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27 janvier 2000 ![]() |
UN DIFFÉREND COÛTEUX
Depuis quelques temps déjà, nous étions
au fait du différend qui opposait MM. François Hubert
et Rodolphe De Koninck, tous deux professeurs au Département
de géographie. En effet, cette querelle débuta il
y a quatre ans lorsque M. De Koninck accusa, entre autres, son
collègue de détournement de fonds. M. Hubert décida
alors de déposer une plainte pour diffamation contre lui,
puis contre l'Université elle-même.
Or voilà que nous apprenons, dans l'édition du
Devoir du samedi 22 janvier, que cette saga connaîtrait
enfin un dénouement heureux. En effet, les différents
acteurs impliqués dans le litige en seraient récemment
venus à une entente hors cour. Fort bien ! Mais là
où le bât blesse, c'est lorsqu'on apprend que c'est
l'Université qui défraiera les frais juridiques
reliés à cette affaire. Il se pourrait même
que l'institution offre à M. Hubert un montant qui serait
gardé secret, en guise de dédommagement.
Inutile de dire qu'en tant qu'étudiants, de telles informations
nous font sourciller. D'un côté, nos dirigeants d'université
se plaignent sempiternellement du manque de ressources dont souffre
l'éducation au Québec, et de l'autre, ils dilapident
nos frais de scolarité à des usages pour le moins
douteux. Pourquoi les étudiants doivent-ils payer pour
cette solution hypocrite que choisit l'Université afin
de mettre un terme à une telle chicane ? Ne serait-il pas
normal que ces personnes prennent leurs responsabilités
et assument elles-mêmes leur choix d'entreprendre de coûteuses
procédures juridiques ?
Tant que l'Université ne définira pas ses priorités
budgétaires, nous subirons les frais de telles aberrations.
Et des individus pourront continuer à se chamailler tout
en sachant qu'ils n'ont pas besoin d'assumer les conséquences
de leurs actes, pouvant même se permettre le luxe de la
Cour...
POUR UN MONDE PLUS JUSTE ET ÉQUITABLE
L'humanité, à défaut de sombrer dans
le chaos en l'an 2000, fait toujours face à de nombreux
défis si elle veut poursuivre sa formidable aventure pour
encore un autre millénaire. L'une des préoccupations
majeures de notre mondialisé" a trait à la
manière dont nous voulons vivre collectivement sur la planète.
Si l'on s'émerveille devant les récents progrès
techniques qui font que nous vivons plus longtemps, communiquons
et voyageons plus rapidement et plus facilement, ou encore qui
nous font rêver devant les multiples possibilités
d'Internet, il n'en demeure pas moins qu'une personne sur quatre
ne gagne pas un dollar par jour, que deux milliards d'êtres
humain n'ont pas accès à l'eau potable et qu'il
y a plus de 100 millions de sans-logis à travers le monde.
La compétitivité et la productivité économique mènent aujourd'hui la destinée de l'humanité entière mais, de plus en plus, des hommes et des femmes, au Nord comme au Sud, refusent ce modèle de développement, s'opposant vivement à cette vision réductrice de la condition humaine. De plus, ces individus, qui se comptent par millions, optent plutôt pour des rapports sociaux, économiques et culturels qui sont davantage fondés sur la coopération et la solidarité. Douce revanche, plusieurs de ces expériences nous proviennent des pays en développement.
Dans l'optique de partager ces préoccupations et de diffuser ces expériences novatrices de développement, le comité local de l'EUMC (Entraide universitaire mondiale du Canada) de l'Université Laval vous invite à participer à son colloque "Le bogue du développement : reprogrammer nos idées " qui se déroulera du 4 au 6 février au pavillon Palasis-Prince. Le commerce et le développement, la participation de la société civile, les technologies de l'information et de la communication, les tendances en agriculture, la question de la dette et le renforcement du pouvoir des femmes sont autant de thèmes qui retiendront l'attention au cours du colloque.
Michel Chossudovsky, auteur du célèbre essai La mondialisation de la pauvreté, prononcera la conférence d'ouverture, le vendredi 4 février, en soirée. L'entrée est libre pour cet événement et le grand public est cordialement invité à y participer. Samedi matin, Lyne Caron et Moussa Konaté, de l'ONG SUCO, partageront avec le public la formidable expérience de développement du village malien de Sanankoroba. Alain Crevier, animateur à Radio-Canada, animera un débat samedi après-midi sur les médias de masse et les enjeux du développement. Ivan Bernier, professeur à l'Université Laval, prononcera une conférence sur les dernières négociations de l'OMC alors que son collègue Sylvain Dessy abordera la question de la dette des pays en développement. François Demers, du Département d'information et communication de la Faculté des lettres, exposera ses vues sur les revendications des groupes alternatifs par l'intermédiaire des technologies de l'information, notamment avec les exemples du mouvement zapatiste du Chiapas, de l'opération SALAMI et de l'échec des négociations de l'OMC à Seattle. Dorval Brunelle, professeur à l'UQAM, donnera un atelier sur le RQIC (Réseau québécois sur l'intégration continentale) et participera à une discussion sur le commerce et le développement international. Des ateliers seront également donnés samedi et dimanche par la Chaire sur le développement international de l'Université Laval et par des ONG de développement tels que le Plan Nagua, Équiterre, Alternatives, Développement et paix, la Coalition pour la Marche mondiale des femmes, SUCO et CUSO. Ceci n'est qu'un bref aperçu des activités prévues.
