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8 juin 2000 ![]() |
Le Centre d'études nordiques
(CEN) vient de recevoir des subventions totalisant près
de 900 000 $ pour la réalisation de trois projets de recherche
portant sur les changements climatiques dans le Nord québécois.
Ces projets visent à reconstituer les fluctuations des
niveaux d'eau au cours des deux derniers siècles, à
évaluer les impacts climatiques des réservoirs hydro-électriques
sur les forêts nordiques et à étudier les
tendances climatiques dans le Nord québécois.
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Photo Yves Bégin |
Décoder le passé
Le premier projet, mené par les équipes de Yves
Bégin et Serge Payette, vise à reconstituer les
fluctuations des précipitations dans le secteur du complexe
La Grande au cours des deux derniers siècles en faisant
appel à une méthodologie mise au point par les deux
chercheurs. Cette méthodologie repose sur différentes
réactions physiologiques, écologiques et mécaniques
des arbres à des stress environnementaux. Elle combine
l'analyse de la dendrochronologie (anneaux de croissance), des
formes de croissance (formes arborescentes ou rabougries), des
bris causés par la neige ou par la poussée des glaces
sur les arbres bordant les plans d'eau ainsi que sur la progression
et le recul des arbres en périphérie des lacs.
Les chercheurs porteront leur attention sur les lacs de tête. "Ces lacs agissent en quelque sorte comme des pluviomètres puisque les seuls apports d'eau proviennent des précipitations sous forme de pluie ou de neige", explique Yves Bégin, le directeur du CEN. Les données recueillies serviront à établir le régime de fluctuations des précipitations à l'échelle des siècles. Hydro-Québec espère utiliser ces données pour raffiner ses prédictions des niveaux d'eau dans les réservoirs hydro-électriques du Nord québécois.
Pour anticiper l'avenir
Le second projet, supervisé par Yves Bégin et
Luc Sirois, servira à déterminer les effets climatiques
des réservoirs hydro-électriques sur l'environnement
forestier, plus précisément sur les forêts
qui couvrent les îles du réservoir Robert-Bourassa.
Ce grand réservoir, mis en eau à la fin des années
1970, est soupçonné d'engendrer des effets climatiques
locaux. Les premières études menées par le
CEN ont révélé que la saison de croissance
des arbres commençait trois semaines plus tard dans ce
milieu. "Ces îles vont devenir des enclaves de paysages
typiques de la forêt retrouvée 200 kilomètres
plus au nord", anticipe Yves Bégin.
Le dernier projet mettra à profit les données recueillies depuis 1988 par le réseau de télémétrie environnementale du CEN. Le Centre dispose d'une quarantaine de stations, réparties à travers le Nord québécois, qui mesurent en continu un ensemble de variables environnementales et climatiques. Les stations retransmettent ces données vers les laboratoires du CEN, sur le campus de l'Université Laval. Grâce à ce réseau, le CEN a chiffré à 3 degrés Celsius l'augmentation moyenne de température dans le Nord québécois depuis 1988. Les tendances climatiques à long terme sont aussi étudiées grâce à de longues séries dendroclimatiques (cernes de croissance des arbres) à l'échelle des derniers siècles. Les chercheurs du CEN, Yves Bégin, Serge Payette, Louise Filion, Michel Allard et Richard Fortier, et leurs collègues extérieurs Yves Michaud, Alain Bourque et Joël Guiot, poursuivront l'analyse des données fournies par ces stations dans le but de suivre les tendances climatiques et d'identifier des variables sensibles servant à valider un modèle climatique régional.
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