7 juin 2001 |
Le mariage piment fort-café ne met certes pas la table
à la haute gastronomie, mais il pourrait s'avérer
une combinaison gagnante pour la taille. Des chercheurs du Laboratoire
des sciences de l'activité physique (LABSAP) viennent en
effet de démontrer que la consommation de café et
de piment fort réduit la prise alimentaire de sujets placés
dans une situation de "buffet ouvert".
Mayumi Yoshioka, Éric Doucet, Vicky Drapeau, Isabelle Dionne
et Angelo Tremblay, du LABSAP, rapportent, dans un article qu'ils
publient dans un récent numéro du British Journal
of Nutrition, que la consommation de café et de piment
fort réduit la prise alimentaire quotidienne de près
de 1 000 calories. Les chercheurs sont arrivés à
ce chiffre après avoir soumis huit sujets à deux
régimes de 24 heures au cours desquels ils mangeaient à
satiété à tous les repas. La seule différence
entre les régimes reposait sur la présence ou l'absence
de piment fort et de café dans les menus. Les sujets demeuraient
en réclusion dans une chambre métabolique pendant
toute la durée de l'expérience, afin que les chercheurs
puissent mesurer périodiquement différents paramètres
physiologiques.
"Le produit actif du piment fort, la capsaïcine, semble
posséder un effet anorexyant qui réduit la quantité
totale de calories ingérées", explique Angelo
Tremblay. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, la
capsaïcine, même si elle "donne chaud", a
peu d'effets sur la thermogenèse et la dépense énergétique.
La différence serait de l'ordre de 8 calories sur une période
de 3,5 heures. Synthétisée par des plantes de la
famille du piment, la capsaïcine se retrouve en abondance
dans le piment fort, principalement dans le placenta du fruit
- le tissu blanchâtre qui porte les graines -, et un peu
dans les veines et dans les graines. Le produit compte parmi les
ingrédients de plusieurs assaisonnements et épices
dont le poivre rouge, le poivre de Cayenne, la sauce Chili, la
sauce Tabasco et le cari. La caféine posséderait
également un effet anorexyant, comme l'a démontré
antérieurement une autre étude du LABSAP.
Les chercheurs ne prétendent pas que le recours au café
et au piment fort constitue, en soi, une approche qui peut stopper
l'épidémie d'obésité. Cependant, précise
Éric Doucet, "la consommation de capsaïcine et
de café peut s'avérer une stratégie complémentaire
intéressante pour les personnes qui veulent réduire
la quantité de calories qu'elles consomment, surtout lorsqu'elles
sont placées dans une situation où la surconsommation
d'aliments est probable, comme c'est le cas, par exemple, lors
d'un repas dans un buffet chinois."
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