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28 février 2002 ![]() |
PAR CHRISTIAN ROBITAILLE
La course au rectorat est un moment crucial pour l'établissement,
mais aussi pour des dizaines de milliers de personnes. Au cours
des prochaines semaines, puis des prochaines années, j'établirai
une communication saine et efficace qui nous permettra de remettre
l'étudiante et l'étudiant au centre de la mission
universitaire. Nous miserons sur la recherche et la circulation
d'information afin que tous les membres de la communauté
aient une opinion sur la façon dont doit se jouer le rôle
de recteur, ainsi que sur les priorités d'action qu'il
devra mettre en oeuvre au cours de son prochain mandat.
Le rôle du recteur
Au cours de la période de mise en candidature, j'ai
eu l'occasion de rencontrer des centaines d'étudiantes
et étudiants. Cette première période d'échange
m'a permis de constater que très peu d'entre eux connaissent
l'existence même d'un recteur ainsi que ses fonctions premières.
Encore moins connaissaient-ils le nom de l'actuel recteur. Cela
nous porte à nous questionner sur le rôle du chef
de l'université à l'intérieur de son établissement.
J'entends bien changer la perception qu'ont les membres de la
communauté universitaire ainsi que les autres composantes
de la société face au recteur de l'Université
Laval. Pour ce faire, il faudra descendre un peu de l'archaïque
piédestal et rendre davantage concret l'apport de l'université
à la société québécoise. Le
mythe de La tour d'ivoire doit être définitivement
déconstruit tout en maintenant la notion de prestige qui
entoure le poste de premier représentant de l'Université.
Redonner un visage humain et ouvert au poste de recteur ainsi
que le rendre acteur de premier plan au sein de sa communauté
et dans la société sera ma priorité.
Les personnes qui ont le privilège de travailler à
un poste aussi important que celui de recteur, tout comme pour
les élus politiques, doivent d'abord et avant tout être
des animateurs sociaux, des rassembleurs, des mobilisateurs. Le
seul vrai pouvoir qu'ont les élus, c'est celui de servir
les gens. Un recteur ne devrait jamais chercher à imposer
une Vérité ou un modèle, mais constamment
être à la recherche d'antithèses qui lui permettent
de nourrir ses positions. À l'intérieur, comme à
l'extérieur de l'université, il doit pouvoir lancer
des idées qui trouveront des cages de résonance
faisant avancer sa réflexion et présentant l'université,
non pas comme porte-parole de la science infuse, mais comme pierre
d'assise de l'avancement et du développement de la pensée
et de la science. En tant que recteur de l'Université Laval,
je me positionnerai et serai l'animateur pour toutes sortes d'enjeux
qui préoccupent notre société et je contribuerai
ainsi à l'élaboration des grands débats,
tant à l'extérieur qu'à l'intérieur
du campus. Un recteur qui se fait le porte-parole de quelque chose
qu'on lui impose, sans tenir compte des opinions de la communauté
universitaire, ne peut prétendre la représenter.
Il doit donc être constamment à l'écoute des
facteurs de changement et, surtout, des réactions de sa
communauté face à ces changements, pour ensuite
devenir leur porte-parole. Afin de connaître ces opinions
et réflexions, j'entrevois mes relations internes de la
façon suivante :
Avec les étudiantes et étudiants, j'établirai
un contact permanent, notamment en recréant, d'une part,
le poste de vice-recteur aux affaires étudiantes récemment
fusionné à celui de vice-recteur aux affaires académiques
qui a pourtant déjà amplement à faire. Je
remettrai ainsi la vie étudiante au coeur des priorités
universitaires et permettrai une réponse dynamique et rapide
aux besoins non académiques des étudiants. D'autre
part, avec l'aide des directeurs de programmes, je dynamiserai
la vie académique en m'assurant de mieux connaître
les besoins et demandes des étudiants en ce qui a trait
à l'offre de cours et l'orientation au sein même
du programme;
Avec les cadres et le personnel administratif, j'insisterai sur
l'essence de notre mission qui est de fournir les outils nécessaires
à l'enseignement et à la recherche tout en préservant
l'autonomie de l'Université. J'en appellerai à l'imagination
de chacun pour que nous puissions faire face aux contraintes de
gestion qui nous sont imposées sans affecter le travail
des enseignants, des chercheurs, des professionnels et des étudiants;
Aux professionnels et auxiliaires d'enseignement, je fournirai
des équipements et des conditions de travail adéquats,
qui leur permettront d'offrir leur professionnalisme à
l'avancement de l'université et de s'impliquer davantage
dans la formation des étudiants;
Pour les chargés de cours, nous créerons les tribunes
et les espaces qui leur permettront de contribuer au développement
des programmes et de fournir leur expertise, non seulement dans
les salles de classe, mais aussi dans les instances décisionnelles.
