28 février 2002 |
PAR PIERRE MOREAU
C'est parce qu'il est urgent d'agir que j'ai décidé de poser ma candidature au rectorat de l'Université Laval. J'ai fait, comme tous ceux qui ont à coeur l'avenir de l'Université Laval, le constat du désenchantement de plusieurs membres de la communauté universitaire. L'administration actuelle, totalement coupée de la base, doit porter une bonne part du fardeau de la responsabilité face à nos difficultés budgétaires. Elle est tout aussi responsable de la lassitude face à des efforts de redressement, de tous ordres, qui ne semblent jamais aboutir à des résultats concrets. L'Université Laval tourne en rond, tout le monde pressent que sa situation est en train de régresser dans le réseau. Il est urgent d'y voir et de changer les choses. L'administration actuelle ne mérite pas un autre mandat.
À la suite des nombreuses rencontres des dernières semaines, j'ai plus confiance que jamais en l'avenir de notre institution et je suis plus convaincu que jamais qu'il serait irresponsable d'attendre encore cinq ans. Nous disposons sans nul doute des ressources nécessaires pour opérer un redressement. Mais il faut commencer à agir dès cette année et c'est ce que je m'engage à faire.
Ma première conviction, c'est que l'Université Laval doit devenir un leader social, une institution qui a le courage de s'adapter, qui ose enfin faire des choix. Il faut construire à partir de notre héritage. Notre destin est lié à l'effort de construction d'une société moderne de langue française en Amérique. Notre université doit appuyer les changements technologiques, scientifiques, sociaux et culturels en gardant en perspective le milieu dans lequel elle évolue. C'est sur une telle capacité, je le répète, que se fonde en bonne partie la réputation de l'Université Laval au Canada et à l'étranger.
Ma seconde conviction, c'est que mon projet dépend de l'appui de tous les membres de la communauté universitaire. Il faudra agir ensemble dans le sens du maintien et du renforcement de notre mission première, la formation des étudiantes et des étudiants.
Ma troisième conviction, c'est que l'Université Laval ne peut plus s'accommoder de l'indécision. L'heure n'est plus à la multiplication de plans d'action qui, trop souvent, restent sans effet. Il faut agir partout où on le peut, en privilégiant le mouvement plutôt que le statu quo, le dynamisme plutôt que l'apathie. Je n'ignore pas qu'action entraîne réaction, que le changement peut déranger. Mon équipe écoutera les points de vue, expliquera ses propres idées; à terme, elle fera aussi preuve de leadership et prendra position.
C'est ainsi que l'Université Laval redeviendra un lieu où l'on trouve plaisir à étudier, à travailler, à discuter, où les étudiantes et étudiants s'inscrivent par goût, parce que le milieu social, scientifique et culturel de Québec est le meilleur et le plus stimulant qui soit. Je rêve d'une université qui met de l'avant celles et ceux qui réussissent, qui besognent avec acharnement. Je rêve également d'une université dont l'avenir passe par sa capacité à recruter et à conserver une relève de grande qualité, qui appuiera et orientera en bonne partie son développement.
AVONS-NOUS LES MOYENS D'ATTENDRE ENCORE CINQ ANS AVANT D'AGIR?
" Grâce aux choix qui ont été
faits suivant les recommandations de la Commission d'orientation,
et malgré un contexte budgétaire extrêmement
contraignant depuis 1997, l'Université Laval est aujourd'hui
positionnée de manière distincte et stratégique
dans le réseau universitaire. "
(F. Tavenas, Bilan de mandat; Une université complète,
une université distincte.)
Voyons de plus près les grands moments de la performance
financière de l'administration Tavenas:
- 31 mai 1997 : Un déficit accumulé de 39,6
M$
Un déficit annuel d'opérations de 21, 6
M $, un déficit accumulé au 31 mai de 39,6 M$ au
budget de fonctionnement et des dépenses d'intérêts
sur la dette de 576 000 $ (1 578$ par jour) pour l'année
1996-1997.
