21 juin 2001 |
Bon an mal an, la grande "fête académique", celle de la remise des diplômes, réussit à rassembler quelque 3 000 finissantes et finissants de tous les cycles dans le stade couvert du PEPS, accompagnés de parents, conjoints, enfants ou amis, soit une affluence de près 12 000 personnes. L'attrait suscité par les cérémonies traditionnelles n'a pas fait exception à la règle, cette année, et la participation s'est maintenue à son niveau habituel.
Cérémonial commun
Chaque cérémonie de collation des grades représente
assurément un moment grandiose dans le cours d'une année
universitaire, car elle couronne les efforts qui ont fait traverser
avec succès le baccalauréat, la maîtrise ou
le doctorat. Cette célébration de la réussite
se déroule selon un cérémonial commun, mais
chacune des séances conserve son caractère distinctif.
D'une fois à l'autre, c'est sur les premières mesures
de l'ouverture de la Music for the Royal Fireworks de Georg
Friederich Haendel que le défilé universitaire s'est
mis en branle, précédé d'un porteur ou d'une
porteuse de masse. Puis, c'est sur les notes initiales de la version
instrumentale de l'hymne de l'Université (composé
par la professeure émérite Jeanne Landry), enregistré
par l'Orchestre d'harmonie de la Faculté de musique, que
la procession de dignitaires mettra fin à la célébration
en quittant la salle, une heure et demie ou deux heures plus tard.
Mentions "profil international"
Comme le veut la tradition, le début de chacune des
rencontres a été le moment qu'a choisi le recteur
François Tavenas pour louer la ténacité et
la persévérance dont ont fait preuve les étudiants
et les étudiantes qui ont réussi à mener
à terme leur projet. "Pour mes collègues et
moi, membres de la direction et du corps professoral de l'Université
Laval, ces séances de collation des grades sont toujours
vécues comme des moments à la fois émouvants
et stimulants. Émouvants, parce que nous avons devant nous
ceux et celles qui tiennent l'avenir de la société
entre leurs mains. Stimulants, parce que nous avons la preuve
tangible que la mission première de l'Université
a été accomplie, mission de formation de personnes
compétentes, capables de contribuer au développement
de la société et au bien-être de leurs concitoyens.
L'Université est fière de vous. J'espère
que vous aussi êtes fiers de vous", a-t-il déclaré
en substance.
La "couleur internationale" affichée par sa politique
d'internationalisation des études étant devenue
la marque distinctive de l'Université Laval, le recteur
n'a pas manqué de signaler, de plus, que des diplômes
comportant la mention "profil international" ont été
attribués pour la première fois en 2000-2001, et
ce en médecine, en administration des affaires et en droit.
Les propos qu'a tenus pour sa part le nouveau doyen de la Faculté
des études supérieures, Michel Audet, étaient
aussi empreints d'une fierté bien légitime. "Je
suis honoré de côtoyer ces personnes, étudiants
et étudiantes des 2e et 3e cycles, qui ont fait preuve
d'une grande détermination en consacrant quelques années
de leur vie à acquérir une formation dont l'impact
sera majeur aussi bien sur leur vie personnelle que sur la société
qui les a soutenus tout au long de leur cheminement scolaire",
devait-il souligner.
Première série
Les sept cérémonies de collation des grades
se sont tenues en deux fins de semaine consécutives. Le
calendrier a débuté par les séances des facultés
de Médecine, de Médecine dentaire, de Pharmacie,
des Sciences infirmières et des Études supérieures,
le samedi 9 juin à 15 h. Henry Friesen, endocrinologue,
administrateur universitaire et président du conseil d'administration
de Génome Canada, et Michel Portmann, oto-rhino-laryngologiste
et professeur honoraire de l'Université de Bordeaux II,
se sont vu décerner pour l'occasion un doctorat honoris
causa. Appelés à faire l'éloge des deux
récipiendaires, le sénateur Yves Morin, ex-doyen
de la Faculté de médecine, parlera du premier comme
d'un leader visionnaire et d'un des géants de la science
au Canada tandis que l'actuel doyen de la Faculté, Marc
Desmeules, soulignera du second l'humanisme authentique et profond.
Les professeurs Claude Bouchard, Gilles Dagenais et André
Villeneuve, de la Faculté de médecine, et la professeure
Colette Gendron, de la Faculté des sciences infirmières,
ont par ailleurs été proclamés "émérite".