Les chargés de cours sont, depuis longtemps, des membres
à part entière de la communauté universitaire
et les arguments corporatistes ne peuvent empêcher ces personnes
de nourrir la vie universitaire et académique de leurs
connaissances et de leurs idées. En retour, ces mêmes
chargés de cours devraient s'impliquer davantage dans la
vie sociale du campus et soutenir avec plus d'assiduité
les étudiants qui assistent à leurs cours. Nous
leur fournirons, à cet effet, les installations et les
équipements nécessaires pour l'encadrement des étudiants.
En ce qui a trait aux professeurs, je serai plus exigeant en leur
demandant de redéfinir avec moi les standards quant à
leur implication dans la vie universitaire et dans le développement
de l'établissement. Je leur demanderai d'en faire davantage
pour l'encadrement des étudiants en prenant comme modèle
plusieurs de leurs collègues qui se dépassent d'année
en année, s'adaptant aux nouvelles réalités,
répondant aux exigences de l'université de masse
sans geindre ou se désintéresser de leur mission.
Par ailleurs, nous élaborerons ensemble une forme d'évaluation
de l'enseignement qui nous permettra d'identifier les problèmes
que certains peuvent avoir dans leur salle de cours afin de trouver
avec eux les solutions qui s'imposent. Ainsi, de concert avec
le syndicat des professeurs, nous pourrons fournir un soutien
adéquat pour les enseignants qui accumuleraient des évaluations
négatives de la part des étudiants. Ceux-ci sont
certes les mieux placés pour juger de la pertinence d'un
enseignement par rapport à un autre ou encore par rapport
à leurs besoins.
Tous ces acteurs de la communauté universitaire seront
invités à communiquer avec le rectorat ou les vice-rectorats
afin de faire connaître leurs opinions sur la situation
de l'Université ou tout autre sujet. Un lien constant,
et non seulement en situation de crise, me permettra de bien connaître
mes pairs et leurs opinions. Ainsi, je serai un porte-parole qui
interviendra sur de multiples tribunes, tout en préservant
les essentielles notions de concertation et de réflexion.
Fort de l'appui de ma communauté universitaire, je mettrai
tout en oeuvre pour défendre ses idéaux et les mettre
de l'avant au coeur de la société.
Mes actions externes s'articuleront, entre autres, autour des
secteurs suivants :
- Face aux gouvernements, je me ferai critique et sévère,
comme le rôle de recteur l'exige, tout en m'assurant de
leur collaboration. Je m'assurerai d'obtenir la juste part de
financement qui revient à l'Université Laval, à
ses étudiantes et étudiants, à ses chercheurs
ainsi qu'à toutes ses composantes;
- Avec les organismes régionaux, qu'ils soient politiques,
culturels, sociaux, communautaires ou économiques et tant
de l'économie traditionnelle que de l'économie sociale,
je privilégierai des partenariats qui seront respectueux
de l'autonomie universitaire et qui valoriseront le rôle
de l'université dans la région afin de mieux contribuer
à son développement;
- Sur la scène internationale, je positionnerai l'Université
Laval comme un endroit privilégié où l'autonomie
universitaire et la propriété intellectuelle sont
protégées, tant pour les chercheurs que pour les
étudiants qui contribuent à ces travaux. De plus,
je présenterai l'Université comme respectueuse de
ses étudiants à tous les cycles, et dans tous les
secteurs d'études. J'insisterai aussi pour que les chercheurs
qui choisissent Laval contribuent au développement des
étudiants, en leur demandant d'offrir des cours de premier
cycle ainsi que des séminaires pour les étudiants
de deuxième et troisième cycles;
- Autour de la table de la Conférence des recteurs et des
principaux des universités du Québec (CRÉPUQ),
je m'appuierai sur le support que me donneront les composantes
de l'Université Laval pour mener les autres recteurs et
principaux sur le chemin de la bataille, si cela s'impose, tout
en assurant des partenariats et des échanges de services
dynamiques;
- Dans le réseau de l'éducation, l'Université
proposera des partenariats et des échanges qui seront profitables
pour les étudiants et qui valoriseront les études
supérieures.
Partout où l'on demandera ma présence, j'agirai
comme un animateur de débats, comme un bâtisseur
et un leader. Je chercherai à tisser des liens solides
et concrets avec des personnes de tous les milieux afin de démontrer,
à chaque occasion qui se présentera, que l'Université
Laval est beaucoup plus qu'une usine à fabriquer des travailleurs,
mais qu'elle est une actrice essentielle au développement
du Québec et de ses citoyens. Je miserai sur une université
qui remplit ses deux rôles fondamentaux de critique et d'innovation
auxquels j'en ajouterai un troisième qui consiste à
développer les initiatives étudiantes. Cette mission
démarquera l'Université Laval des autres universités
et aura certainement un effet bénéfique sur le recrutement
étudiant. Je traiterai plus spécifiquement des mesures
qui encadreront cette mission dans la section vie universitaire.
