadien, les cinq derniers budgets fédéraux
ont apporté une amélioration continue du financement
de la recherche universitaire avec la création de la FCI,
des ICRS, des Chaires de recherche du Canada et le refinancement
des grands conseils subventionnaires. L'introduction cette année
du principe du financement des frais indirects de la recherche
devrait nous permettre d'investir dans le développement
de la recherche et dans les infrastructures essentielles que sont
la Bibliothèque, les systèmes informatiques ou les
services d'appui aux chercheurs et à la valorisation des
fruits de la recherche.
Par ailleurs, le document de consultation sur la future Politique
canadienne de l'innovation publié récemment annonce
un avenir enthousiasmant avec le doublement, d'ici 2010, des budgets
des organismes subventionnaires et du nombre de bourses décernées
aux étudiants de deuxième et troisième cycles,
de même que diverses mesures de renforcement des investissements
en recherche du gouvernement canadien.
Enfin, la campagne de souscription que nous sommes en train de
préparer, avec l'appui de bénévoles de très
haut niveau, devrait nous permettre de renforcer nos partenariats
avec de grands donateurs et nous doter de moyens accrus de développement
de la recherche par la création de chaires capitalisées
et de fonds dédiés au soutien de nouvelles initiatives
et de nouveaux regroupements de recherche. Une part importante
des objectifs de cette campagne sera consacrée au renforcement
de nos programmes de bourses, en particulier pour les étudiants
des cycles supérieurs.
Dans la suite de ce texte et au cours des prochaines semaines,
j'aurai l'occasion de présenter les principaux éléments
du programme d'action que je propose à la communauté
universitaire pour les cinq prochaines années. Ce programme
sera fait de continuité et d'innovation, de consolidation
et d'ouverture. Il visera à
RENFORCER L'UNIVERSITÉ LAVAL COMME UNIVERSITÉ
COMPLÈTE AU SERVICE DE SON MILIEU, UNE UNIVERSITÉ
DISTINCTE SUR LA SCÈNE QUÉBÉCOISE, UNE UNIVERSITÉ
OUVERTE SUR LE MONDE.
Dans ce premier texte publié aujourd'hui, 28 février,
je traite du bilan de notre action depuis 1997 et du développement
de la recherche et des études supérieures. Les
questions relatives à la formation de premier cycle
et à l'action internationale seront abordées
la semaine prochaine, dans le Fil du 7 mars. Par la suite, j'aborderai
les questions de la qualité de vie de la communauté
universitaire, de la gestion interne, du développement
physique du campus et de la place de l'Université
dans son milieu.
I- BILAN
Dans la perspective d'un second mandat qui sera marqué
aux coins de la continuité et de l'innovation, il importe
de faire le point sur les choix faits depuis cinq ans pour affirmer
et préserver le caractère de notre institution comme
université complète, distincte et ouverte sur le
monde et sur les progrès réalisés, avant
d'examiner les avenues qui s'offrent à nous pour les cinq
prochaines années. Depuis 1997, nous avons fait :
- Des choix partagés, puisqu'ils furent formulés
d'abord par la Commission d'orientation, qui avait mené
une des plus larges consultations jamais conduites dans notre
institution. Le rapport de la Commission, adopté par toutes
nos instances, reflétait donc un très large consensus
sur lequel toutes nos actions ont pu ensuite se fonder. Des consultations
restreintes de ces instances ont ensuite permis, d'abord en 2000
dans le cadre de la formulation du Plan stratégique 2000-2003,
puis en 2001 dans le cadre de la formulation de notre Convention
de développement institutionnel, de valider nos choix et
de confirmer la pertinence de nos orientations et des actions
réalisées depuis 1997.
- Des choix adaptés aux réalités des divers
secteurs de l'Université, dans la mesure où
l'approche proposée par la Commission d'orientation invitait
chaque Faculté à interpréter les choix proposés
en fonction de son contexte disciplinaire et à adopter
les moyens les plus aptes à permettre l'atteinte des objectifs
institutionnels dans le respect des spécificités
facultaires. Cette approche visait en fait à renforcer
un mode de gestion décentralisée et coordonnée
et à responsabiliser les facultés, départements
et programmes, tout en favorisant l'innovation dans un contexte
de contraintes budgétaires.
- Des choix qui nous positionnent avantageusement, puisque
l'un des objectifs recherchés par la Commission d'orientation
était de conserver à l'Université Laval
sa mission d'université complète, offrant aux
personnes de l'Est du Québec des programmes de formation
dans tous les domaines du savoir, tout en lui donnant un caractère
distinct dans le système universitaire québécois,
nous permettant ainsi de contrer les effets négatifs de
la démographie déclinante de notre bassin naturel
de recrutement ou de notre situation géographique à
l'écart des grands centres de développement économique.
L'objectif a été atteint dans une très large
mesure.
Voyons donc comment ces choix proposés par la Commission
d'orientation ont été mis en oeuvre depuis cinq
ans.
Des programmes de formation modernes
... grâce à une révision en profondeur de
la réglementation des études
Nous avons procédé à une révision
en profondeur de la réglementation des études dans
le but de la simplifier, d'accroître la souplesse des structures
de programmes et de favoriser la formation globale de la personne,
de même que l'introduction de contenus de formation multidisciplinaires
et une ouverture sur l'international. Nous avons par ailleurs
maintenu le niveau de nos investissements dans les applications
pédagogiques des technologies de l'information (APTI) de
façon à favoriser le développement de nouveaux
modes d'offre de formation.
Les facultés se sont appropriées ces nouveaux règlements
à leur rythme propre et en fonction de leurs circonstances
disciplinaires, mais les résultats sont aujourd'hui convaincants.
