10 février 2000 |
Les universités du Québec ne doivent pas s'attendre à recevoir du gouvernement du Parti québécois la "manne providentielle" du réinvestissement qui leur donnerait un nouvel élan et qui comblerait les profonds trous financiers qui se sont creusés dans la plupart des établissements du réseau, au cours des dernières années, en raison notamment des diminutions successives du montant des subventions versées par un État courant à toutes jambes vers le déficit zéro. "Les demandes en réinvestissement des universités, de la CREPUQ, s'élèvent à 700 millions de dollars. Ce qui voudrait dire que l'on donnerait au moins 400 millions de plus que l'Ontario per capita alors que nous sommes 20 % moins riches par habitant que cette province. Je pense que c'est utopique", a répondu le ministre de l'Éducation, François Legault, au journaliste du Fil qui venait de lui demander s'il se sentait capable d'acquiescer aux demandes des établissements universitaires alors que tous les efforts de renflouement du gouvernement semblent présentement converger vers le secteur de la santé. |
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Photo Marc Robitaille |
Entre les lignes
Tout au long de son "tête-à-têtes"
d'une heure avec les journalistes du campus, le ministre de l'Éducation
n'a d'ailleurs pas manqué d'utiliser à doses judicieuses
les deux étalons de la santé et de la situation
financière de notre province voisine pour mieux démontrer
subtilement - c'est-à-dire pour nous faire ligne entre
les lignes - la mince marge de manoeuvre budgétaire dont
pourrait "profiter" le secteur de l'éducation.
Deux exemples. D'abord, celui dont les médias font leurs choux gras depuis des mois. "À cause du vieillissement de la population que l'on connaît au Québec, on prévoit que d'ici à 25 ans, le coût des programmes de santé va doubler en dollars réels, au même moment où l'on va compter deux travailleurs pour un retraité (alors que la proportion actuelle est de six travailleurs pour un retraité)... Les prévisions nous montrent également qu'à compter de 2010, l'augmentation annuelle des coûts de santé va être plus grande que l'augmentation annuelle des revenus prévus... en supposant qu'il n'y ait pas de récession", a illustré le ministre, en rappelant le boulet de la dette accumulée de 100 milliards, qui coûte six milliards d'intérêts annuellement... soit l'équivalent des deux tiers du budget affecté à l'éducation.
Ensuite, celui de la province dominante du Canada. "Regardons du côté de l'Ontario pour voir les choix que nous avons à faire, a poursuivi le ministre. Cette dernière consacre à ses universités un pourcentage moins élevé de son PIB (produit intérieur brut), c'est-à-dire de sa richesse, que le Québec. Par contre, si nous comparons les dépenses de nos universités avec celles des établissements de l'Ontario au chapitre du per capita, nous constatons un écart qui varie entre 160 et 300 millions de dollars, selon la méthode de calcul utilisée."
Donnant, donnant
L'époque des coupures gouvernementales semble néanmoins
révolue, s'il faut en croire le ministre de l'Éducation.
François Legault tient maintenant le discours du nouveau
contexte où l'on doit envisager un réinvestissement,
mais pas n'importe lequel: il devra s'agir d'un réinvestissement
"donnant, donnant".
"Quand je dis "donnant, donnant", je parle de performance, de faire ses devoirs tant sur le plan de la rationalisation des programmes que des conventions collectives. Je suis personnellement partisan d'une société où il y a non seulement plus d'équité, mais aussi plus d'efficacité. Il faut être plus équitable envers ceux qui en ont le plus besoin. Mais ce n'est pas vrai que toutes les bonnes conditions doivent toujours aller aux mêmes, entre autres, aux babyboomers, et que nous n'avons pas le droit de leur demander plus d'efficacité, une efficacité comparable à celle des autres universités québécoises, à celle des universités ontariennes", a-t-il confié.
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