L'Université de la capitale nationale
La nouvelle grande ville de Québec offre des ouvertures
et des possibilités sans limite. L'Université Laval
en est, évidemment, la principale institution d'enseignement.
Elle est aussi au coeur de presque la totalité de la recherche
qui s'y fait. Près de dix pour cent des citoyens de la
ville y étudient ou y travaillent, ce qui en fait l'endroit
le plus fréquenté de Québec. Par conséquent,
l'importance de son rôle régional se passe de grandes
élaborations théoriques. L'Université Laval
doit demeurer le chef de file régional en matière
d'éducation et elle doit toujours chercher à en
faire davantage. En multipliant les liens avec les organismes
régionaux de tous les secteurs et en valorisant l'impact
du travail qui s'accomplit dans l'enceinte de l'Université,
nous démontrerons son importance aux yeux de tous les citoyens
de la ville et la région bénéficiera à
son tour de l'épanouissement de la communauté universitaire.
Cependant, le rôle de l'institution ne doit pas s'arrêter
là. Sa situation géographique stratégique
dans la capitale québécoise doit lui permettre d'aller
plus loin et d'être l'instigatrice de grands événements.
Au coeur de l'enjeu criant du renouvellement de la fonction publique
qui devra remplacer 20 000 employés d'ici dix ans, l'Université
Laval sera le point de passage de milliers de futurs travailleurs
de l'État. De concert avec l'École nationale d'administration
publique (ÉNAP) et les autres établissements de
formation, je porterai une attention particulière à
cette situation afin de préparer adéquatement les
futurs fonctionnaires. Je multiplierai les stages de formation
au sein même de l'université afin que nous puissions
bénéficier de l'expertise des nouveaux administrateurs
publics tout en leur offrant un lieu de travail propice à
l'avancement de leur formation. Leur dynamisme donnera l'occasion
à notre personnel d'échanger sur de nouvelles façons
de faire et d'y joindre son expérience afin de dégager
des solutions originales et applicables aux défis qui nous
attendent.
Comme recteur de l'Université de la capitale nationale,
je prendrai des initiatives pour occuper le terrain culturel,
social et politique. La capitale du Québec peut devenir
le point de départ de beaucoup de projets d'envergure et
Laval doit y prendre une place prépondérante. Tant
les espaces physiques que les ressources humaines de l'Université
seront mis à la disposition des groupes et des personnes
qui agissent pour faire de la région un endroit vivant
et invitant. Nos locaux et nos terrains peuvent recevoir davantage
d'événements et je serai particulièrement
sensible aux projets qui mettent la jeunesse à l'avant-plan
et qui lui permettent de vivre des expériences enrichissantes.
L'Université Laval donnera un support accru aux initiatives
régionales qui mettent en valeur la ville de Québec
et ses attraits.
De plus, la proximité des décideurs politiques doit
pouvoir être un avantage pour l'Université Laval.
Nous établirons donc des liens constants avec chacun des
députés régionaux tout en maintenant des
liens privilégiés avec les responsables du gouvernement,
plus particulièrement du ministère de l'Éducation
et du ministère de la Recherche, de la Science et de la
Technologie. Ces personnes doivent considérer Laval comme
incontournable dans toute prise de décision qui touche
le monde de l'éducation.
Laval, internationale
L'Université Laval a depuis longtemps une réputation
internationale et elle doit faire tout en son possible pour préserver
cette réputation et même l'améliorer. Non
seulement doit-elle chercher à emmener l'expertise mondiale
à Québec, mais elle doit aussi pouvoir compter sur
la richesse des étudiants internationaux au coeur de sa
communauté.
Pour améliorer la position de Laval face à l'affluence
des étudiants internationaux, j'offrirai, avec l'aide de
la Faculté des lettres, des cours de français gratuits
pour les étudiants non francophones qui auront choisi notre
université. J'assurerai ainsi une mise à niveau
nécessaire des futurs diplômés, tout en aidant
à leur intégration à la société
québécoise. Avec l'aide du vice-recteur aux affaires
étudiantes, je veillerai à améliorer l'accueil
et l'encadrement des étudiants du monde, notamment en améliorant
l'accessibilité au logement et le suivi académique
offert par les directions de programme.
La qualité de la formation
Un véritable enseignement de qualité doit permettre
l'épanouissement de chaque membre de la communauté
universitaire en répondant au projet de formation de chacun.
