15 février 2001 |
Grâce à une subvention de 600 000 $ du Conseil
de recherches en sciences humaines du Canada, des chercheurs de
l'Université Laval, de l'Université McGill et de
l'Institut culturel Avataq travailleront ensemble dans le cadre
du programme Alliances de recherche universités-communautés
(ARUC). Leur mandat commun consistera à étudier
pendant trois ans les patrimoines archéologique et historique
de la côte nord-est de la péninsule d'Ungava, au
Nunavik, dans le Grand Nord québécois.
Les villages de Salluit, Kangirsujuaq et Quaqtaq formeront la
zone de recherche. Les travaux de recherche menés depuis
une quarantaine d'années dans cette région ont prouvé
l'existence d'un potentiel de ressources patrimoniales indéniable.
Les chercheurs ont mis au jour des vestiges complexes, très
variés (campements, carrières, cimetières,
etc.) et parfois uniques (sites de gravures rupestres). Le projet
ARUC Des Tunnits aux Inuits aura donc pour objectif de
mieux comprendre les origines et le développement de l'occupation
humaine dans cette zone, depuis les Paléoesquimaux anciens,
il y a plus de 4 000 ans, jusqu'aux Inuits actuels.
La part du lion à Laval
L'Université Laval constituera la base institutionnelle
du projet. Daniel Arsenault, professeur d'archéologie au
Département d'histoire et chercheur au CÉLAT (Centre
interuniversitaire d'études sur les lettres, les arts et
les traditions), agira comme personne-ressource et comme l'un
des trois codirecteurs du projet. Une douzaine de chercheurs,
majoritairement de Laval et rattachés au CÉLAT et
au Centre d'études nordiques, formeront l'équipe
multidisciplinaire de recherche. Les spécialités
réunies comprendront notamment la géoarchéologie,
l'ethnologie et la conservation.
Trois professeurs du Département de géographie se
pencheront sur la reconstitution des environnements anciens. "Comment
étaient les sols autrefois et quelle faune y avait-il?
demande Daniel Arsenault. Quelles répercussions a eu le
retrait des glaciers sur les pratiques de subsistance? L'espèce
de hiatus durant les cinq derniers siècles avant Jésus-Christ,
caractérisé par une baisse démographique
substantielle, est-il imputable à des facteurs environnementaux?
C'est ce qu'on va tenter de déterminer."
Selon le professeur Arsenault, les habitants du Nunavik ont réussi
à s'adapter de façon très poussée
à un environnement très hostile et ce, en dépit
d'un niveau technologique peu avancé. "Il ne faut
pas se fier aux apparences, dit-il. Ils ont su non seulement survivre,
mais se développer. Les récits conservés
par la tradition orale sont très riches et les rapports
familiaux sont très complexes."
Marier le savoir traditionnel et le savoir scientifique
Dans ces sociétés, les aînés agissent
comme premiers gardiens de la tradition orale, une tradition qui
a permis la transmission, de génération en génération,
de récits et d'événements. D'un naturel coopératif,
les aînés inuits seront au coeur d'une dynamique
d'échange avec les chercheurs.
Dans chaque village, un agent de liaison local aura pour tâche
de transmettre les résultats de recherche aux citoyens
et de recueillir leurs commentaires. Le projet permettra également
à des étudiants inuits de travailler l'été
avec les chercheurs, entre autres lors de fouilles.
Les activités de diffusion prévues comprennent une
exposition des artefacts anciens et modernes, des ouvrages scientifiques
et des documents audiovisuels incluant une trousse de reconstitution
tridimensionnelle. Des retombées économiques, de
nature touristique, sont également envisagées. Le
fameux cratère du Nouveau-Québec se trouve à
une centaine de kilomètres de Kangirsujuaq et la municipalité
a actuellement un projet d'aménagement d'un centre régional
d'interprétation du patrimoine culturel.
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