Ainsi on a vu se mettre en place :
- des baccalauréats intégrés offrant une
formation bidisciplinaire;
- l'usage des technologies de l'information pour rénover
la pédagogie et enrichir les interactions étudiant-professeur
et étudiant-étudiant;
- toute une série de nouveaux programmes courts (certificats
et diplômes) pour répondre à des besoins précis
de formation initiale ou continue.
... grâce aussi à des relations renforcées
avec les Cégeps
L'Université Laval recrute traditionnellement ses étudiants
dans la région de Québec et dans tout l'Est du Québec.
Pour mieux desservir notre milieu naturel, nous avons renforcé
nos relations avec les cégeps de tout l'Est du Québec
et développé, en collaboration avec eux, de nouveaux
types de programmes. C'est ainsi que :
- des rencontres annuelles des directeurs généraux
des Cégeps avec la direction de l'Université ont
été instaurées;
- des rencontres entre professeurs des Cégeps et de l'Université
Laval ont été tenues dans différentes disciplines
pour favoriser l'arrimage des formations;
- des "passerelles" ont été négociées
entre les programmes de DEC technique et de baccalauréat
pour faciliter l'accès à l'Université;
- de nouveaux programmes de DEC-Bac intégrés ont
été mis en oeuvre dans plusieurs disciplines en
collaboration avec des Cégeps de tout notre bassin de recrutement;
- de nouveaux certificats ont été créés
en collaboration avec certains cégeps.
Ces initiatives font que Laval est reconnue comme un modèle
au Québec au chapitre des relations avec les Cégeps.
... grâce à l'internationalisation de la formation
Dès 1998, suite à l'adoption par le Conseil universitaire
du rapport intitulé Pour une plus grande ouverture sur
le monde, nous avons fait le choix d'accroître l'ouverture
internationale de nos programmes pour offrir à nos étudiants
une formation mieux adaptée aux besoins du Québec
moderne dont l'économie est de plus en plus dépendante
des échanges internationaux. De fait, notre objectif était
et reste de faire de l'action internationale un trait caractéristique
de la formation offerte par l'Université Laval.
Ce choix stratégique s'est matérialisé d'abord
par la création du Bureau international, rassemblant tous
les services pertinents pour assurer une unité d'action
et une interface efficace avec les étudiants et les gestionnaires
de programmes, ici ou à l'étranger.
Il s'est réalisé ensuite par la création
du Profil international et par sa mise en oeuvre systématique
dans nos programmes. Ce concept, qui intègre la mobilité
internationale des étudiants dans la structure pédagogique
des programmes et qui élimine toutes les complications
administratives pour les étudiants impliqués, est
en train de s'établir comme la référence,
non seulement au Canada mais dans plusieurs pays du monde avec
lesquels nous sommes en relation.
La mise en oeuvre du Profil international par les différentes
facultés a suscité beaucoup d'enthousiasme chez
les étudiants et les professeurs. La création du
Profil international a suscité une véritable dynamique
internationale du côté des étudiants. Pour
la présente année académique 2001-2002, 425
étudiants, à qui plus de 1,1 million $ ont été
versés en soutien financier, auront participé à
nos différents programmes de mobilité dont plus
de la moitié au seul Profil international.
Grâce à la qualité du concept de Profil international
et au soutien financier dont ce programme bénéficie
de la part du gouvernement du Québec et de nombreux donateurs
privés, nous atteindrons certainement notre objectif que
20 % de chaque cohorte de diplômés aient acquis une
expérience internationale durant leurs études.
Au deuxième cycle, nos choix ont porté sur la mise
en place de programmes conjoints avec des universités partenaires
en France : journalisme international avec Lille, formation des
gestionnaires de formation continue avec Grenoble, affaires publiques
avec Bordeaux. Quant au troisième cycle, nous sommes l'Université
qui exploite le plus les possibilités offertes par le programme
de cotutelles de thèses avec des universités françaises.
Aujourd'hui, l'Université Laval est reconnue comme le modèle
à suivre en action internationale.
Renforcement des regroupements de chercheurs
La recherche à l'Université Laval s'est
beaucoup développée depuis 15 ans grâce au
dynamisme des chercheurs et à une stratégie de regroupements
de chercheurs et de centres de recherche. Constatant le succès
de cette approche, la Commission d'orientation avait recommandé
de la poursuivre et de mettre l'emphase sur des regroupements
multi-disciplinaires. Cette stratégie a donné d'excellents
résultats au cours des cinq dernières années.
Six nouveaux centres de recherche ont été reconnus
par le Conseil universitaire après évaluation par
la Commission de la recherche, portant à 36 le nombre total
de centres reconnus dans pratiquement toutes les grandes disciplines.
Par ailleurs, nos centres ont continué à connaître
beaucoup de succès, puisque 28 d'entre eux sont financés
par les fonds subventionnaires québécois, ce qui
place notre université au premier rang à cet égard.
D'autre part, l'Université Laval a obtenu la direction
de deux réseaux de centres d'excellence dans le cadre du
programme fédéral : le réseau GEOIDE en géomatique
et le réseau ICIP en optique photonique. Dans les deux
cas, c'est une situation de leadership national de nos centres
de recherche - CRG et COPL - qui se voyait formellement reconnue.
Pour favoriser les regroupements multidisciplinaires, nous avons
adopté le modèle des instituts. C'est ainsi que,
à la suite de l'Institut québécois des hautes
études internationales, ont été créés
:
- l'Institut des études anciennes;
- l'Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels;
- l'Institut du patrimoine culturel;
- l'Institut des affaires électroniques;
- et, tout récemment, l'Institut de l'environnement rural;
- enfin, un Institut sur le vieillissement et la participation
sociale des aînés devrait voir le jour très
bientôt.
Ces différents instituts ont des missions de formation
et de recherche adaptées à chaque thématique;
ils ont surtout le grand mérite de positionner stratégiquement
l'Université Laval dans des domaines où nous avons
des expertises reconnues.
