1 février 2001 |
Une équipe canado-américaine a annoncé
lundi qu'elle a découvert le premier gène lié
à une forte prédisposition au cancer de la prostate.
Les hommes qui sont porteurs d'une certaine forme mutée
de ce gène ont jusqu'à dix fois plus de risque de
souffrir du cancer de la prostate au cours de leur vie.
L'équipe de 43 chercheurs publie sa découverte dans
l'édition de février de la revue scientifique Nature
Genetics. Jacques Simard, professeur à la Faculté
de médecine et chercheur au Centre de recherche du CHUL,
est l'un des cinq principaux signataires de l'article. Ses collègues
Gilles Leblanc, Martine Dumont, Marc Desrochers, Martine Tranchant
et Fernand Labrie ont également collaboré à
l'étude.
Il a fallu dix années de travail pour arriver à
cerner ce premier gène de forte prédisposition.
Pour y arriver, les chercheurs ont écumé le génome
de 127 familles mormons de l'Utah, durement frappées par
le cancer de la prostate, afin d'y déceler un dénominateur
commun. La découverte de ce gène, situé sur
le chromosome 17, permettra d'identifier des hommes particulièrement
à risque et de leur accorder un suivi plus serré
de façon à détecter précocement l'apparition
de tumeurs. "Par ailleurs, l'étude du gène
devrait apporter un nouvel éclairage sur les mécanismes
qui interviennent dans l'évolution du cancer de la prostate",
signale Jacques Simard. La fonction exacte de ce gène est
inconnue pour l'instant. Cependant, comme il est aussi présent
chez les levures, les plantes et les animaux, il joue sans doute
un rôle biologique clé dans la cellule, ajoute-t-il.
Quatre mutations
Jusqu'à présent, les chercheurs ont identifié
quatre formes mutées de ce gène. Deux d'entre elles
augmentent le risque de cancer de la prostate de cinq à
dix fois; les deux autres, moins agressives mais plus fréquentes,
l'augmentent de 1,5 à 3 fois. Le gène de forte susceptibilité
ne serait responsable que de 2 à 5 % des cancers de la
prostate, précisent les chercheurs. Des facteurs environnementaux,
tels qu'une alimentation riche en gras, et plusieurs autres gènes
interviendraient dans cette maladie.
Des études avaient antérieurement signalé
l'existence de neuf gènes de susceptibilité modérée.
D'ici dix ans, cinq autres gènes de forte susceptibilité
et entre 20 et 30 gènes de susceptibilité modérée
au cancer de la prostate pourraient être identifiés,
estiment les chercheurs.
|