- 31 mai 1998 : Un déficit accumulé de 82,8
M$
En 1997-1998, première année du mandat de
F. Tavenas. Le déficit annuel est de 43,3 M$, poussant
le déficit accumulé à 82,8 M$ et augmentant
les dépenses d'intérêts sur dette à
2,6 M$ (7 068$ par jour).
- 31 mai 2001 : Un déficit accumulé de 102,3
M$
Quatre ans plus tard, au 31 mai 2001, le déficit
accumulé est de 102,3 M$ et les dépenses d'intérêts
sur dette de 5,1 M$ pour l'année 2000-2001 (14 065 $ par
jour).
L'Université Laval s'est effectivement "positionnée
de manière distincte et stratégique dans le réseau
universitaire ", elle est devenue la plus endettée
du réseau universitaire québécois. Le graphique
ci-dessous extrait du document " État financier
de l'université du Québec et de ses établissements
2000-2001 " compare l'évolution des soldes de
fonds (surplus ou déficits accumulés) à chaque
31 mai, de 1991 à 2001, pour les principales institutions
du réseau. Le vrai bilan de l'administration Tavenas, le
voilà! Au 31 mai 2001, en moins de quatre ans, la pire
situation financière du réseau et une partie importante
de la dette totale de l'ensemble des universités.
LA PRIORITÉ AUX PERSONNES
La mission de formation de l'Université Laval place
la relation étudiant-enseignant au coeur de ses activités.
Et c'est à cette mission de formation que concourent tous
les membres du personnel de l'université.
Les professeurs ont de toute évidence une responsabilité particulière dans la formation d'étudiants et de chercheurs. Il leur revient en tout premier lieu d'adapter la formation en fonction de l'évolution des savoirs et des besoins, d'encadrer de la manière la plus efficace possible les étudiants et chercheurs.
Mais ils ne peuvent remplir à eux seuls cette mission. Les chargés de cours, responsables de formation pratique, techniciens de travaux pratiques en enseignement et en recherche, professionnels et assistants de recherche sont également en relation directe et constante avec les étudiants.
La qualité de la formation offerte à Laval repose aussi sur les conseillers de la bibliothèque, les informaticiens, les agentes de la gestion des études, les conseillers en orientation, et bien d'autres, dont la contribution peut faire toute la différence.
Aux gestionnaires, professeurs ou cadres, revient une grande partie de la responsabilité d'assurer des services sans lesquels rien de la mission de l'université moderne n'est réalisable. C'est pure économie que de leur laisser exercer leur créativité, leur compétence dans la tâche qu'on leur a confiée à partir d'un mandat clair. Ils doivent exercer leurs responsabilités avec l'appui de la direction à laquelle ils sont imputables.
D'autres membres du personnel administratif (au service de la paie, à la reprographie, au secrétariat des départements, à l'entretien des bâtiments, à la comptabilité, au support informatique) permettent à l'université de s'acquitter de multiples responsabilités . Leur présence constante permet d'assister les étudiants et le personnel , de faire fonctionner l'institution.
Bref, l'Université Laval ne peut remplir sa fonction première de formation sans la présence de tous ces membres. Personne ne joue de partition secondaire ! Pour mon équipe, la complémentarité des rôles est évidente. La principale richesse de l'Université Laval, c'est finalement la qualité des gens qui la font avancer, chacun dans son domaine.
LA GESTION DES RESSOURCES HUMAINES
La question des ressources humaines se situe au coeur de la
mission fondamentale de l'Université, la formation. Notre
priorité, dès le début de notre mandat, sera
donc de redonner aux membres de l'Université Laval le goût
de travailler ensemble à son redressement. Comme vous tous,
nous sommes frappés par le découragement, le désengagement
d'une trop grande partie du personnel de l'Université.
Nous savons aussi que rien de ce que nous envisageons comme action
au cours de notre mandat ne peut se faire si nous n'agissons pas
ensemble, de concert, avec un minimum d'enthousiasme. Le bien-être
de nos membres passe par des relations de travail saines, par
le règlement rapide des conflits, par la valorisation des
individus, par le respect des gens, bref, par une gestion humaine
des personnels de l'Université.