À l'intérieur d'une institution de la taille de
l'Université Laval, offrir une formation personnalisée
à 36 000 étudiants nécessitera la mise en
place de méthodes originales et propres à chaque
champ disciplinaire. Il faudra donc renforcer les relations entre
les enseignants et les étudiants en plus d'offrir les ressources
nécessaires aux étudiants qui préfèrent
l'apprentissage individuel.
Pour mieux répondre au projet de formation de chaque étudiant,
il est nécessaire d'attribuer des ressources au niveau
du programme pour faciliter l'encadrement des études. Je
dégagerai les directeurs de programme de plusieurs de leurs
tâches afin qu'ils s'occupent directement des liens entre
l'Université, le programme et l'étudiant. Ils pourront
dynamiser la vie universitaire en clarifiant l'intégration
des cours dans le programme, en présentant l'évolution
du savoir dans le domaine et en animant le programme de différentes
activités adressées à l'ensemble des membres
du programme. En misant sur la présence accrue du directeur
de programme afin d'améliorer le lien entre tous les membres
de la communauté universitaire, nous pourrons nous approcher
de l'objectif d'avoir une université plus humaine.
Attendu le nombre variable d'étudiants au sein des divers
programmes, la présence d'un directeur ne sera pas toujours
suffisante pour assurer le suivi du projet de formation de chaque
étudiant. J'attribuerai donc à chaque directeur
de programme une équipe composée de conseillers
en orientation afin de renforcer le suivi individuel de chaque
étudiant. En plus d'agir à titre d'intermédiaire
entre les différents organes de l'institution et l'étudiant,
il sera capable de le conseiller dans son choix de cours et sur
son cheminement scolaire. Cette mesure garantira une meilleure
adaptation des études aux réalités de l'étudiant
en plus de contrer l'abandon.
La relation entre le professeur et ses étudiants doit être
améliorée pour intéresser les étudiants,
non seulement à la matière enseignée à
l'intérieur du cours, mais aussi aux activités entreprises
par le professeur. Ainsi, je procéderai à l'embauche
de nouveaux professeurs afin d'augmenter le ratio professeur-étudiant,
leur laissant ainsi un nombre moins élevé d'étudiants
à encadrer, tant en classe que dans les laboratoires. De
plus, je consacrerai des ressources budgétaires à
l'embauche d'assistants de cours et de laboratoires recrutés
parmi les étudiants des cycles supérieurs. En plus
de fournir des emplois sur le campus à plusieurs étudiants
et de leur donner des expériences de travail intéressantes,
cette mesure permettra de décharger les professeurs de
tâches plus pécuniaires afin que leurs énergies
soient davantage consacrées à l'enseignement, à
l'encadrement et à la recherche. De plus, afin de favoriser
l'implication des professeurs quant à l'encadrement des
étudiants aux cycles supérieurs, je ferai de la
qualité de cet encadrement un critère de promotion.
La qualité de la formation passe avant tout par une bonne
communication entre l'enseignant et les étudiants dans
la classe. Afin de s'assurer que l'enseignement à l'intérieur
de chaque cours rejoigne l'ensemble des étudiants à
l'intérieur de la classe, je consoliderai l'application
de la politique d'évaluation des activités d'enseignement
en faisant, notamment, évaluer systématiquement
toutes les activités de formation à l'Université
Laval par les étudiants. Ceci en va de même pour
l'évaluation des directeurs de maîtrises et de thèses.
L'objectif de ces évaluations étant le renforcement
du lien étudiant-enseignant, je souhaite inspirer le désir
de chacun à se prêter à l'exercice avec intérêt.
L'université veillera par ailleurs à fournir le
soutien nécessaire aux professeurs et chargés de
cours qui voudraient se prémunir de formation didactique
leur permettant d'améliorer leur enseignement.
En plus de m'engager à mettre en place des mesures qui
favoriseront le contact entre l'enseignant et l'étudiant,
des ressources seront attribuées afin d'assurer le soutien
matériel à la formation de l'étudiant. Plusieurs
enseignants et étudiants utilisent des ressources comme
la bibliothèque et les laboratoires pour accomplir leur
projet de formation ou encore simplement pour enrichir leurs connaissances.
Je procéderai donc à la création d'un ambitieux
programme de relance de la bibliothèque comprenant, notamment,
l'augmentation du budget d'acquisition de 6 millions de dollars
dès la première année de mon mandat, en plus
de l'indexer au cours des années subséquentes. Aussi,
afin de combler le manque de personnel attitré à
la gestion des volumes et périodiques, je procéderai
à l'embauche d'étudiants. La bibliothèque
de l'Université Laval ne peut se permettre de créer
des failles irrécupérables dans sa collection. Les
étudiants actuels et ceux à venir, comme la communauté
scientifique de tout l'est du Québec, doivent pouvoir compter
sur des références inépuisables.