Enfin, la création du programme des Chaires de recherche
du Canada nous a amenés, d'une part, à élaborer
en concertation avec les facultés un plan de développement
de la recherche qui reflète bien nos secteurs d'excellence,
d'autre part, à bénéficier de la création
de 19 chaires par an dans les secteurs considérés
comme les plus stratégiques.
La stratégie choisie a porté fruit, comme en fait
foi la croissance accélérée des subventions
et contrats de recherche, dont le montant annuel est passé
de 110 M $ en 1997 à 160 M $ en 2001. La superbe performance
des chercheurs de l'Université Laval lors de la récente
compétition de la Fondation canadienne pour l'innovation,
où les subventions de 53,5 M $ nous situent au tout premier
rang au Québec et au troisième rang au Canada, est
une illustration éloquente de l'efficacité de la
stratégie choisie.
Au plan des résultats, les chercheurs de Laval sont reconnus
par leurs pairs sur les scènes nationale et internationale
et ils ont connu de nombreux succès comme en fait foi le
fait que cinq des dix grandes découvertes mises en valeur
par la revue Québec Science en 2000 ont été
réalisées par des chercheurs de l'Université
Laval. Par ailleurs, nos recherches dans les domaines des biotechnologies
agroalimentaires et médicales, de la géomatique,
des matériaux ou de l'optique photonique contribuent fortement
au redéploiement de l'économie de la région
grâce aux activités de transfert technologique et
de création d'entreprises sous l'égide de la SOVAR,
première des quatre sociétés québécoises
de valorisation de la recherche universitaire à avoir été
créée avec l'appui de Valorisation-Recherche Québec.
Reconnaissance et mise en valeur de la participation
étudiante
L'Université Laval a une longue tradition de participation
active des étudiants à la vie universitaire. Il
faut d'abord souligner le renforcement de la participation étudiante
dans les instances de l'Université, avec la présence
d'un représentant étudiant au Comité exécutif
depuis 1998.
L'Université Laval a d'autre part misé sur la compétence
des étudiants et étudiantes du campus par la création
du programme Études-travail (qui a servi de modèle
au ministère de l'Éducation) qui a été
rendu possible par la collaboration des professeurs et des associations
et syndicats de l'Université Laval. Ce programme vient
d'être étendu aux étudiants étrangers.
Nous avons par ailleurs contribué à stabiliser et
renforcer Zone pour en faire aujourd'hui la plus grande
coopérative étudiante au Québec et nous avons
clarifié les relations entre la CADEUL et le Service de
reprographie pour faciliter l'action étudiante dans ce
domaine.
Suivant les recommandations de la Commission d'orientation, l'Université
a apporté son soutien au développement des initiatives
étudiantes, en appuyant financièrement la Chaire
publique de l'ÆLIÉS, la création du Fonds
de soutien aux initiatives étudiantes et la Vitrine
étudiante qui met ces initiatives en valeur depuis
maintenant deux ans. J'ai personnellement apporté un appui
important à la mise en oeuvre du Gala Forces Avenir
qui vise à valoriser les projets étudiants auprès
du grand public québécois.
Enfin, le Sommet des Amériques a été
l'occasion d'une collaboration remarquable entre les associations
étudiantes et la direction de l'Université pour
permettre l'accueil et l'hébergement de plus de 4 000 participants
au Sommet parallèle et ce, sans aucun incident sur le campus.
À l'écoute de la communauté universitaire
Les consultations de la Commission d'orientation ont pavé
la voie à la mise en oeuvre d'une large panoplie de moyens
de consultation de la communauté universitaire. Un Sommet
lavallois avait par ailleurs été convoqué
au printemps de 1998 comme prélude à un Sommet universitaire
québécois qui avait permis de mobiliser toutes les
composantes des milieux universitaires autour de la grande question
de la place et du financement de l'enseignement supérieur;
dans les deux cas, la concertation entre la direction de l'Université
Laval et les responsables des associations étudiantes avait
permis de situer notre université à l'avant-garde
sur la scène québécoise. Les vice-recteurs
ont mis en place des tables de consultations regroupant les responsables
facultaires dans les grands dossiers dont ils avaient la responsabilité
: études, recherche, recrutement, administration. La Commission
des études a mené de vastes consultations dans le
cadre de la révision des règlements des études,
de la politique d'accueil, d'intégration et d'encadrement
et de l'étude de dossiers ponctuels. La Commission des
affaires étudiantes a intensifié ses actions d'enquête
et de mobilisation autour de grands dossiers comme le sentiment
d'appartenance ou la politique d'accueil, d'intégration
et d'encadrement. La Commission de la recherche a mené
une consultation sur la valorisation de la recherche-création
et dans le cadre du renouvellement de la politique d'évaluation
des centres de recherche. La table des associations étudiantes,
convoquée par le vice-recteur aux affaires académiques
et étudiantes, s'est avérée un lieu d'interactions
fructueuses en toutes circonstances, y compris durant le conflit
de travail avec les professeurs.
J'ai, quant à moi, instauré des rencontres mensuelles
avec les présidents des deux associations étudiantes,
CADEUL et ÆLIÉS.
J'ai, par ailleurs, procédé au cours des cinq dernières
années à :
- une visite de tous les services administratifs;
- deux tournées de consultation des unités;
- une vingtaine de petits déjeuners avec des groupes de
jeunes professeurs pour échanger sur leur intégration
à la vie universitaire;
- la visite d'une vingtaine de nos centres de recherche, consacrant
à chaque fois plus de deux heures en discussion avec les
chercheurs;
- de plus, j'ai maintenu, à chaque automne depuis cinq
ans, une charge d'enseignement d'un cours obligatoire au premier
cycle en sciences et génie.