L'Université Laval a déjà en place un
vice-rectorat dont c'est la fonction de gérer les ressources
humaines de l'Université. Cependant, malgré une
bonne volonté évidente des personnes oeuvrant au
Service des ressources humaines, malgré la mise en place
d'un plan de restructuration triennal censé permettre d'assurer
un meilleur suivi des dossiers, la gestion des ressources humaines
soulève de grandes inquiétudes sur le campus.
OBJECTIFS
Les objectifs que nous nous donnons pour les prochaines années,
d'une part, dérivent directement du constat de situation
que nous faisons et, d'autre part, découlent de la mission
de l'Université, et des principes et valeurs qui doivent
guider les activités du vice-rectorat aux ressources humaines.
Ils touchent les aspects suivants :
Le fonctionnement des services de gestion des ressources humaines
Il faut appuyer la révision de la structure organisationnelle
du VRRH/SRH en s'assurant d'un leadership solide et compétent
dans les deux instances. Il faut favoriser le développement
des compétences en gestion des ressources humaines et s'assurer
que les gestes posés et l'action soient en mode service
à la communauté. L'ouverture d'esprit et la transparence
dans le fonctionnement du service doivent être la règle
et le fonctionnement en équipe doit être favorisé.
Enfin, la structure réglementaire interne doit être
allégée.
Les rapports avec les unités
Le développement des services du VRRH/SRH doit être
fait avec consultation régulière des utilisateurs
de service. En retour, il faut favoriser la gestion participative
avec les unités.
La qualité des ressources humaines de l'Université
Il faut à tout prix valoriser l'approche humaine dans
les services offerts à la communauté universitaire.
Il faut favoriser l'embauche de personnel compétent et
qualifié, valoriser la formation continue de ce personnel
et sa mobilité dans la structure universitaire. Un plan
de renouvellement de la main d'oeuvre doit être mis en place.
Enfin, il faut assurer l'équité entre les
services de l'université et avec ceux des autres
institutions en ce qui touche les conditions de travail et les
salaires du personnel.
AGIR ENSEMBLE...
POUR LES ÉTUDIANTES ET ÉTUDIANTS
J'ai une idée claire de ce que je veux pouvoir dire
à des finissants et finissantes de cégeps ou à
des candidates et candidats d'ailleurs, au Canada et dans le monde,
qui hésitent sur le choix d'une université où
étudier.
C'est l'Université Laval que vous devez choisir parce que c'est le meilleur milieu de formation universitaire qui soit. Toute l'organisation de l'Université, tout le personnel enseignant, tout le personnel administratif, tout le personnel de soutien n'ont qu'un seul objectif, que vous receviez la meilleure formation qui soit, la mieux adaptée.
Vous devez choisir l'Université Laval, d'abord parce que c'est une université qui se démarque clairement des autres institutions:
- La qualité de la formation qu'on vous offre repose
sur l'excellence de la relation professeur-étudiant.
- Nos programmes des trois cycles couvrent un large éventail
de disciplines et vous y bénéficiez d'une qualité
d'encadrement exceptionnelle.
- À l'Université Laval, la recherche fait
partie intégrante de votre formation.
-Tout le personnel de l'Université ne vise que votre
réussite et toute la structure institutionnelle est conçue
pour cette fin.
- Québec, la région, le campus universitaire
fournissent un cadre de formation, de recherche, de création
exceptionnel.
-La tradition de Laval, depuis toujours, en est une de
leadership social, culturel et scientifique. Nous disposons de
tous les atouts pour maintenir cette tradition.
Tout cela mis ensemble crée un milieu de vie totalement dédié à votre formation.
Mais l'Université Laval vous offre bien davantage qu'un milieu de formation idéal; on y a aussi compris qu'une formation réussie va bien au-delà de la maîtrise des contenus de cours.
