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10 février 2000 ![]() |
Après une interruption de quelques années, le
Cercle de littérature et de psychanalyse de l'Université
Laval a repris ses activités, le 21 janvier, animé
par Christiane Kègle, professeure à la Faculté
des lettres. Les rencontres se tiennent un vendredi sur deux,
de 19 h à 21 h, au local 2282-A du pavillon Charles-De
Koninck. Elles sont ouvertes à tous les personnes qui souhaitent
appréhender l'univers complexe de la psychanalyse et ouvrir
leurs horizons à la fois littéraires, sociologiques
et anthropologiques. Leur défi cette année: tenter
de mieux saisir, à partir de textes suggérés
par les membres du cercle, le concept de sublimation, en tant
que structure existentielle, tel que développé par
le psychanalyste français Jacques Lacan.
Fondé dans les années 1970 par Jeanne Lapointe et coanimé par Raymond Joly, tous deux professeurs au Département des littératures, le Cercle de littérature et de psychanalyse présentait déjà, à cette époque, un caractère pluridisciplinaire. Il a même un temps été rattaché à l'Institut supérieur des sciences humaines, dirigé par le sociologue Fernand Dumont. À la fin de cette décennie, Raymond Joly a pris, seul, la relève jusqu'en 1992, année du début de la collaboration de Christiane Kègle. Deux ans plus tard, le cercle a été remplacé par le défunt Groupe lacanien de l'Université Laval, dont plusieurs membres ont rejoint les rangs de l'École freudienne de Québec. Il renaît aujourd'hui, à la suite de l'intérêt manifesté par des étudiants inscrits au cours Théorie de la littérature. Littérature et psychanalyse donné par Chrystiane Kègle, l'autonme dernier.
Discours sur le discours
Lors des ateliers, les participants évitent d'emprunter
la voie de la psychanalyse d'auteurs. Ils privilégient
plutôt une approche lacanienne, en axant leurs analyses
sur les discours, considérés comme substrats de
l'inconscient. "Lacan, qui a repris les travaux de Freud,
a beaucoup insisté, explique Christiane Kègle, sur
le rôle clé que joue le langage dans la détermination
du symbolique, l'une des trois grandes structures de l'inconscient,
qui abrite la dimension culturelle et les structures parentales
et sociales de l'être humain. `` L'inconscient, c'est le
discours de l'autre ``, disait-il. D'où l'importance de
s'y arrêter. D'ailleurs, Freud et Lacan reconnaissaient,
eux-mêmes, que les écrivains en connaissent davantage
sur cette partie imperceptible à la conscience humaine
que les cliniciens. À chaque rencontre, nous lisons donc
des textes et réfléchissons sur le contenu de chaque
paragraphe." Au cours des réunions prévues
à la session d'hiver, les participants tenteront, surtout,
de comprendre comment s'opère la sublimation, c'est-à-dire
la transformation des pulsions inacceptables en valeurs socialement
reconnues et les différents conflits intérieurs
que ce processus occasionne.
En plus d'aborder des questions propres à la psychanalyse, le Cercle de littérature et de psychanalyse se penche sur des problématiques bien rattachées au quotidien. À la première réunion, par exemple, la discussion a débouché sur un questionnement concernant des statistiques inquiétantes qu'affiche le Québec, en ce qui a trait aux taux de suicide et de décrochage scolaire. Il est ressorti de cet échange que cette situation est imputable à un manque de repères identitaires des individus, dû à une défaillance du symbolique au sein de la société québécoise. On a aussi essayé de comprendre les phénomènes de l'appauvrissement de la programmation télévisuelle sur le plan culturel et l'effritement de la qualité du français au Québec. En somme, les membres cherchent à ratisser large pour mieux saisir certaines dimensions de l'être humain et le monde dans lequel il baigne.
Les prochaines réunions se tiendront les 28 février, 13 mars, 27 mars, 10 avril et 24 avril. Pour informations: Christiane Kègle au 656-2131, poste 7127.
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