C'est pour répondre aux préoccupations exprimées
lors de ces différentes consultations que plusieurs mesures
ont été prises, comme la mise sur pied d'un guichet
unique, au service des étudiants, pour les bourses et l'aide
financière, la structuration des services aux étudiants,
le renforcement du Service de placement - reconnu aujourd'hui
comme l'un des meilleurs au Canada - et, plus récemment,
la création du Service des ressources humaines avec une
mission centrée sur l'appui aux gestionnaires.
L'Université Laval, un acteur engagé dans
son milieu
Comme seule grande université dans la région
de la Capitale nationale et dans tout l'Est du Québec,
l'Université Laval a des responsabilités particulières
au plan de la formation, de la formation continue, de la recherche
et du transfert technologique et, plus généralement,
au plan de sa contribution à la vie culturelle, économique
et sociale de sa région.
La Commission d'orientation proposait que l'Université
assume pleinement ses responsabilités dans sa communauté.
C'est ce qu'elle a fait avec succès de multiples façons
:
- en développant des programmes de formation continue
répondant aux besoins de grandes organisations comme le
Réseau de la santé ou le Mouvement Desjardins ou
dans des secteurs industriels particuliers;
- en développant les programmes de l'Université
du troisième âge de Québec (UTAQ) qui
dessert plus de 5 200 personnes chaque année;
- en contribuant à la formation de nos diplômés
à l'entrepreneuriat par des projets comme l'entreprise
d'entraînement virtuel FACTO ou Entrepreneuriat Laval;
- en renforçant ses liens avec les milieux économiques
dans des domaines aussi diversifiés que l'agroalimentaire,
les biotechnologies médicales, la foresterie, la géomatique,
le multimédia, l'optique;
- en contribuant activement au développement économique
régional par la création de nombreuses entreprises
issues des recherches universitaires et par la création
de la SOVAR, en collaboration avec le CHUQ pour intensifier
encore notre action dans le domaine de la santé;
- en concluant des ententes de collaboration avec le Centre
des congrès de Québec, avec l'Orchestre symphonique
de Québec et avec le journal Le Soleil.
Au total, le bilan à l'égard de notre engagement dans la communauté est particulièrement éloquent. Le " partenariat " avec le milieu et ses acteurs s'est amplifié depuis cinq ans, et c'est en réponse à la demande du milieu que j'ai accepté de présider le Comité Québec Capitale et ainsi joué un rôle qu'aucun recteur n'avait été appelé à jouer avant moi. Une emphase toute particulière a été mise sur le développement du partenariat avec les intervenants de Lévis et de la Rive Sud. On a pu apprécier les fruits de cet investissement en temps lors de la campagne visant à faire accorder à l'Université Laval un financement digne de sa mission et de ses besoins, lorsque le milieu, de façon unanime, a appuyé les efforts de l'Université auprès du ministre de l'Éducation. L'Université Laval, notons-le, a obtenu, au chapitre du financement, un des meilleurs contrats de performance parmi les universités québécoises. Cet engagement n'est pas étranger non plus au fait que nous avons pu réunir récemment une liste impressionnante de bénévoles de très haut niveau pour siéger au Cabinet de la prochaine Campagne de souscription.
Investir dans notre avenir
Au fil des six ou sept dernières années,
faisant face aux compressions les plus sévères jamais
vécues dans la subvention de fonctionnement du ministère
de l'Éducation, et à une baisse du nombre de ses
étudiants, l'Université Laval a choisi de protéger
sa capacité de développement et a accepté
d'accumuler une dette totale dépassant les 100 M $. La
question qui se pose est, aujourd'hui, de savoir si les choix
faits par l'Université Laval étaient les bons. La
dette accumulée, qui doit être vue comme un investissement,
a-t-elle été " profitable " à l'Université
Laval et à sa communauté ? Pour répondre
à ces questions, il faut rappeler le contexte des événements,
de même que les stratégies suivies par la direction
de l'Université.
À partir de 1994-1995, le gouvernement du Québec
a imposé à ses ministères et aux réseaux
qu'il finance de sévères compressions pendant plusieurs
années. Au total, les coupures gouvernementales ont signifié
une diminution nette de notre subvention de fonctionnement qui
est passée de 275,9 M $ en 1993-1994 à 214,3 M $
en 1999-2000.
La stratégie de l'Université, face à cette
coupure draconienne de ses revenus, a été :
- de se doter de la vérité budgétaire
la plus transparente possible, ce que d'autres universités
n'ont pas fait ;
- de s'engager dans une réduction contrôlée
de ses dépenses pour conserver une capacité
de renouvellement et de développement. Compte tenu
de l'ampleur et de la rapidité des coupures de subvention,
une cessation complète de tout renouvellement du corps
professoral aurait en effet eu des conséquences désastreuses
et totalement aléatoires sur nos activités d'enseignement
et de recherche, sans pour autant empêcher des déficits.
- d'accepter d'encourir un déficit, en considérant
que celui-ci serait un investissement ou une hypothèque
à rembourser.
Cette stratégie a permis de maintenir un certain renouvellement
du corps professoral. Le nombre de professeurs a diminué,
mais l'Université Laval a aussi attiré d'excellents
jeunes professeurs dans plusieurs unités et a pu maintenir
la qualité de ses programmes. Elle nous a également
permis de redresser la situation au chapitre de la population
étudiante qui est maintenant stabilisée à
environ 35 500 personnes (en 2001-2002).
Malgré la réduction de leur nombre, la qualité
et les efforts de tous les professeurs ont fait que les fonds
de recherche sont passés à plus de 160 M $ en
2000-2001, une augmentation de 50 % en 5 ans. Ce faisant,
l'Université Laval a conservé sa place dans le peloton
de tête du "Groupe des dix" au Canada.