Nous favorisons donc une approche programme et par compétences (*) ; toute la vie universitaire de Laval est conçue pour vous donner la chance de maîtriser ces habiletés qui vous assureront le succès dans votre vie professionnelle, dans vos études aux cycles supérieurs, dans votre carrière de chercheur, dans votre vie de citoyen.
- La participation aux activités parascolaires fait
partie de la formation et on la valorise (diverses hypothèses
seront envisagées).
- Les associations étudiantes sont soutenues et encouragées.
-Les services aux étudiants (bourses, orientation et
consultation psychologique, appui aux associations étudiantes,
etc.) sont là pour vous supporter dans votre formation
et vos initiatives.
- Les services d'accueil aux étudiants étrangers
facilitent votre intégration à l'Université.
-Vous disposez d'une bibliothèque vue comme un lieu
de travail, un outil de formation, mais aussi comme un laboratoire,
un lieu d'échanges intellectuels.
- On vous offre un milieu de vie stimulant :
- De multiples activités culturelles et sociales
sont mises à votre disposition et on vous encourage à
y participer. On vous incite également à en organiser.
- Le PEPS met à votre disposition ses installations
sportives et on vous y donne la priorité de services.
- L'Université Laval respecte les étudiants d'autres
cultures et religions en leur offrant divers services; elle considère
leur présence comme un atout pour l'ouverture de la communauté
à ces cultures.
Bref, c'est toute la communauté universitaire qui est à votre service, qui vous forme, qui appuie votre formation!
Voir schéma http://www.agirensemble.ca/themes2-schema.pdf
DES PROPOSITIONS GLOBALES QUI SUPPORTENT NOTRE VISION DE LA
FORMATION
Pour que je sois en mesure, dans quelques années, de
tenir un tel discours à des candidats aux études
universitaires, il faut que soient transformées nos façons
de faire actuelles. Nous prendrons des mesures efficaces:
Pour améliorer la qualité de la relation personnel
enseignant-étudiant
- par la valorisation de ce personnel,
- par l'évaluation de l'enseignement vue comme une façon
de l'améliorer,
- par l'adaptation de la formation au regard des caractéristiques
des étudiants actuels,
- par l'incitation à l'établissement de liens professionnels
plus marqués entre professeurs et étudiants aux
deuxième et troisième cycles.
Pour encourager la participation de tous les autres groupes
de personnels de l'Université Laval à la mission
de formation
- en soulignant publiquement le travail de ceux qui soutiennent
les étudiants dans l'organisation d'événements
divers,
- en incitant tous les services de l'Université à
supporter activement les associations étudiantes et les
projets scolaires et parascolaires des étudiants (congrès,
vitrines, festivals,),
- en reconnaissant l'importance de ce support.
Pour améliorer la qualité des services
- par la prise de mesures urgentes qui permettent à
la Bibliothèque de jouer pleinement son rôle de support
à la formation et à la recherche,
- par le renouvellement des approches pédagogiques, au
moyen de divers incitatifs,
- par la multiplication des activités culturelles, sociales
et professionnelles, de telle sorte que le Campus devienne un
milieu de vie stimulant pour les étudiants.
Pour favoriser l'intégration des activités de
formation des trois cycles
- par la participation des chercheurs à la formation
de premier cycle,
- par la formation à la recherche dès le premier
cycle,
- par la démystification de la recherche,
- par des liens plus forts entre les programmes de premier et
de deuxième cycles.
Pour renforcer nos programmes de formation
- en valorisant l'approche programme et par compétences,
- en accroissant les activités aux cycles supérieurs,
- en stimulant l'accès aux études internationales,
- en révisant les pratiques en formation continue,
- par une meilleure utilisation des possibilités de la
formation à distance.
Nous croyons que l'Université Laval, dans toutes ses unités, doit être structurée pour former, doit être mise en mode service aux étudiants. Nous sommes convaincus que l'engagement quotidien de tout le personnel est la meilleure garantie de l'établissement du sentiment d'appartenance à notre institution. Tous et chacun sur le campus, nous devons nous reconnaître dans ce devoir de formation. On l'a déjà dit, pour nous, la formation ne s'arrête pas à la relation intime professeur-étudiant; elle se poursuit dans les couloirs des départements, écoles et facultés, dans les interactions avec les directions de programme et autres, partout ailleurs sur le campus.