Deux autres cérémonies étaient présentées
le lendemain. À 10 h 30, c'était au tour des finissantes
et des finissants des trois cycles des facultés de Foresterie
et de géomatique, des Sciences de l'agriculture et de l'alimentation
et des Études supérieures de recevoir leur diplôme
des mains du recteur François Tavenas. Cette séance
a été marquée par la proclamation de Jacques
J. Dufour, de la Faculté des sciences de l'agriculture
et de l'alimentation, à titre de "professeur émérite",
et par la remise de la médaille d'argent de la Gouverneure
générale à Évelyne Thiffault, finissante
au baccalauréat en aménagement et environnement
forestiers.
La Faculté des sciences et de génie et la Faculté
des études supérieures prenaient place dans le stade
couvert du PEPS, en fin d'après-midi. Lors de la cérémonie
de collation, Radu Theodorescu, du Département de mathématiques
et statistique, a été élevé au rang
de "professeur émérite". Julie Turgeon,
étudiante au doctorat en biologie, a mérité,
quant à elle, la médaille d'or de la Gouverneure
générale du Canada, reçue en son absence,
par le doyen Pierre Moreau.
Voyé: responsabilité plurielle
La deuxième série de "collations"
a commencé le samedi 16 juin à 10 h 30, avec la
Faculté des sciences de l'administration et la Faculté
des études supérieures. La cérémonie
de la FSA a été le théâtre d'un hommage
bien senti à Robert Després, "figure de proue
du monde des affaires et grand serviteur de l'État",
dira le doyen Bernard Garnier, appelé à faire l'éloge
de cet "ami de longue date de l'Université Laval qui
a contribué à bâtir le Québec moderne".
Le nouveau docteur honoris causa, ex-président
de l'Université du Québec, assume actuellement la
présidence du conseil d'administration de Produits forestiers
Alliance inc.
La séance de collation des facultés de Droit et
des Sciences sociales, de l'Institut québécois des
hautes études internationales et de la Faculté des
études supérieures a suivi vers 16 h 30. Vincent
Lemieux, de la Faculté des sciences sociales, a été
nommé "professeur émérite". Annie-Claude
Bergeron, finissante du baccalauréat en droit, a reçu
la médaille d'argent de la Gouverneure générale
et Valérie Laflamme, inscrite à la maîtrise
en sociologie, la médaille d'or de la Gouverneure générale.
Louis Lebel, juge à la Cour suprême du Canada, Liliane
Voyé, sociologue et professeure à l'Université
catholique de Louvain, et Raymond A. J. Chrétien, ambassadeur
du Canada en France, ont alors revêtu l'épitoge réservée
aux récipiendaires d'un doctorat honorifique.
"Nous sommes entrés dans une "société-monde"
qui tout à la fois génère des incertitudes
et des risques nouveaux et ouvre des perspectives peu ou jamais
envisagées jusqu'ici, a observé Liliane Voyé,
prenant la parole peu après s'être vu conférer
le gage d'estime de l'Université. Je ne mentionnerai ici
qu'un risque parmi bien d'autres: celui de voir l'université
"vampirisée" par la logique du profit et l'intérêt
des marchands. De même, je ne retiendrai qu'une perspective:
celle d'une fécondation interculturelle rendue davantage
possible par le développement de la mobilité tant
réelle que virtuelle et par le recul du pouvoir des dogmes
qui, en tous domaines, apparaissent de plus en plus comme des
affirmations provisoires liées à un temps, une culture,
un contexte affirmations qui se voient aujourd'hui souvent
interrogées par la progression du discernement critique
et la revendication de l'autonomie du jugement."
Au dire de la sociologue, les sciences humaines ont une "responsabilité
plurielle importante" en face des risques et incertitudes
qui se manifestent et des perspectives qui se profilent à
l'horizon. Celle, entre autres: "d'anticiper la demande d'intelligibilité
du social qui se transforme profondément sous nos yeux
et dans nos vies; de stimuler le "décentrement"
en vue de permettre la communication et la compréhension
entre cultures différentes, loin de toute hiérarchisation
de celles-ci, de tout projet d'englobement ou d'uniformisation;
de susciter l'exploration inlassable et la curiosité éclairée
plutôt que de laisser aller à l'abandon aux simplifications
rapides et définitives qui nient la complexité;
de guider l'apprentissage d'une éthique de la discussion
qui, refusant d'étouffer les conflits, voit en ceux-ci
un stimulant à l'imagination créatrice et à
la mise en action de potentialités diverses; de contribuer
à l'acquisition d'une pensée efficace qui conduise
à l'engagement, c'est-à-dire à l'institution
de chacun en acteur, acteur conscient de ce que, s'engager, c'est
s'exposer, c'est aussi réaliser la liberté qui réside
en chacun".
