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25 janvier 2001 ![]() |
COMMENT PERDRE SON TEMPS ALORS QU'ON NOUS DEMANDE D'ÊTRE
PERFORMANTS
Payer des droits d'auteurs sur les reproductions de textes
est un bon principe en soi. Mais encore faudrait-il être
assuré qu'ils sont versés aux bonnes personnes.
Pour ma part, j'ai envoyé une liste de mes publications
à l'ANEQ, j'utilise plusieurs de mes textes dans des recueils
préparés pour mes cours et au moins un de mes
collègues en utilise. Or, à date je n'ai jamais
reçu un seul sou.
Par ailleurs depuis trois ans, la déclaration des droits
d'auteurs est devenue une véritable farce. Les formulaires
et la façon de les remplir non seulement changent, mais
se compliquent à chaque année. Je passerai par dessus
les nombreux déboires que j'ai eus à remplir les
premiers formulaires écrits puis électroniques.
Que de perte de temps à reprendre ce qui disparaissait
de l'écran et à ne pas pouvoir enregistrer ce qui
était écrit! Pour ce trimestre-ci, nous ne pouvons
même plus les remplir nous-mêmes et nous devons passer
par l'intermédiaire du personnel secrétarial de
notre unité, ce qui allonge les délais déjà
trop longs.
Avant que l'Université n'impose par la menace de poursuite
judiciaire son monopole sur la reproduction des recueils de textes/notes
de cours, je faisais affaire avec une entreprise extérieure,
j'avais mes recueils dans les 48 heures et je les vendais moi-même
lors de la première séance du cours. Cette année,
j'ai remis mes listes de textes et mes manuscrits à la
secrétaire responsable les 3 et 4 janvier respectivement
et aujourd'hui, le 17 janvier, j'attends toujours que mes recueils
soient mis en vente à Zone. Il faut dire que dans un cas
j'ai dû reprendre la liste de déclaration des droits
d'auteurs deux fois parce qu'on exige cette année des
informations qui n'étaient pas demandées l'année
dernière et qu'il faut souvent retourner les chercher à
la source, qui n'est pas toujours Ariane. Par exemple, où
peut-on trouver le nombre de pages d'un numéro de revue,
à moins que l'on aille sur les rayons de la bibliothèque
et à condition que nous ayons la revue. À ce sujet,
les exigences se multiplient à chaque année et il
faut prévoir que bientôt on nous demandera de déclarer
le nombre de mots dans chaque texte ou encore la liste de tous
les ouvrages cités. Quand on est si bien partis, pourquoi
s'arrêter? Cela créé de nombreux emplois,
semble-t-il.
Ces nouvelles exigences perpétuelles et la multiplication
des intermédiaires font que l'utilisation des recueils
de textes/notes de cours devient un handicap plutôt qu'une
aide pédagogique. Selon ma démarche pédagogique
j'ai besoin de mes recueils dès le premier cours, puisqu'ils
contiennent des notes personnelles utilisées en classe
et que les étudiants doivent commencer à lire
certains textes dès la première semaine de cours.
Depuis deux ans, en l'absence de recueils au tout début
des cours, je suis obligé de faire des photocopies des
premières pages des recueils qui me sont nécessaires
pour étayer la matière présentée en
classe. Ceci représente encore, bien sûr, une perte
de temps et d'argent inutile. Devant une situation qui se détériore
à chaque année, au lieu de s'améliorer comme
on nous le laisse sans cesse miroiter, j'ai décidé
de ne plus utiliser de recueils de textes dans mes cours, quitte
à modifier ma démarche pédagogique en utilisant
les fameux transparents. Tant pis pour les étudiants qui
auront à prendre davantage de notes manuscrites. Je
donne ainsi raison aux collègues qui se moquent de moi
parce que je fais l'effort - considérable en temps - de
préparer des recueils de textes et de notes de cours.
J'invite aussi mes collègues pris avec les mêmes
problèmes d'inefficacité bureaucratique et de perte
de temps précieux à faire de même et à
priver ainsi l'Université des profits de la vente trop
tardive des recueils de notes de cours et de textes, souffrant
du même mal que tous les monopoles, celui de l'inefficacité.
On me répondra facilement que je n'ai qu'à prendre
de l'avance et à déposer mes déclarations
de droits d'auteurs au mois de décembre. Pour ma part,
avec l'échéancier de fin de session que nous impose
la direction universitaire, je n'ai même pas le temps d'y
penser si je veux éviter d'être pris à passer
tout le temps du congé des fêtes à corriger
des examens ou à préparer des recueils de cours.
Des pertes de temps inutiles, alors que nous devons être
performants, délivrez-nous, monsieur le recteur.
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