Bref, l' "investissement" dans un certain renouvellement
du corps professoral et dans une réduction contrôlée
de nos dépenses a été, de toute évidence,
profitable et nous a permis de protéger la capacité
de l'Université Laval de figurer parmi les grandes universités
de recherche du Canada et du monde francophone tout en préservant
son caractère d'université complète au service
de son milieu.
En conclusion de ce bilan
Grâce aux choix qui ont été faits
suivant les recommandations de la Commission d'orientation,
et malgré un contexte budgétaire extrêmement
contraignant depuis 1997, l'Université Laval est aujourd'hui
positionnée de manière distincte et stratégique
dans le réseau universitaire québécois. Le
nombre et la qualité des membres de la communauté
universitaire qui ont décidé d'appuyer ma candidature
témoignent du fait que cette lecture de notre évolution
et de notre situation actuelle est largement partagée.
L'Université Laval est aujourd'hui bien placée pour
exploiter le contexte beaucoup plus favorable qui se dessine pour
les prochaines années avec les réinvestissements
amorcés par les gouvernements du Québec et du Canada.
Elle peut donc aborder l'avenir avec confiance et poursuivre son
développement en tablant sur ses acquis des dernières
années et en ouvrant de nouvelles pistes d'action pour
répondre à l'évolution des besoins de la
société.
II- LE DÉVELOPPEMENT DE LA RECHERCHE ET DES ÉTUDES
SUPÉRIEURES
L'avenir d'une grande université de recherche comme
la nôtre dépend, sans aucun doute, de sa capacité
de développer son action en recherche et dans les études
de deuxième et troisième cycles et, partant, de
consolider sa place dans le "Groupe des dix" au Canada
et de maintenir sa réputation sur la scène internationale.
Pour atteindre ces objectifs, je propose les mesures suivantes.
1- Renforcer l'appui aux chercheurs individuels
Le développement de la recherche passe d'abord
par le renforcement de l'appui aux chercheurs individuels, par
l'augmentation du nombre de ces chercheurs aussi bien que des
moyens. La situation financière de l'Université
Laval étant en voie de rétablissement et la formule
de financement du MEQ permettant d'envisager une croissance de
nos revenus si nous réalisons nos objectifs de croissance
de la population étudiante aux deuxième et troisième
cycles, notre première priorité sera de maximiser
le renouvellement du corps professoral. Le programme des chaires
de recherche du Canada, qui nous apporte une vingtaine de postes
annuellement nous aidera à accroître le nombre de
chercheurs, sous réserve de nous assurer de profiter de
chaque nomination pour créer un nouveau poste.
Par ailleurs, la première priorité identifiée
dans le cadre de la grande campagne de souscription qui s'amorce
concerne la création de chaires d'enseignement et de recherche
pleinement capitalisées. Compte tenu des objectifs financiers
que nous nous sommes fixés, nous devrions être en
mesure de créer entre 20 et 40 chaires dans des domaines
stratégiques de développement de la recherche,
accroissant d'autant notre capacité de recherche.
Le développement de la recherche individuelle passe également
par la mise à la disposition des chercheurs de moyens financiers
accrus pour leur permettre d'initier de nouveaux projets. C'est
tout particulièrement le cas pour les chercheurs dans les
différents secteurs des arts, des lettres et des sciences
humaines où le financement public de la recherche est encore
insuffisant. Je propose donc, à l'intérieur du
budget de développement de la recherche, de créer
un programme de soutien aux chercheurs dans les secteurs des arts,
des lettres et des sciences humaines, de façon à
mettre à leur disposition, sur la base d'un concours annuel
avec évaluation par les pairs, des subventions de l'ordre
de 20 000 $ pour leur permettre d'amorcer des projets de recherche,
de s'intégrer dans des équipes existantes et de
préparer des demandes de subventions externes. Ce programme
serait doté d'un budget initial de 200 000 $.
L'Université Laval avait mis en oeuvre, il y a quelques
années, un programme de subvention interne pour libération
de temps pour la recherche. Ce programme, qui permettait de soutenir
un investissement accru en temps par un professeur à un
stade critique de développement de sa recherche, avait
eu beaucoup de succès. Certaines facultés ont maintenu
un tel programme à l'interne. Je propose de remettre
ce programme sur pied au niveau institutionnel et de le doter
d'un budget de 100 000 $ qui permettra de financer annuellement
des libérations de temps pour la recherche et pour l'encadrement
d'un nombre accru d'étudiants de doctorat. Ce programme
pourrait faire l'objet d'un appariement facultaire pour en accroître
l'impact. Je souligne dès maintenant que je proposerai
un programme semblable en soutien aux activités d'intégration
des TIC en pédagogie universitaire de même qu'en
appui à l'internationalisation de nos programmes.
2- Accroître la vitalité des programmes
de deuxième et troisième cycles
Les programmes de maîtrise et de doctorat sont au
centre de la mission académique d'une grande université
de recherche comme la nôtre. Ces programmes ont connu un
développement important au cours des 15 dernières
années et ce développement doit se poursuivre.
Nos diplômés de premier cycle forment notre principal
bassin de recrutement. Il me semble que nous devons viser à
accroître la visibilité de l'Université Laval
de manière à augmenter notre capacité d'attirer
des étudiants d'autres universités québécoises,
des universités de la francophonie canadienne et mondiale
et d'autres pays, particulièrement d'Amérique latine
où nous pouvons faire valoir des avantages distinctifs
par rapport aux universités américaines ou européennes.
Des ententes du type de celle conclue avec le CONACYT au Mexique
devraient nous aider à attirer à l'Université
Laval des étudiants internationaux dans les programmes
où la capacité d'accueil de même que notre
expertise de recherche le justifient.