Chrétien: "Faites l'Histoire!"
Autre allocution remarquée, celle de Raymond A. J.
Chrétien, "l'un des ambassadeurs les plus dignes,
les plus respectés et les plus influents de la diplomatie
canadienne", affirmera Louis Bélanger, directeur de
l'Institut québécois des hautes études internationales,
lors de la présentation du diplomate.
Profondément attaché à son alma mater,
"l'une des grandes universités des Amériques",
Raymond Chrétien s'est rappelé avec émotion,
devant son auditoire, de son enrichissant passage dans les murs
de la doyenne des universités francophones d'Amérique
du Nord. "J'ai toujours été très reconnaissant
à l'Université Laval et à mes professeurs
de m'avoir donné une excellente formation juridique, a-t-il
raconté. Ces maîtres ont éveillé en
moi un intérêt pour les affaires internationales.
Et je ne suis pas le seul à être reconnaissant. Depuis
très longtemps, Laval a été une remarquable
pépinière de talents, dont d'excellents diplomates
canadiens."
Tirant des leçons des expériences qu'il a vécues
et des rencontres qu'il a faites, l'ambassadeur du Canada à
Paris à ensuite livré quelques réflexions
aux jeunes adultes présents dans la salle. Dont celles-ci:
ne pas désespérer, ne pas s'avouer vaincu tant qu'on
n'a pas épuisé toutes les options, y compris celles
normalement considérées inadéquates; comme
Nelson Mandela, prendre le temps de se connaître, de mesurer
ses forces et ses faiblesses, en somme, être conscient de
sa propre identité; donner de soi-même (par le service
communautaire, le bénévolat, etc.) apportera du
plaisir et contribuera à rendre notre société
plus humaine, positive et dynamique; se garder du temps pour la
famille et les amis.
Et Raymond Chrétien d'y aller d'une dernière série
de conseils: "Vivez pleinement chaque journée, avec
enthousiasme. La vie n'est pas un sport pour spectateurs. Plongez-y
et vivez la au maximum. Concentrez-vous sur les choses qui vous
passionnent. Vous y excellerez. Quel que soit votre domaine d'activité,
fixez-vous un idéal, ayez un rêve et travaillez très,
très fort pour le réaliser." Et d'ajouter:
"Cette fin d'année, aujourd'hui, n'est pas seulement
un aboutissement, une consécration, mais un départ,
le début de votre grande aventure humaine. Pour les gens
de ma génération, pour vos parents, vous êtes
porteurs d'espoir, de lumière. Allez, le monde vous attend!
Faites l'Histoire!"
Fête dominicale
Le programme du dimanche 17 juin s'est déployé
en deux temps. En matinée, les finissantes et les finissants
des trois cycles des facultés de Philosophie, de Théologie
et de sciences religieuses, des Sciences de l'éducation
et de la Direction du baccalauréat multidisciplinaire ont
reçu leur diplôme à compter de 10 h 30. Les
professeurs Charles Bujold, de la Faculté des sciences
de l'éducation, et Lucien Robitaille, de la Faculté
de théologie et de sciences religieuses, sont devenus "émérite".
La Faculté de théologie et de sciences religieuses
a rendu un hommage particulier à un théologien qui,
selon le professeur Louis Painchaud, "s'est signalé
par son ouverture, sa générosité et son esprit
de collaboration" : James M. Robinson, professeur émérite
de la Claremont Scholl of Theology (Californie) et maintenant
docteur honoris causa de Laval.
L'Université Laval a finalement honoré deux autres
personnalités à l'occasion de la dernière
cérémonie de collation qui avait lieu dans le stade
couvert du PEPS, à 16 h: Michèle Gendreau-Massaloux,
spécialiste des études hispaniques et rectrice de
l'Agence universitaire de la francophonie (docteur ès lettres
honoris causa), et Yoav Talmi, directeur musical et chef
de l'Orchestre symphonique de Québec (docteur en musique
honoris causa).
Au cours de cette séance, qui réunissait les facultés
d'Aménagement, d'architecture et des arts visuels, des
Lettres, de Musique et des Études supérieures, les
professeurs Peter Brooke Clibbon, de la Faculté d'aménagement,
d'architecture et des arts visuels, André Gaulin, Fernando
Lambert et Yves Roby, de la Faculté des lettres, ont accédé
au rang de "professeur émérite".
Le Bureau du secrétaire général a émis
8 025 diplômes au cours de l'année 2000-2001, soit
environ 6 200 de 1er cycle, 1 587 de 2e cycle et 227 de 3e cycle.
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