10 février 2000 |
Le mot "suicide" est du genre masculin. Il l'est aussi - ô combien - dans la vie de tous les jours. Au Québec, 80 % des suicides enregistrés en 1997 avaient été commis par des hommes. "Le suicide représente une cause importante de mortalité chez les hommes de 15 à 39 ans avec près de quatre décès sur dix. Chez les 20-24 ans, le nombre de suicides des hommes excède celui des femmes de 86 %", révèle Sylvie Gamache, conseillère d'orientation au Service d'orientation et de counseling de l'Université Laval.
Ces statistiques peu réjouissantes servent de toile de fond, cette année, à la Semaine provinciale de prévention du suicide qui se déroulera du 13 au 19 février, sous le thème "La souffrance n'a pas de genre". "Encarcanée" dans son image stéréotypée d'"homme fort", la douleur intérieure masculine s'exprime peu et quand elle réussit enfin à se "socialiser", elle est parfois mal comprise. "Les hommes ont de la difficulté à consulter, puisqu'ils craignent que cela soit perçu comme un signe de faiblesse, mettant en échec les attributs masculins de la compétence, du succès, de la réalisation de soi", constate la conseillère d'orientation.
Les maux pour le dire
Devant l'urgence d'une action commune que commande l'ampleur
de ce phénomène d'autodestruction nourri par l'incompréhension
et l'isolement, le Groupe de prévention du suicide, mis
sur pied par le Service d'orientation et de counseling de l'Université,
participera lui aussi à la Semaine provinciale. Celui-ci
présentera en effet une conférence, intitulée:
"Le suicide et les hommes: les maux pour le dire", le
jeudi 17 février à 12 h, au Grand salon du pavillon
Maurice-Pollack. Les conférenciers invités seront:
Germain Dulac, chercheur associé au Centre d'études
appliquées sur la famille et professeur à l'École
de service social de l'Université McGill; Michel Dorais,
professeur à l'École de service social de l'Université
Laval; Marc Chabot, professeur de philosophie au Cégep
François-Xavier-Garneau; et Michael Sheehan, bénévole
au Centre de prévention du suicide de Québec.
Signalons qu'à cette occasion, le Centre de prévention du suicide de Québec, le Centre de crise de Québec, le Centre de ressources Autonhommie et le Service d'orientation et de counseling de l'Université seront sur place pour donner de l'information et répondre aux interrogations des personnes qui s'intéressent à cette problématique.
"Nous voulons sensibiliser les hommes et leurs proches à la souffrance masculine, les amener à la reconnaître et à en parler, explique Sylvie Gamache. Nous voulons également les informer des ressources disponibles. Nous devons les convaincre de la nécessité, de la possibilité et de l'urgence d'agir." Quand il s'agit de briser l'isolement, "c'est une force de demander de l'aide, et non une faiblesse", soutient-elle.
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