1 février 2001 |
MÉTRO DOIT RESTER PROPRIÉTÉ QUÉBÉCOISE
À l'heure actuelle, il surgit dans l'actualité
un débat qui nous laisse une impression de déjà
vu. Les rumeurs entourant l'avenir de la chaîne d'alimentation
Métro rappellent les débats au sujet des ventes
de Provigo et de Steinberg. Cette fois-ci, si la transaction pressentie
se concrétisait, le Québec verrait passer sa dernière
chaîne de distribution alimentaire à des intérêts
extérieurs. Il y a tout lieu de s'inquiéter.
Pour s'en convaincre, il suffit de rappeler qu'à la suite
de la transaction de Provigo-Loblaw il y avait eu un contrat privé
entre l'entreprise et la Caisse de dépôt et placement
qui prévoyait, pour une période de sept ans, le
maintien d'un niveau d'achat de produits locaux. Avec le recul,
plusieurs s'entendent pour dire qu'il s'est révélé,
en pratique, impossible de suivre les achats d'une entreprise
comme Loblaw.
Préserver le contrôle québécois de
Métro Inc., c'est notamment assurer aux producteurs et
aux transformateurs d'ici un accès privilégié
au marché local pour que ces derniers puissent atteindre
la masse critique qui leur permettrait d'accéder au marché
nord-américain et, voire dans certains cas, international.
Cet argument est d'autant plus fondé que la taille des
entreprises québécoises de transformation agroalimentaire
est relativement petite. Dans une proportion de 75 %, elles ont
moins de 49 employés. Pour prendre de l'expansion, leurs
dirigeants ont besoin de la compréhension et du soutien
des chaînes de détaillants en alimentation.
À cet égard, nombreux sont les détaillants
propriétaires qui appuient le développement de produits
locaux en leur réservant de l'espace de tablettes. Il va
de soi que cette sensibilité au développement d'entreprises
locales prend de moins en moins d'importance au fur et à
mesure que les grandes chaînes sont dirigées de plus
loin.
Si la vente de Métro se concrétisait, il n'y aurait
plus aucune chaîne de supermarchés qui assurerait,
en quelque sorte, un rôle de chien de garde contre l'uniformisation
des produits. Il y a fort à parier qu'il ne suffirait que
de peu de temps pour que les chaînes modifient leurs exigences
à l'égard des capacités et des critères
de production des agriculteurs et des transformateurs.
Le volume de la marque privée de Métro n'est pas
le même que celle de Loblaw pour ne donner que cet exemple.
Une marque privée peut occuper jusqu'à 40 % de l'espace
tablettes. Le rapport de force n'est définitivement pas
dans les mains des fournisseurs qui sont de plus en plus dans
un état de dépendance à l'égard des
grandes chaînes, surtout dans le contexte actuel de la consolidation
de l'industrie agroalimentaire. Seuls les plus importants fournisseurs
peuvent créer un certain équilibre. Malheureusement,
la plupart n'ont pas leur siège social au Québec.
Le commerce de détail en alimentation a de tout temps fait
l'objet de changements brusques. Pour la première fois
de son histoire contemporaine, le Québec pourrait se retrouver
sans contrôle sur sa chaîne de distribution alimentaire.
Est-ce souhaitable dans le contexte actuel? L'ensemble de l'industrie
agroalimentaire québécoise a besoin d'une chaîne
de supermarchés solide dont les perspectives de croissance
lui permettraient de croître au-delà des frontières
du Québec, et ce, au plus grand bénéfice
de l'un de nos secteurs économiques les plus importants.
Métro doit rester propriété québécoise.
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