La durée moyenne des études supérieures est
un sujet de préoccupation dans toutes les universités
québécoises. Nous nous sommes engagés, par
le contrat de performance, à réduire cette durée
d'une session à la maîtrise et de deux sessions au
doctorat. La Faculté des études supérieures
met en place des mécanismes nouveaux de suivi de la progression
des étudiants dans leur projet d'étude. Par ailleurs,
le soutien financier renforcé aux étudiants devrait
aider à l'atteinte de cet objectif.
Enfin, la question des taux de diplomation devra retenir notre
attention. L'expérience montrant que le succès des
étudiants est directement lié à leur capacité
à progresser rapidement dans leur études, les mesures
prises pour améliorer le soutien financier et pour réduire
la durée des études devraient avoir un effet notable
sur la diplomation.
3- Renforcer le soutien financier aux étudiants
des cycles supérieurs
Nous avons fait des efforts importants pour protéger
le budget du fonds de soutien à la maîtrise et au
doctorat et, au cours des deux dernières années,
pour accroître le soutien financier aux étudiants
de doctorat. Nous poursuivrons notre effort d'investissement
dans le respect des engagements pris dans le cadre du contrat
de performance.
Un volet important des objectifs de la campagne concerne le renforcement
des programmes de bourses aux étudiants de deuxième
et troisième cycles. Nous visons à pouvoir capitaliser
plusieurs millions de dollars à cette fin dans le fonds
général pour renforcer les bourses offertes par
la Fondation de l'Université Laval, de même que dans
des fonds spécifiques aux facultés et centres de
recherche.
Par ailleurs, les travaux en cours au niveau des facultés
et de la Faculté des études supérieures visent
à nous permettre de mobiliser de façon coordonnée
l'ensemble des fonds et programmes de l'Université et de
La Fondation, aussi bien que les fonds de recherche disponibles
aux chercheurs pour offrir à chaque étudiant
de doctorat un soutien financier global garanti pour la durée
normale de ses études. Cet objectif devra trouver des
modalités d'application adaptées aux circonstances
propres à chaque faculté, dans le cadre des plans
facultaires en cours d'élaboration.
4- Poursuivre la structuration des regroupements de chercheurs
La stratégie de regroupement des chercheurs a permis
à l'Université Laval de faire des progrès
considérables en recherche au cours des 15 dernières
années. De fait, c'est beaucoup grâce à notre
position dominante au niveau des centres de recherche reconnus
et subventionnés si notre entreprise de recherche est aujourd'hui
la sixième au Canada. Comme l'avait déjà
souligné la Commission d'orientation en 1998, il faut poursuivre
cette stratégie gagnante.
Le Plan stratégique de développement de la recherche
que nous avons élaboré pour répondre aux
exigences du programme des Chaires de recherche du Canada et dont
les autorités fédérales ont souligné
la qualité nous servira de base. Nos actions devraient
comporter :
- le rehaussement de 1,5 M $ à 2,5 M $ du budget consacré
au soutien aux centres de recherche reconnus pour leur permettre
de mieux se positionner dans les nouveaux programmes des fonds
subventionnaires québécois;
- le rehaussement substantiel du budget de soutien aux groupes
émergents pour appuyer de nouveaux regroupements de chercheurs.
Ce budget devrait donner lieu à un appariement par les
facultés de rattachement des chercheurs concernés.
Par ailleurs, le modèle de regroupements multidisciplinaires
dans des instituts a donné jusqu'ici de bons résultats.
Nous devons poursuivre notre action dans les domaines stratégiques
où l'Université Laval dispose des expertises nécessaires.
Dans cette perspective, je propose :
- de doubler le budget de soutien aux instituts;
- la création d'un nouvel Institut sur l'environnement,
l'économie et le développement social. Un tel
institut permettrait de complémenter l'action du nouvel
Institut sur l'environnement rural et forestier en apportant les
considérations d'ordre économique, social, politique
en s'appuyant sur les expertises disponibles à la Faculté
des sciences sociales et dans les autres facultés. La capacité
de faire le lien entre écologie, technologie et économie
est en effet un des grands défis du développement
durable de notre société dans lequel l'Université
Laval peut se positionner de façon tout à fait distincte.
Un très important bailleur de fonds a déjà
été identifié pour appuyer une telle initiative.
- la création d'un Institut de bioéthique.
Pour une université comme la nôtre, très active
dans les recherches en biotechnologies médicales et agroalimentaires
de même qu'en biologie et en foresterie, les questions éthiques
que posent le développement de la génétique
sont de plus en plus centrales. De fait, nos chercheurs dans ces
domaines ont commencé à se doter d'expertises en
éthique et à impliquer les chercheurs en éthique
des Facultés de philosophie et de théologie. Compte
tenu de l'importance rapidement croissante de ces questions et
de la qualité des expertises que nous pouvons déjà
regrouper, il semble logique de constituer un tel Institut de
bioéthique qui pourra travailler en partenariat avec des
instituts semblables avec lesquels nous avons des collaborations
ailleurs dans le monde.
5- Structuration de réseaux internationaux de
recherche
La recherche universitaire doit faire de plus en plus
appel à des collaborations internationales. L'Université
Laval, avec sa réputation bien établie sur la scène
internationale, en particulier dans les milieux de la francophonie,
peut prendre des initiatives stratégiques dans ce domaine.
Ces initiatives peuvent se situer d'une part dans le cadre du
renouveau des programmes de l'Agence universitaire de la francophonie,
d'autre part dans des projets spécifiques sur lesquels
nous avons commencé à travailler.
Avec l'Institut québécois des hautes études
internationales, une réflexion a été
amorcée dans la foulée du Sommet des Amériques
et dans le contexte de la grande campagne de souscription sur
la constitution d'un réseau international de recherche
sur les questions d'intégration continentale et de mondialisation.