Nous avons enfin, mon équipe et moi, la conviction que notre vision des études contribuerait fortement à faire de notre institution un lieu où les étudiantes et étudiants s'inscrivent par goût, parce que le milieu social, scientifique et culturel de Québec est le meilleur et le plus stimulant qui soit.
Au terme de la formation que nous voulons offrir, qui allie connaissances et compétences, nous retrouvons un diplômé universitaire qui sait, mais aussi, et peut-être surtout, qui possède le sens critique, qui peut transformer son savoir en action, qui s'adapte, qui innove et a le goût de le faire.
Ce plan de travail ne se réalisera que si l'on agit ensemble, que si tous les corps constituants de l'université partagent une vision commune de l'avenir. L'Université Laval ne manque pas de moyens pour envisager son avenir avec confiance et résolution, elle peut retrouver son souffle. Et c'est sur l'excellence de la formation que nous offrons que repose cet avenir!
Nous reviendrons dans quelques jours sur d'autres points qui
affectent directement la qualité de la formation, la question
de la Bibliothèque par exemple.
Nous exposerons aussi, prochainement, notre vision de la recherche
comme instrument de formation.
DES PRÉOCCUPATIONS SOCIALES AU COEUR D'UNE VISION DE
L'UNIVERSITÉ LAVAL
L'Université Laval ancrée dans son milieu
Dans cinq ans, l'Université Laval sera redevenue l'une
des meilleures universités de la francophonie. Son dynamisme
sera tel que Québec s'imposera en tant que pôle scientifique,
intellectuel et culturel de niveau mondial; notre université
aura repris le leadership social qu'elle exerçait parmi
les universités de langue française, profitant à
la fois de son héritage et de son implantation en continent
américain. En 2008, quand la ville de Québec célébrera
le 400e anniversaire de sa fondation, Laval sera au rendez-vous
comme témoin actif de la construction d'une société
originale et surtout comme agent de changement et d'épanouissement
du Québec en Amérique du nord.
Nous n'oublions pas que l'Université Laval est devenue
réalité en 1852, douze ans après l'Acte d'Union.
Nous savons aussi que son destin est lié à celui
d'un peuple et d'une société de langue et de culture
françaises en Amérique. Il découle nécessairement
de ces faits que les réalités linguistiques, littéraires
et culturelles francophones doivent continuer d'être une
priorité à l'Université Laval. Quelle institution,
au Québec, est davantage en mesure d'assurer cette mission
de sauvegarde et de promotion du fait français en Amérique?
Aucune!
Une université de tradition humaniste
C'est dans ce contexte que nous trouvons regrettable de ne
pas avoir encore appris à mieux honorer la mémoire
des femmes et des hommes, dans notre corps professoral, qui ont
construit une grande partie de la réputation de l'Université
Laval, ici et ailleurs. Je voudrais, à l'aide d'exemples
concrets, illustrer de quelle façon j'entends agir au cours
des prochaines années. Dès le début de mon
mandat , je prendrai les dispositions pour remplir les trois engagements
suivants, qui ont le mérite de concilier mon respect de
la tradition lavalloise et la nécessité de l'ouverture
vers l'avenir, tout en démontrant ma profonde conviction
de la place essentielle que jouent les sciences humaines et les
sciences sociales à l'Université Laval. Ces gestes
veulent souligner la reconnaissance de l'Université Laval
envers deux de nos disparus, Fernand Dumont et Jean Hamelin, dont
les carrières au département de sociologie de la
Faculté des sciences sociales et au département
d'histoire de la Faculté des lettres ont été
exemplaires à maints égards; ce sont des formateurs
et des chercheurs qui ont fait preuve tout au long de leur carrière
d'ouverture sur leur discipline, de vision sur l'avenir, de sens
critique face à l'évolution de la société
et de profond attachement pour leurs étudiants.