Les étudiants aux cycles supérieurs sont confrontés
à l'allongement de la durée de leurs études.
Malgré la mise en oeuvre de plusieurs mesures qui permettront
l'embauche d'étudiants sur le campus, il n'en demeure pas
moins qu'un support financier est essentiel afin de prévenir
l'abandon de ces étudiants. J'assurerai donc l'application
des Plans facultaires actuellement mis en place dans l'Université.
Ces plans sont destinés à offrir des bourses aux
étudiants inscrits aux cycles supérieurs. En garantissant
la persévérance de ces étudiants, nous pourrons
assurer la relève du corps professoral universitaire pour
la prochaine génération en plus de bénéficier
d'une expertise accrue au sein de l'université.
La recherche et la propriété intellectuelle
La recherche est un point fort de l'Université Laval.
Les nombreuses subventions obtenues récemment en témoignent
et il est clair que toute la société pourra tirer
profit du travail accompli par les chaires fondées au cours
des deux dernières années. En étroite collaboration
avec le vice-rectorat à la recherche et la Commission de
la recherche, nous poursuivrons le travail amorcé quant
à l'explosion des études supérieures à
Laval. Pour ce faire, nous irons encore une fois de solutions
avant-gardistes qui positionneront notre université à
l'avant-plan dans le monde de la recherche universitaire.
Tout d'abord, je m'assurerai d'un financement public accru qui
permettra une diversité de la recherche ainsi qu'une autonomie
essentielle à la mission universitaire. Les retombées
de la recherche dans la société ont besoin d'être
bien expliquées et valorisées par les divers intervenants,
notamment par le recteur lui-même. En démontrant
la pertinence de la recherche dans tous les secteurs, nous saurons
convaincre les citoyens du Québec de l'importance des investissements
gouvernementaux en cette matière. Par ailleurs, je surveillerai
les investissements privés afin de m'assurer de leur éthique
ainsi que de la liberté d'action des professeurs et des
étudiants bénéficiant de ces subventions.
Et si le secteur de la recherche appliquée a amassé
le magot au cours des dernières années, il faudra
assurer un équilibre avec la recherche fondamentale qui
ne doit pas souffrir de sous-financement. Nous encouragerons donc
toutes formes de recherche sur le campus, tant la recherche au
sein de groupes, chaires et instituts reconnus, que la recherche
individuelle et indépendante à laquelle nous fournirons
un soutien adéquat.
De plus, j'élaborerai, avec un comité composé
de tous les intervenants universitaires, une politique de propriété
intellectuelle respectueuse de chacun des participants aux diverses
recherches qui seront commercialisées. Pour faciliter la
communication entre tous ces intervenants et clarifier une zone
grise émanant des nouvelles réalités de la
recherche universitaire, je créerai le statut de chercheur-étudiant.
En plus d'attirer de nombreux étudiants des deuxième
et troisième cycles, la création de ce statut, déjà
en vogue dans de nombreuses universités américaines,
posera une fois de plus l'Université Laval comme chef de
file au point de vue de la condition étudiante au Québec.
Le financement de l'Université
La situation financière précaire à laquelle
fait face l'Université Laval l'empêche de s'engager
dans des projets d'envergure nécessaires à notre
institution. L'Université fait face à un déficit
accumulé de plus de 100 millions de dollars depuis les
coupures effectuées par les paliers de gouvernement dans
l'Éducation au milieu des années 90. Prenons comme
exemple l'état actuel de plusieurs pavillons sur le campus
où la peinture tombe des murs et des tuyaux coulent à
l'intérieur des classes. Cette situation reflète
adéquatement le marasme financier actuel de l'Université
Laval. Offrir un enseignement basé sur le projet de formation
de chaque étudiant et miser sur des ressources propres
à chaque programme nécessitera une approche différente
de la gestion actuelle des budgets à l'Université.
Le premier objectif est de rendre l'attachement privilégié
pour chaque étudiant à son programme d'études.
Ce sont évidemment les personnes en place présentement
qui auront la meilleure connaissance des besoins réels
de ces unités. Je mettrai sur pied une décentralisation
des ressources budgétaires afin que les choix s'effectuent
à l'intérieur des différents programmes en
fonction de leurs besoins réels. Chaque programme aura
la possibilité d'être autonome des autres. Dans les
cas où la mise en commun de cours ou de ressources est
possible, des mesures seront élaborées avec les
facultés pour faciliter la collaboration entre les programmes
qui peuvent bénéficier d'échanges mutuels.
En plus de décentraliser les choix budgétaires à
l'intérieur des programmes, il sera nécessaire d'établir
des règlements assurant que les choix budgétaires
sont effectués en fonction des besoins de l'ensemble des
membres du programme. Je procéderai à la mise sur
pied d'une réglementation qui obligera les directeurs de
programmes à faire approuver leur budget par un comité
de programme élargi et composé de tous les groupes
de la communauté universitaire. Nous assurerons ainsi que
les choix d'allocation des ressources seront faits en fonction
d'un consensus parmi les membres du programme.