Les contacts établis en ce sens en Europe et sur le continent
américain avec les partenaires universitaires et financiers
éventuels sont très prometteurs.
Une autre réflexion du même type a été
amorcée dans le domaine des études autochtones
où l'Université Laval a des forces bien établies
autour du GETIC. Les fondements historiques universels de la question
et les aspects économiques, politiques et sociaux très
différenciés d'un pays à l'autre du continent
américain plaident en faveur d'une approche internationale
par un réseau de recherche impliquant des universités,
des instances gouvernementales et des représentants autochtones.
Il faut s'attendre à ce que des projets similaires
voient le jour dans d'autres domaines. Si l'Université
Laval veut faire de l'action internationale sa marque distinctive
dans le réseau universitaire québécois et
canadien, il importe que le montage de tels projets soit facilité.
Je compte donc mettre sur pied, dans le cadre de la grande campagne
de souscription, un fonds de soutien aux initiatives internationales
qui permettra de financer le montage de projets et la préparation
de demandes de subventions aux instances nationales et internationales
appropriées.
6- Une approche inclusive de la recherche
Dans le contexte de mondialisation et de concurrence accrue que
nous connaissons aujourd'hui, la recherche universitaire est un
instrument puissant de développement économique
social et culturel des sociétés modernes. Le rôle
essentiel que l'Université Laval joue dans son milieu est
tout à fait symptomatique de cette situation. Quand on
observe le développement, dans la région de la Capitale
nationale, de secteurs économiques dynamiques dans les
domaines des biotechnologies agroalimentaires ou médicales,
du multimédia, des matériaux ou de la photonique,
on ne peut faire autrement que de noter l'influence déterminante
de notre université, qui produit les idées et les
spécialistes dont les entreprises de ces secteurs ont besoin
pour se développer et qui, bien souvent, à été
à l'origine même de la création de ces entreprises.
En même temps qu'on note ce rôle moteur de l'Université
dans la société, on est forcé de constater
que le développement de cette société du
savoir dans laquelle nous vivons ne fait pas que des gagnants.
Il y a en effet bien des "laissés pour compte",
individus, régions, pays, qui ne profitent pas équitablement
des retombées de cette économie du savoir. Nous
avons, je pense, l'obligation de nous préoccuper aussi
de cet aspect des choses en développant, dans toute la
mesure du possible, une approche inclusive de nos activités
de recherche.
Vis-à-vis des personnes, il faut accorder toute leur
valeur aux recherches en sciences humaines et sociales sur les
différents aspects de l'évolution de nos sociétés.
L'Université Laval a une longue tradition d'excellence
dans ce domaine; elle a donc une responsabilité particulière
à ce sujet. Le programme renforcé de soutien à
l'initiation de projets de recherche en sciences humaines et sociales
que je propose (voir plus haut) vise, entre autres, à permettre
aux chercheurs de Laval de s'impliquer dans les questions centrales
pour un développement équilibré de notre
société.
Vis-à-vis des régions, l'Université
Laval a traditionnellement joué un rôle important
dans toutes les régions éloignées du Québec.
Aujourd'hui encore, nombre de nos étudiants viennent de
ces régions, tout particulièrement dans l'Est du
Québec. Or les régions ressources font face à
des problèmes très sérieux de déclin
économique et démographique. Nous avons, me semble-t-il,
à la fois une responsabilité et un intérêt
à nous préoccuper de ces problèmes et à
trouver des moyens de contribuer, par nos recherches, à
leur solution. Les excellentes relations que nous avons tissées
avec les Cégeps devraient servir de base à notre
action en ce sens, mais nous devrions aussi intensifier nos relations
avec les Universités du Québec en région.
En effet, ces établissements disposent de personnels très
qualifiés et ils sont bien en prise sur leur milieu immédiat.
Il y a là un réel potentiel de développement
de recherches en partenariat dans les domaines dans lesquels l'Université
Laval peut apporter une expertise complémentaire pour associer
les milieux régionaux à nos travaux, pour développer
certaines applications en appui aux problématiques régionales
et pour contribuer à une dynamique de régionalisation
des retombées de la recherche. Les domaines sont nombreux,
de l'agriculture au développement socioculturel, de la
santé à la foresterie, des matériaux à
l'aménagement du territoire, où nous pourrions projeter
l'action de l'Université Laval par le biais de réseaux
impliquant des partenaires dans les régions ressources
et contribuer à leur développement intégral
pour le plus grand bien de tous.
Les communautés francophones hors Québec
vivent des problèmes particuliers. Comme le rappelait récemment
Mme Antonine Maillet lors d'une rencontre des bénévoles
de la prochaine campagne de souscription, l'Université
Laval a toujours joué un rôle particulier dans la
francophonie canadienne. Ce rôle s'est un peu atténué
au cours des 20 dernières années, mais le besoin
de collaboration, lui, s'est amplifié. Il serait souhaitable
que l'Université Laval renforce sa présence dans
ce milieu où des universités sont bien établies
mais ne disposent pas toujours de toutes les expertises souhaitables.
Dans le développement de nos réseaux et regroupements
de recherche, nous devrions nous préoccuper d'inclure,
dans toute la mesure du possible, des collègues des universités
et collèges universitaires francophones hors Québec.
Enfin, au niveau international, les problématiques
de sous-développement sont de plus en plus criantes et
appellent des efforts de recherche adaptés avec l'appui
d'instances comme l'ACDI, le CRDI et, surtout, les banques régionales
de développement. L'Université Laval dispose d'expertises
particulièrement bien adaptées à ces besoins,
en agriculture, en foresterie, en aménagement du territoire
et en géomatique, en santé. Nous avons développé
plusieurs actions en ce sens, principalement avec l'appui de l'ACDI,
mais notre participation aux grands programmes financés
par les banques régionales de développement est
presque inexistante. Je propose donc que l'Université Laval
se dote de moyens accrus pour mettre sur pied une stratégie
et la structure d'appui nécessaire afin de permettre aux
chercheurs de l'Université Laval de contribuer plus activement,
avec le financement des banques régionales de développement,
à la résolution des grands problèmes de santé
et de développement auxquels sont confrontés les
pays en émergence.
