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1 février 2001  |
Tordus, tordus!
La troupe de théâtre Côté cour propose un grand cru du boulevard français contemporain: "Le père Noël est une ordure". Rire jaune garanti
Formée par des étudiants et étudiantes de la Faculté de droit, la troupe de théâtre Côté cour présente Le père Noël est une ordure, un boulevard français très grinçant écrit par J. Balasko, B. Maynot, M.-A. Chazet, T. Lhermitte, C. Clavier et G. Jugnot, les 1er, 2 et 3 février, à 20 h, à l'Amphithéâtre Hydro-Québec (pavillon Alphonse-Desjardins). L'action se déroule dans le centre téléphonique Détresse amitié, situé dans un immeuble délabré de Paris. Pierre et Thérèse y travaillent et s'évertuent, jour après jour, à redonner un peu d'espoir aux âmes perdues de cette ville. La veille de Noël, tout bascule dans l'univers de ce centre quand trois citoyens en crise franchissent le seuil de la porte. Pris au dépourvu, les deux intervenants tentent, sans grand succès, de les chasser. Débute alors une nuit de décadence qui conduira chacun des personnages à se dévoiler et à toucher le fond de l'abîme. Une pièce hilarante et savoureuse où se profilent, portés par six personnages singulièrement tordus, le rire jaune et la médiocrité réduite à sa plus simple expression.
Du ridicule au tragique
Le père Noël est une ordure aborde, par
le canal des personnages présentés, de graves problèmes
sociaux: violence conjugale, solitude, analphabétisme,
dépendance affective, immigration, identité sexuelle.
Des ingrédients idéals pour créer un véritable
mélodrame, mais les auteurs ont préféré,
fort heureusement, emprunter la voie de l'humour noir. "Au
premier abord, cette pièce peut apparaître comme
une comédie bête et méchante, mais, en creusant
un peu l'histoire, on réalise que beaucoup d'humanité
en émane, fait remarquer Joanne Doucet, qui signe la mise
en scène. En fait, c'est une histoire tragique puisque
chaque personnage descend au fond du gouffre. Ce n'est donc que
la forme qui est comique."
Ce qui fait sourire, dans cette pièce, ce ne sont donc
pas les thèmes exploités, mais plutôt les
personnages, très colorés, dont les comportements
atteignent les pires excès. Parmi eux, Pierre, un homme
coincé, colérique, snob et obsédé
par son image sociale. "Sous le poids des événements,
Pierre craque, explique Louis-Philippe Lampron qui incarne ce
personnage. Il n'arrive plus à jouer son propre rôle,
à sauver la face, à soutenir sa précieuse
image. Et fatalement, celui qui se cache derrière un look
BCBG se dévoile, se met à nu." Aux côtés
de Pierre gravite Thérèse, une vieille fille pudique
et pincée mais qui a toujours le bon mot pour réconforter.
Comme son collègue, elle découvrira une autre facette
de sa personnalité: son côté noir. "Une
série de péripéties amènent Thérèse
à explorer son univers secret, à céder à
ses pulsions, fait valoir Anne-Marie Simard qui interprète
ce personnage. Elle en sort ébranlée, voire changée,
mais pas nécessairement pour le mieux."
Le monstre de Noël
Parmi les trois protagonistes qui envahissent le centre téléphonique,
on compte Félix, le père Noël, incarné
par Mathieu Tremblay. Un père Noël qui n'a certes
rien de féerique. En fait, l'habit rouge cache un mari
alcoolique, dominateur, violent, voleur et profiteur. Avec sa
femme Josette, jouée par Amélie Boisvert, il en
fait voir de toutes les couleurs à Pierre et Thérèse.
La brochette de personnages comprend également Katia,
un travesti incarné par Luc Robitaille. "Katia se
cherche, s'interroge sur sa véritable orientation sexuelle,
souligne Luc Robitaille. Défaitiste et bagarreuse, elle
ne cherche pas réellement de solutions: elle préfère
de loin se complaire dans sa misère." Enfin, le public
fera la connaissance de madame Preskovicha, une immigrante interprétée
par Marie-Pier Corbin. "Cette femme nostalgique est terriblement
fatigante, avoue Marie-Pier Corbin. À tout moment, elle
débarque au centre pour offrir de la nourriture et des
fétiches importés de son pays d'origine." La
table est donc mise pour le défilé drolatique de
ces âmes en peine, dans un décor signé par
Annabelle Roy.
On peut se procurer des billets en prévente, au coût
de 8 $, au Service des activités socioculturelles, 2344,
pavillon Alphonse-Desjardins, ou les soirs de spectacle, au coût
de 10 $. Information : 653-4751
MÉLANIE BRÛLÉ
Programme Études-travail
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