Cette réglementation devra aussi s'appliquer aux facultés.
En ayant recours à la décentralisation des ressources
budgétaires à l'intérieur de l'Université,
l'ensemble de la faculté devra être en mesure de
participer à l'exercice budgétaire. J'inviterai
les doyens à faire approuver leur budget auprès
de leur conseil de faculté. Cette mesure permettra d'allouer
les ressources budgétaires avec l'accord d'un ensemble
de gens représentatifs de l'ensemble des membres de la
faculté.
Je privilégierai l'application d'une méthode de
gestion transparente, appelant la contribution de l'ensemble des
membres de la communauté universitaire à l'exercice
budgétaire. L'application d'une telle méthode évitera
plusieurs frustrations et colères de la part de membres
de la communauté universitaire. L'exemple des bourses du
millénaire en est un prégnant. La somme de 40 millions
allouée à l'Université Laval sur dix ans
était le fruit d'un gain important des associations étudiantes.
L'utilisation de ces sommes à un jeu de vases communicants
a permis de détourner l'argent qui devait notamment servir
à augmenter les budgets d'acquisition des bibliothèques,
afin qu'il réduise le déficit de l'Université.
Je suis confiant d'en venir à une entente avec les associations
étudiantes en leur offrant d'investir la totalité
des sommes provenant de la Fondation des bourses du millénaire,
et même davantage, dans le plan de relance de la bibliothèque.
Ma première mission comme recteur sera d'assurer un financement
public accru de l'Université Laval afin de préserver
l'autonomie de l'Université et la diversité de la
recherche qui y est effectuée. Cette autonomie permettra
de développer notre institution en fonction des forces
et des aspirations des membres de la communauté universitaire.
Afin de garantir le réinvestissement du gouvernement du
Québec, j'entends mobiliser l'ensemble de la communauté
universitaire à conscientiser la population à la
nécessité du développement des universités.
Nous intensifierons la pression auprès des gouvernements
afin qu'ils augmentent leurs contribution au financement de base
de l'éducation et de la recherche.
J'encouragerai la contribution des entreprises au développement
de l'Université Laval dans la mesure où ce financement
n'affectera pas l'autonomie de notre institution. Je procéderai
à l'élaboration d'un règlement sur l'éthique
du financement privé. Ce règlement aura comme objectif
d'encourager le développement de la recherche dans des
secteurs en expansion, sans nuire aux conditions des chercheurs.
De plus, un pourcentage des investissements allant à la
recherche orientée sera versé à un fonds
attitré au développement de recherches libres qui
sont moins susceptibles d'attirer des investissements.
La vie universitaire
La formation universitaire se déroule en très
grande partie dans les locaux de classes, dans les laboratoires
et autres lieux d'enseignement. Cependant, il est évident
que le reste du temps passé dans l'université par
les étudiants n'est pas du temps perdu. Les expériences
de vie qu'ils accumulent leur permettent souvent d'acquérir
des compétences et des aptitudes qui s'enseignent mal dans
une salle de cours. En s'impliquant ou encore en tissant sa vie
sociale, l'étudiant devient un citoyen actif et engagé.
C'est pourquoi la vie universitaire est si précieuse et
l'Université Laval devrait chercher à offrir une
qualité de vie exceptionnelle aux étudiants comme
aux autres personnes qui la fréquentent.
Cette qualité de vie ne se chiffre pas et se qualifie très
mal, mais elle est un facteur indéniable dans la persévérance
scolaire et dans la réussite des projets de chacun. Salubrité
des lieux physiques, confort des lieux de travail, espaces de
création, services adaptés à la communauté,
opportunités et activités de toutes sortes, soutien
organisationnel, etc.: voilà une liste de facteurs qui
influencent grandement les conditions d'études, mais qui
n'ont rien à voir avec un curriculum d'études. La
qualité de la vie universitaire sera pour moi une priorité
et, encore une fois, nous mettrons l'étudiant au centre
de tous nos projets. En recréant le poste de vice-recteur
aux affaires étudiantes, nous pourrons agir en concertation
avec les personnes et organismes qui composent la communauté
étudiante afin de lui offrir une qualité de vie
exceptionnelle.
Afin de stimuler la vie de campus et de reconnaître l'apport
essentiel du travail des étudiants, je proposerai une politique
de reconnaissance de l'implication étudiante qui sera avant-gardiste
et qui plaira autant aux étudiants eux-mêmes qu'à
leurs éventuels employeurs. L'enrichissement personnel
et le dépassement de soi seront partie intégrante
de tout diplôme émis par l'Université Laval.