Création de la Chaire Fernand-Dumont et Jean-Hamelin
La Chaire de recherche Fernand-Dumont et Jean-Hamelin
se consacrera à l'étude de la société
québécoise, selon les perspectives des sciences
sociales et humaines. On y favorisera les recherches interdisciplinaires
en mettant l'accent sur les études prospectives.
Offre de deux bourses postdoctorales
Deux bourses (Bourse Fernand-Dumont et Bourse Jean-Hamelin)
seront offertes à des chercheurs de haut niveau des sciences
sociales et humaines. Elles visent à stimuler la recherche
portant sur notre société et veulent contribuer
à redonner à l'Université Laval le leadership
dans ces domaines de la connaissance.
Création du Cercle Dumont-Hamelin
Le Cercle Dumont-Hamelin réunira des professeurs
retraités, des sommités reconnues et certains de
nos meilleurs professeurs dans un groupe de réflexion.
Ce groupe aura pour fonction d'aider mon équipe et moi-même
à mieux penser l'avenir, à comprendre les exigences
et les défis de notre temps, à poser un regard réfléchi
sur les événements, regard que ne favorise guère
la gestion journalière d'une institution comme la nôtre.
(Note : La CADEUL compte aussi sur la présence d'anciens
pour la guider, la conseiller)
Quand je me replonge dans l'histoire de la Faculté de sciences et de génie, dont je suis le doyen depuis 1997 , je retrouve également sans peine des personnages de culture humaniste tel Adrien Pouliot, helléniste reconnu, au service de sa ville et de ses concitoyens, qui croyait en la valeur de la science; il fut même président de la Société du parler français.
Humanisme, science et technologie au service de la société
Je reconnais que les partenariats commerciaux et industriels,
les réponses aux besoins techniques plus immédiats
de la société, occupent une place bien plus grande
qu'auparavant à l'Université Laval. Peut-il en être
autrement en Amérique du Nord? Je ne le pense pas. Cependant,
le défi qui se pose, c'est de trouver les moyens de ne
jamais sacrifier l'essentiel de notre identité malgré
l'importance accrue de la conception utilitaire et managériale
de l'université.
Une université, c'est d'abord le lieu par excellence de la recherche de la vérité dans tous les domaines, de la formation de personnes et de citoyens libres, lucides, critiques, responsables. La science et la recherche doivent pouvoir y progresser dans la liberté. La formation universitaire doit toujours viser à former des personnes libres, cultivées, polyvalentes, ce qui ne peut être assuré dans une conception utilitaire et managériale de l'université contemporaine. La conception scientifique et la conception humaniste doivent demeurer au coeur de tous les aspects de la vie universitaire. Comme recteur, dans l'exercice de gestion d'une Université Laval en pleine mutation, je ferai tout pour conserver à l'esprit les enseignements que nous ont laissés Fernand Dumont, Jean Hamelin et Adrien Pouliot qui, chacun en son temps, ont incarné ce qui a fait notre réputation, l'alliance des préoccupations scientifiques et humanistes au service de la société.
L'Université Laval sera une grande université
au XXIe siècle, si elle parvient à intégrer
de façon intelligente, mesurée et authentique les
différentes conceptions de l'idée universitaire
dans l'histoire, en lien avec les diverses mutations de son histoire
particulière. Je souhaite ardemment pouvoir consacrer les
cinq prochaines années de ma vie à la réalisation
de ce projet.
CONCLUSION
J'ai fait part de mes réflexions sur la place que j'entends redonner à l'Université Laval dans le monde universitaire et sur le rôle que devra jouer notre institution comme agent de changement. J'ai insisté longuement sur l'importance de l'Université Laval pour la société québécoise et sur sa position de leader fondée en bonne partie sur sa tradition humaniste. Vous retrouverez ces thèmes traités plus en profondeur aux adresses internet suivantes : www.agirensemble.ca et www.pierremoreau.com
Ce que je désire que vous reteniez de mes propos, c'est le contexte qui guidera nos gestes pendant les cinq années de mon mandat de recteur. C'est aussi notre profonde conviction qu'il faudra agir ensemble pour revitaliser l'Université Laval.
