15 février 2001 |
Sans perdre de vue leurs principes et leurs valeurs, les coopératives
doivent se regrouper afin de mieux maîtriser les possibilités
de la mondialisation, a soutenu le président de l'Alliance
coopérative internationale (ACI), le Brésilien Roberto
Rodrigues, lors d'une conférence prononcée le mercredi
7 février, à la salle IBM du pavillon Palasis-Prince,
dans le cadre des conférences du Club des présidents.
Cette activité de la Faculté des sciences de l'administration
était organisée conjointement par la chaire Stephen-Jarislowsky
en gestion des affaires internationales et Développement
international Desjardins.
Réduire les coûts d'opération par des fusions
est au nombre des changements proposés par Roberto Rodrigues.
L'agronome et professeur d'université prône aussi
le recours à des alliances stratégiques pour ajouter
de la valeur aux produits et services offerts. Il encourage également
la recherche de partenaires en vue de la formation de coopératives
transnationales. Il cite notamment l'exemple de très grandes
coopératives scandinaves qui sont désormais associées
en coentreprises (joint ventures) transnationales.
Un couple maudit
En 1989, la chute du mur de Berlin annonçait la disparition
du communisme en Europe. Depuis ce temps, le néolibéralisme
commercial et la mondialisation des économies ont ensemble
produit un effet pervers, la concentration de la richesse, de
laquelle découle une exclusion sociale grandissante.
Pour Roberto Rodrigues, la concentration de la richesse et l'exclusion
sociale sont des créatures de cauchemar. "Ces deux
monstres apocalyptiques, dit-il, chevauchent de par le monde sans
connaître de frontières. Ils sont responsables de
la destruction des valeurs fondamentales de l'équité
ainsi que de la croissance de l'égocentrisme. En détruisant
des institutions et des valeurs, ils entraînent dans leur
galop infernal les entreprises et les personnes vers un lieu commun
d'exclusion. Ils donnent aussi naissance du jour au lendemain
à des fortunes fantastiques qui sortent de nulle part.
Voilà le tableau dont les traits principaux sont l'augmentation
du malheur des hommes, le désespoir et le manque d'avenir."
Une solution de rechange
Grâce à ses valeurs d'équité et
de solidarité, le coopératisme représente,
selon le conférencier, une solution de rechange capable
de donner un visage plus humain à la mondialisation. D'autant
plus qu'il s'agit d'une force économique colossale. L'ACI
regroupe plus de 230 organisations réparties dans une centaine
de pays, lesquelles représentent plus de 750 millions de
travailleurs et travailleuses. En 1998, les institutions financières
du mouvement coopératif géraient un actif correspondant
à près du cinquième du pouvoir financier
bancaire mondial.
"Agents silencieux du bien, indique Roberto Rodrigues, les
coopératives rassemblent des personnes individuellement
très faibles et les transforment en des ensembles puissants
capables de freiner la concentration de la richesse."
Les économistes identifient quatre formes de capital responsables
du développement économique. Le conférencier
en ajoute une cinquième: le capital social. Tel un ciment
invisible, il maintient la cohésion des sociétés.
"La coopérative est une société basée
sur la confiance entre les personnes et sur la cohésion
sociale, explique Roberto Rodrigues. Elle est également
une entreprise qui fait des affaires. Voilà le coffre-fort
où stocker le capital social."
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