Avec les directeurs de programme, j'élaborerai une politique
qui nous permettra de bien évaluer l'implication étudiante
afin de pouvoir la noter convenablement et ainsi permettre aux
étudiants, non seulement d'obtenir des crédits,
mais aussi de comptabiliser la note dans leur moyenne générale.
Cette forme de reconnaissance sera la plus audacieuse au Québec
et deviendra une valeur ajoutée pour l'Université
Laval.
De plus, le vice-rectorat aux affaires étudiantes mettra
tout en oeuvre pour stimuler l'implication et les initiatives
étudiantes. Avec les associations étudiantes en
place, nous élaborerons des façons de faire novatrices
et dynamiques qui nous permettront d'offrir un maximum de possibilités
pour les étudiants de Laval.
Rénovation des bâtiments et agrandissement
des résidences
Plusieurs bâtiments de l'université sont en déconfiture.
Depuis déjà plusieurs années, les organisations
étudiantes exigent de l'Université qu'elle prenne
des actions concrètes pour redonner aux pavillons, notamment
au De Koninck, au Bonenfant et au Vandry, une certaine notoriété.
Il en va même parfois de la sécurité des membres
de la communauté universitaire. Dans certains cas, les
espaces sont simplement inadaptés aux nouvelles réalités
de l'Université Laval et à la fréquentation
massive des pavillons. Les budgets d'immobilisation de l'Université
seront affectés prioritairement à la réfection
des pavillons existants ainsi qu'à leur rénovation.
Il est primordial de fournir des espaces qui favorisent la qualité
de vie des personnes qui les fréquentent. Une université
ne peut penser à se développer si elle ne sait entretenir
les installations qu'elle possède déjà.
Par ailleurs, les résidences étudiantes sont loin
de pouvoir faire la fierté de l'Université Laval.
Il est temps que l'on offre aux étudiants de l'extérieur
de la région, des appartements agréables et abordables
sur le site même du campus. C'est pourquoi je lancerai des
projets de nouvelles résidences et de rénovations
de celles déjà existantes, dès mon arrivée
au poste de recteur. Avec la Faculté d'architecture, d'aménagement
et d'arts visuels, nous proposerons un concours-étudiant
pour l'élaboration des plans des nouveaux édifices.
Amortie sur plusieurs années, nous pourrons considérer
cette construction comme un investissement qui rapportera notoriété
à l'Université, tout en fournissant un projet intéressant
pour nos étudiants en architecture.
Représentation étudiante
Afin de bien connaître les besoins des étudiants,
je m'assurerai que chaque unité administrative et chaque
composante de l'Université insiste pour avoir des étudiants
autour de leurs tables de réunion. Entre autres, je m'assurerai
que la parité dans les comités de programmes soit
respectée dans les faits. J'interviendrai personnellement
auprès des directeurs de programmes afin de m'assurer que
le concept et l'intérêt de cette parité soient
bien compris par chacun. Il y aura donc nécessairement
le même nombre d'étudiants que d'enseignants autour
de la table du comité de programme.
Il en va de même pour le processus décisionnel des
Centres et Instituts de recherche affiliés à l'Université.
J'exigerai que ces composantes vitales impliquent des étudiants
dans leurs diverses instances et reconnaissent cette implication.
Par ailleurs, je recommanderai qu'un étudiant de chacune
des facultés siège au Conseil universitaire. Cette
instance est extrêmement importante et elle ne peut se passer
de l'avis des étudiants. En faisant passer leur nombre
de 8 à 16, je m'assurerai que le Conseil connaisse et tienne
compte de l'avis des étudiants avant de prendre des décisions
qui ont un impact crucial sur les conditions d'études et
la formation.
Les monopoles offerts aux compagnies externes
Dans la foulée des grandes coupures budgétaires
de la fin des années 90, plusieurs services ont disparu.
Ainsi, les services d'alimentation font maintenant rarement partie
des services offerts et administrés par les universités
elles-mêmes. On a donc fait appel à des compagnies
externes pour assurer les services de cafétérias.
Malheureusement, ces compagnies exigent des monopoles d'exclusivité
afin de s'assurer un certain profit. Les étudiants se voient
donc offrir un service qu'ils ne peuvent pas vraiment changer.
Qui plus est, les groupes d'étudiants qui voudraient offrir
un service de cafétérias dans les pavillons où
le monopole est installé ne peuvent le faire, contrat d'exclusivité
oblige.