7- Mise à jour de notre politique de propriété
intellectuelle
La protection et la mise en valeur de la propriété
intellectuelle issue de la recherche universitaire fait l'objet
de débats importants dans tous les milieux universitaires
depuis quelques années; l'Université Laval ne fait
pas exception. Nos politiques en vigueur datent de plus de 20
ans et elles doivent être mises à jour et adaptées
au nouveau contexte dans lequel nous opérons. Ce contexte
est fait de politiques gouvernementales qui attendent des universités
qu'elles contribuent plus activement au développement du
capital de connaissance et de l'économie du savoir qui
en découle, de projets de transferts technologiques au
bénéfice d'entreprises, de projets de création
d'entreprises pour exploiter les fruits de la recherche universitaire,
de partenariats nouveaux et pas toujours confortables avec des
milieux financiers intéressés à optimiser
leurs profits. La tâche est complexe qui consiste à
trouver les justes équilibres entre la reconnaissance de
la contribution déterminante des chercheurs - professeurs,
étudiants, professionnels et techniciens -, la prise en
compte des contributions de l'Université, la nécessaire
protection du bien public, le nécessaire contrôle
des intérêts privés, la reconnaissance des
partenariats par exemple entre l'Université et les Centres
hospitaliers affiliés et, finalement, la réponse
aux attentes de la société et des gouvernements.
Suite à l'entente conclue avec le SPUL, un comité
impliquant des représentants des professeurs, des étudiants
et de la direction de l'Université est en train de se mettre
en place pour faire aboutir ce dossier difficile mais essentiel.
Notre objectif devrait être que les contributions de chacun
soient reconnues et que les droits qui en découlent soient
équitablement protégés tout en permettant
à l'Université Laval de bien assumer son rôle
au service du développement de notre société,
dans le respect des politiques gouvernementales.
8- Conclusion
La recherche doit être au coeur des préoccupations
d'une université comme la nôtre à la fois
comme moyen de formation d'étudiants aux études
supérieures et comme moyen d'acquisition de connaissances
nouvelles au bénéfice de la société.
Les actions que nous avons menées au cours des cinq dernières
années ont visé à protéger notre capacité
de développement de la recherche et notre place dans le
groupe de tête des grandes universités canadiennes
de recherche. Les résultats sont là pour prouver
que nous avons fait les bons choix et pris les bons moyens, dans
un contexte particulièrement difficile.
Les années qui s'annoncent sont des plus prometteuses du
point de vue du financement public de la recherche universitaire
et l'Université Laval est particulièrement bien
placée pour profiter de ce nouveau contexte. Les pistes
d'action que je propose à la communauté sont, j'en
suis convaincu, de nature à appuyer un développement
dynamique de la recherche et à renforcer la place de notre
université dans les réseaux québécois,
canadiens et internationaux de recherche pour renforcer le
caractère de l'Université Laval comme université
complète au service de son milieu, distincte sur la scène
québécoise et ouverte sur le monde.
François Tavenas a fait ses études d'ingénieur
civil à l'Institut national des sciences appliquées
de Lyon (1959-1963) et à la Technische Hochschule Aachen
en Allemagne (1961-1962). Il a obtenu un doctorat de spécialité
de mécanique des sols de l'Université de Grenoble
(1965).
Après quelques années dans le génie conseil,
il devient, en 1968, professeur et chercheur au Département
de génie civil de l'Université Laval puis, de 1985
à 1989, doyen de la Faculté des sciences et de génie.
En 1989, il est nommé vice-principal et professeur de génie civil à l'Université McGill.
En 1997, il est élu recteur de l'Université Laval à Québec.
Il a été directeur scientifique associé de la Revue canadienne de géotechnique (1970-1982), président de la Société canadienne de géotechnique (1990-1992) et membre du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (1989-1995). En 1997-1998, il a assumé la présidence de l'Association canadienne-française pour l'avancement des sciences et devient membre du GATIQ (Groupe d'action pour l'avenir technologique et industriel de la région de Québec). Il a été président du Réseau interordinateurs scientifique québécois (RISQ) (1998-2001) et président de la Conférence des recteurs et principaux des universités du Québec (CREPUQ) (1999-2001). Il est, depuis 1998, président du Conseil d'administration du Parc technologique du Québec métropolitain, président du Comité Québec Capitale et président du Comité permanent de la recherche de l'AUCC. Depuis 2001, il est vice-président pour la région Canada de l'Organisation universitaire interaméricaine, président du Comité aviseur, région Amérique du Nord, au sein de l'Agence universitaire de la Francophonie et membre du Comité aviseur du "Observatory on Borderless Education" de l'Association des universités du Commonwealth.
Ses travaux de recherche en géotechnique portent principalement sur la mécanique des argiles sensibles, les fondations sur pieux, les remblais sur sol compressible et la stabilité des pentes. En plus d'un livre, il a publié une centaine d'articles scientifiques. Il a remporté plusieurs prix, dont la Médaille d'or Keefer de l'Institut canadien des ingénieurs, le Telford Premium de l'Institution of Civil Engineers de Londres (deux fois) et le Prix R.F. Legget 1995 de la Société canadienne de géotechnique. En 1999, il est fait Chevalier de la Légion d'honneur de France. En 2001, il reçoit la Médaille Julian C. Smith de l'Institut canadien des ingénieurs "en reconnaissance de sa contribution au développement du Canada".
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