25 janvier 2001 |
"Mouvement passif", l'exposition de Marc-André
Richard, étudiant au baccalauréat en arts plastiques,
sera présentée à la salle d'exposition du
pavillon Alphonse-Desjardins, du 29 janvier au 13 février.
À cette occasion, les visiteurs pourront admirer trois
installations composées de toiles sans châssis, peintes,
percées et suspendues dans les airs au moyen de tendeurs.
Tout en manifestant des préoccupations artistiques "pointues",
notamment au sujet des effets de tension et du principe d'adaptabilité,
ce jeune artiste ne néglige pas pour autant l'esthétisme
et le design. Ses oeuvres séduiront donc à la fois
le regard et l'intellect.
Dans sa démarche artistique, Marc-André Richard
va à contre-courant. Il refuse de croire, comme certains
artistes en art actuel le prétendent, que la toile constitue
un support périmé et limitatif. Il pense au contraire
qu'elle offre une multitude de possibilités, qu'il s'est
donné pour mission d'exploiter. Son point d'ancrage: pervertir
ce support traditionnel. "J'utilise la toile à l'état
brut, c'est-à-dire sans son châssis, explique-t-il.
J'en coupe des bouts que je mouille abondamment afin de les rendre
malléables. Je les étire ensuite à l'aide
de tendeurs. C'est sur ce nouveau support, suspendu dans les airs,
plutôt qu'accroché aux murs, que je peins."
Exercices d'étirement
Ce procédé cache une autre motivation, un autre
point d'intérêt. Depuis quelques années, Marc-André
Richard s'intéresse aux effets de tension. Bien avant d'exploiter
la toile, il travaillait le cuir et divers tissus qu'il maniait
et tendait au gré de ses fantaisies. Même ses sculptures
n'échappaient pas à cette préoccupation.
Des mécanismes permettant d'explorer ce phénomène
y étaient toujours incorporés. Avec la toile, il
pousse encore plus loin son étude. "En séchant,
la toile devient tapissée de veinures, fait-il remarquer.
Je les accentue donc, une à une, au moyen de la couleur.
Ainsi, en regardant mes installations, on ressent fortement la
tension."
Marc-André Richard expérimente aussi le principe
d'adaptabilité. Selon lui, le lieu d'exposition doit servir
de guide à l'installation des oeuvres. "Chaque lieu
impose des contraintes dont il faut tirer parti, dit-il. Avant
de monter une exposition, j'examine attentivement l'espace, les
points d'ancrages et l'éclairage qui me sont offerts. Des
trente pièces que comprend ce projet, je peux choisir d'en
exposer une, deux ou trente, selon l'endroit." À son
avis, l'installation des toiles fait partie intégrante
du processus de création.
Tendres pièges
Par ailleurs, son désir de se démarquer, de
faire les choses autrement ne se limite pas à sa démarche
conceptuelle. Ce jeune artiste souhaite en effet faire éclater
les barrières qui séparent le grand public et les
artistes en art actuel. Il veut sortir l'art de sa tour d'ivoire,
intéresser Monsieur et Madame tout le monde. Selon lui,
la meilleure façon d'attirer leur attention est de créer
des oeuvres proches d'eux. "Lorsque les gens voient mes installations,
ils cherchent instantanément leur fonction parce qu'elles
s'apparentent à des objets usuels, à des outils
techniques, affirme-t-il. C'est donc en leur montrant des objets
familiers que je développe leur intérêt. Je
leur tends un piège et ils y tombent."
Pour intéresser le grand public, Marc-André Richard
joue aussi la carte de l'esthétisme et du design. On peut
donc apprécier ses oeuvres pour le simple plaisir qu'elles
offrent au regard. Nul besoin, comme il le fait valoir, de comprendre
le concept. "Le côté esthétique de l'art
me hante depuis mes débuts. Je n'ai jamais cherché,
comme certains artistes, à l'évacuer, car je souhaite
que tous prennent plaisir à visiter mon exposition, autant
ceux qui possèdent un bagage de connaissances en art que
ceux qui n'ont aucun repère théorique."
La salle d'exposition du pavillon Alphonse-Desjardins est ouverte
du lundi au vendredi, de 9 h à 17 h.
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