10 février 2000 |
En signant l'accord de Kyoto sur le réchauffement climatique en avril 1998, le Canada s'est engagé à réduire significativement ses émissions de gaz à effet de serre. Pour la période 2008-2012, ces émissions devraient être 6 % inférieures à leur niveau de 1990. Lorsqu'on compare les performances récentes du Canada à ce chapitre et l'objectif visé, il y a de quoi avoir chaud. | |
Photo Marc Robitaille |
Ce n'est pas par hasard si cet aspect de l'impact du transport urbain figure en bonne place dans un projet plus vaste qu'un groupe international de chercheurs, dirigé par le professeur Lee-Gosselin, a soumis au septième concours national du programme des Grands travaux de recherche concertée. Après tout, il en va de la réputation du Canada sur la scène internationale. Et ce n'est pas un hasard non plus si le ministre responsable du Conseil de recherche en sciences humaines (CRSH), John Manley, a annoncé le 8 février, que le groupe dirigé par Laval pouvait espérer jusqu'à 2,2 millions de dollars au cours des cinq prochaines années pour mener à bien son projet.
Les Grands travaux de recherche concertée est un programme du CRSH qui "appuie les travaux de recherche de grande envergure qui amène des masses critiques d'expertise en recherche à s'intéresser à des questions complexes exigeant profondeur et ampleur de perspective". Le projet échafaudé sous la gouverne du professeur Lee-Gosselin répond on ne peut mieux à ces critères: 15 chercheurs principaux provenant de 5 universités canadiennes et de 6 universités américaines, suédoises, britanniques et australiennes collaboreront au projet "Accès aux activités et aux services dans les villes canadiennes: les comportements qui influent sur l'équité et la viabilité". Parmi ce groupe, mentionnons la participation des professeurs de Laval, Denis Bolduc (Économique), François DesRosiers (Gestion urbaine et immobilière), Marius Thériault (Géographie) et Paul Villeneuve (Aménagement).
"Nous sommes très fiers d'avoir reçu un soutien financier pour une question qui, habituellement, tombait à mi-chemin entre le CRSH et le CRSNG, signale Martin Lee-Gosselin. Il y a beaucoup d'informatique dans nos travaux mais il faut aussi comprendre comment agissent les personnes, les ménages, les entreprises et les organisations si on veut produire de meilleurs modèles. À ma connaissance, c'est la première fois en Amérique du Nord qu'on assiste à un aussi bel effort pour financer l'interdisciplinarité."
Quatre volets
L'objectif que se sont donné les 15 chercheurs associés
au projet n'est pas mince: réinventer les modèles
utilisés dans les grandes régions urbaines pour
comprendre les interactions entre l'évolution des transports
et l'utilisation du territoire. "La plupart des modèles
qui s'intéressent à ces questions ont été
développés de façon cloisonnée, explique
le chercheur. L'originalité de notre approche est que nous
voulons les intégrer en prenant en compte les processus
décisionnels qui font que les comportements des usagers
évoluent dans le temps et dans l'espace. Nous allons ainsi
produire des modèles de micro-simulation beaucoup plus
flexibles et sensibles qui pourront servir à prédire
les impacts de différentes mesures publiques sur les transports
et sur l'occupation du sol. Entre autres, nous pourrons prédire
les effets de certaines mesures touchant le transport sur l'émission
des gaz à effet de serre."
Le projet se subdivise en quatre volets. Le premier porte sur les processus décisionnels au sein des institutions qui planifient le développement des activités et des services en milieu urbain. Le second vise la compréhension des comportements des individus et des entreprises (mode de transport, déplacements pour le travail, les loisirs, les services, etc.), comportements qui ont des répercussions importantes sur la demande en transport et sur l'utilisation du territoire. Le troisième volet cherchera à cerner comment les institutions, les individus et les entreprises interagissent pour produire une évolution involontaire mais modifiable du milieu urbain. Enfin, le quatrième volet consiste à utiliser les cas concrets des villes de Québec, Toronto et Edmonton comme bancs d'essai pour l'implantation des nouveaux modèles de simulation.
"Nos modèles ne vont pas régler les problèmes des gaz à effet de serres, reconnaît d'emblée Martin Lee-Gosselin. Par contre, il y a quelques jours, je participais à un atelier qui réunissait à Toronto tous les responsables de la planification des transports des grandes régions du Canada et j'en suis revenu avec la conviction qu'ils ont tous soif pour le genre d'outils que nous allons mettre au point."
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