Au cours des prochaines semaines, il me fera plaisir de vous faire connaître mes intentions en ce qui concerne la recherche, le développement de la Bibliothèque, les études internationales, la place de l'Université Laval dans le développement de Québec et de la région. Je dévoilerai également mon programme et mon plan d'action en ce qui concerne ces points. Je traiterai plus en profondeur de la situation financière catastrophique de l'université de même que des mesures que nous devrons mettre en place pour redresser la situation; le dégagement de la marge de manuvre nécessaire pour mieux remplir notre mission de formation est lié au succès de cette opération.
Je resterai à l'écoute de la communauté universitaire au cours des prochaines semaines et je vous invite à prendre contact avec moi, par le biais de mon site Internet, pour discuter des questions qui vous intéressent ou pour organiser une rencontre.
(*) Ces compétences dont nous voulons favoriser
la maîtrise sont, parmi d'autres :
- Le sens du leadership
- Le sens de la critique
- Le goût d'innover
- Le respect d'un code d'éthique
- Une communication efficace à l'oral et à l'écrit
- La connaissance d'une deuxième, d'une troisième
langue
- La capacité de résoudre des problèmes
- Le travail en équipe
- Le travail à l'étranger ou dans d'autres milieux
culturels
Pierre Moreau est doyen de la Faculté des sciences et
de génie de l'Université Laval. Auparavant, il y
occupait le poste de vice-doyen aux études (1993-1998).
Titulaire de diplômes universitaires en biologie moléculaire
(B.Sc. et M.Sc., Université d'Ottawa et Ph.D., McGill University),
il a poursuivi des études post-doctorales au Laboratoire
de génétique moléculaire des eucaryotes de
l'Institut de génétique et de biologie moléculaire
et cellulaire à Strasbourg (FRA). En 1982, il devient professeur
adjoint au Département de biologie de l'Université
d'Ottawa puis, en 1987, il se joint au Département de biochimie
et de microbiologie de l'Université Laval. De 1990 à
1993, il est directeur du programme de baccalauréat en
microbiologie. À deux reprises, en 1989-1990 et en 1990-1991,
la Faculté des sciences et de génie lui attribue
le SUMMA en enseignement, prix honorant la qualité de son
enseignement. En 1993, l'Association des étudiants en sciences
et génie de l'Université Laval lui décerne
le prix du professeur par excellence de la Faculté des
sciences et de génie.
Au fil des années, il a établi de forts liens avec le milieu collégial québécois, a proposé l'intégration dans les programmes d'études de la Faculté d'objectifs liés à l'acquisition et au perfectionnement de compétences professionnelles et a été un pionnier dans la mise sur pied de la Politique d'internationalisation à la Faculté et à l'Université, notamment à l'égard des échanges de mobilité étudiante. Le développement économique, selon lui, est tributaire d'un milieu de l'éducation fort et d'un contexte d'innovation et de recherche performant. C'est dans cet esprit qu'il a mis sur pied et consolidé des partenariats novateurs avec des entreprises du milieu.
Il siège aux conseils d'administration du Parc technologique du Québec métropolitain, de COREM (Consortium de recherche minérale), de l'Institut canadien pour les innovations en photonique, du Consortium Synapse, du collège François-Xavier-Garneau, d'Entrepreneuriat Laval et préside le conseil d'administration du Centre muséographique de l'Université Laval et de la Corporation Développement TICO (Technologie de l'information et des communications optiques), un organisme sans but lucratif voué au développement de la Faculté des sciences et de génie.
Communicateur apprécié, il est régulièrement
invité pour faire la promotion des sciences et de la technologie.
En plus de veiller à ce que la Faculté remplisse
adéquatement sa mission d'enseignement, de recherche et
de service à la collectivité, Pierre Moreau cherche
aussi à développer les forces et les atouts de la
Faculté des sciences et de génie afin de la positionner
avantageusement sur les scènes régionale, nationale
et internationale.
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