Cette situation est inacceptable et le contrat d'alimentation
qui est en vigueur sera le dernier de ce type. Au cours des prochaines
années, je demanderai au vice-recteur à l'administration
et aux finances et à Entrepreneuriat Laval d'élaborer
un plan avec les groupes étudiants en place afin qu'il
gère le service d'alimentation. En mettant les cafés-étudiants
existants en réseau -tout en permettant l'ouverture de
nouveaux cafés- et en créant la structure pour offrir
un service adéquat, nous nous assurerons de la qualité
du service, nous créerons de l'emploi étudiant sur
le campus, et nous dégagerons des profits que les étudiants
pourront eux-mêmes réinvestir dans leurs activités
ou dans le soutien de nouvelles initiatives étudiantes.
L'Université soutiendra ce projet et s'assurera de la satisfaction
de la communauté universitaire
Conclusion
La vie universitaire est un point fondamental de ma vision
de l'université, car elle influence grandement l'apprentissage
des étudiants en le diversifiant et en l'enrichissant.
Je crois en la valeur de l'implication sociale et culturelle et
c'est pourquoi je ferai le nécessaire pour insuffler au
personnel le courage de changer les choses pour le mieux. Tant
que nous ne réunirons pas les conditions mentionnées
plus haut et tant que nous ne saurons créer une vie universitaire
stimulante, nous ne pourrons croire en un véritable sentiment
d'appartenance à l'établissement. Je travaillerai
sans relâche pour implanter ma vision humaniste et je souhaite
inspirer tous ceux qui travailleront avec moi pour qu'ensemble,
on se donne la passion de l'université.
Christian Robitaille est titulaire d'un DEC en lettres et communications
du cégep de Limoilou et il est présentement inscrit
à des études libres en théâtre à
l'Université Laval après avoir entrepris un bac
dans cette discipline à l'UQÀM. Il possède
plusieurs années d'expérience à titre de
responsable d'organisations étudiantes, ayant été
tour à tour président de la Fédération
étudiante universitaire du Québec (FEUQ), en 2000-2001,
vice-président aux affaires étudiantes de la FEUQ,
en 1998-1999, président-fondateur de la Ligue d'improvisation
centrale de l'UQÀM, de 1995 à 1998, et enfin, secrétaire
général de l'Association générale
des étudiantes et étudiants du collège de
Limoilou (AGEECL), en 1994. Ces diverses responsabilités
lui ont permis d'acquérir une connaissance importante des
milieux universitaires et étudiants, en plus de lui donner
une vision d'ensemble sur la situation de l'éducation au
Québec. Elles l'ont aussi rendu apte à comprendre
rapidement les enjeux universitaires et à mettre en action
les personnes qui font, et qui sont, ces enjeux.
Natif de la région de Québec, Christian Robitaille
se dit de cette génération qui n'a pas choisi de
poursuivre ses études jusqu'au niveau universitaire, mais
qui s'est vu imposer ce choix par le monde dans lequel elle vit.
Selon lui, le haut degré de scolarisation étant
maintenant un standard recherché par tous les employeurs,
peu importe le secteur et le salaire, la majorité des gens
de son âge qui en ont eu la chance se sont lancés
à la chasse au baccalauréat, à la maîtrise
ou au doctorat. "Je suis aussi de cette génération
qui ne peut plus attendre qu'on lui donne sa place, mais qui doit
la prendre avec tous les moyens qu'elle peut imaginer", ajout-t-il.
S'il pose sa candidature au poste de recteur de l'Université
Laval, c'est parce qu'il croit que l'université, comme
la plupart des institutions publiques qui meublent notre société,
a besoin d'un changement de garde. Bien qu'il ne possède
ni l'expérience de gestion universitaire, ni la myriade
de doctorats qui viennent avec les candidatures traditionnelles,
il se dit capable de relever de grands défis et de s'entourer
de gens d'expérience, toujours animés par le désir
de changer les choses. Pris, comme il le dit, au jeu du "pourquoi
pas", il avoue se lancer dans un échange qui permettra
à chacun et chacune de connaître les visions des
candidats sur la condition étudiante et sur le développement
de l'Université Laval. Il a aussi l'intention de miser
sur l'information et la mobilisation afin que les membres de la
communauté universitaire se prononcent dans le choix de
la personne qui dirigera l'institution au cours des cinq prochaines
années. De plus, convaincu que la concertation et la rapidité
d'action sont des constantes dans les responsabilités qui
lui ont été confiées jusqu'ici, il se dit
prêt à appliquer ces deux façons de travailler
en tant que recteur de l'Université Laval.
Christian Robitaille propose une candidature axée essentiellement
sur ses qualités de leader, de rassembleur et de
communicateur. Des aptitudes qui lui permettront, croit-il, de
définir, avec la communauté universitaire, des solutions
empreintes de dynamisme et d'imagination qui propulseront l'Université
Laval au-dessus des autres universités, empêtrées
selon lui dans "le marasme du conservatisme et les figures
imposées par les gouvernements, les entreprises et les
organismes supranationaux."
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