Nous vous invitons à communiquer avec le comité organisateur pour de plus amples renseignements ou, encore, à consulter notre site internet (http// :pages.infiniT.net/kaya/eumc/) pour en savoir plus sur la programmation du colloque. Il n'en coûtera que 5 dollars pour s'inscrire au colloque. C'est donc un rendez-vous à ne pas manquer!
AOL, TIME WARNER, MICROSOFT ET OTTAWA
Lettre ouverte envoyée au ministre fédéral
de l'Industrie, M. John Manley
Monsieur le Ministre,
Je vous écris ces quelques lignes afin de vous faire part
de mes craintes et inquiétudes soulevées par le
récent projet de fusion entre America Online (AOL pour
les intimes) et le déjà gros conglomérat
médiatique Time Warner, pour plus de 200 milliards de dollars
si on compte tout ça en devises canadiennes.
En effet, s'il y a une chose qu'un pays démocratique qui
se respecte doit éviter, c'est bien la concentration dans
les médias et le contrôle de l'information (pour
ne pas dire une censure à l'extrême) par un nombre
restreint d'individus et/ou de compagnies. Time Warner possède
déjà une compagnie de câble, les réseaux
de télévision CNN, HBO et TBS, les magazines Sports
Illustrated, People et Time, le géant
du cinéma Warner Bros., Warner Music et une équipe
de sports professionnels pour ne nommer que ceux-ci. America Online,
quant à elle, a à son actif plus de 20 millions
d'abonnés à son service d'accès à
Internet ainsi que l'écrasante majorité des internautes
qui communiquent entre eux par messagerie instantanée par
le biais d'AOL Instant Messenger et d'ICQ (pour ne pas dire qu'elle
monopolise ce secteur du Net). Et il semblerait qu'AOL, toujours,
désire avoir la part du lion en matière d'accès
à Internet à haute vitesse.
Je vous saurais gré qu'Industrie Canada jette un coup d'oeil
sur ce dossier. De plus, je désire avoir votre avis sur
la compagnie américaine Microsoft, que j'aime beaucoup,
dont je suis une fidèle et fière cliente et actionnaire.
Comme vous le savez sans doute, voilà bientôt deux
ans que la compagnie est en cour parce que le Département
américain de la justice la soupçonne de violer les
lois américaines anti-monopole. Puisque la loi en matière
de concurrence est différente dans notre pays, je voudrais
bien savoir une bonne fois pour toutes si Microsoft viole la loi
canadienne sur la concurrence, et si un tel procès aurait
sa raison d'être à Ottawa.
Dernièrement, dans sa réponse à une question
similaire que je lui ai envoyée, le Bureau de la concurrence
a semblé me dire que Microsoft n'est pas en infraction
avec nos lois, mais les lois ne sont pour moi que des textes officiels
qui me sont si difficiles à comprendre, à interpréter
et à appliquer à des cas concrets, comme le dossier
Microsoft. Je ne suis pas une avocate.
Croyez-vous sincèrement que les pratiques commerciales
de la compagnie de Bill Gates (et de Steve Ballmer depuis peu)
sont douteuses et peuvent causer du tort irréparable aux
citoyens canadiens d'un océan à l'autre? Jusqu'à
maintenant, jamais je n'ai eu à me plaindre des produits,
des services et du service à la clientèle de Microsoft,
et jamais je ne me suis sentie bafouée dans mes droits
de consommateur quand j'ai volontairement choisi d'encourager
cette compagnie au lieu des autres, comme Netscape. Au contraire,
c'est à Microsoft et à son grand travail que je
dois l'explosion de l'informatique ainsi que le doux ronronnement
d'un ordinateur dans ma modeste chambre à coucher.
Quelle est votre position, et quelle est la position officielle
d'Industrie Canada? Vous avez reçu M. Gates lui-même
à Toronto en octobre 1998, juste avant que débute
cette saga judiciaire. Quel effet cet homme vous faisait-il? A-t-il
vraiment l'air d'un homme arrogant et cruel qui ne veut qu'avoir
le pouvoir, l'argent et la gloire? Ou n'est-ce qu'un honnête
citoyen de nos voisins du Sud qui cherche simplement à
gagner sa vie et à promouvoir ses idées en faisant
des affaires dans toute cette grande soupe technologique?
Devrait-on s'interroger sur l'impact d'une scission de Microsoft,
en trois morceaux ou plus, sur nos entreprises canadiennes qui
ont choisi d'utiliser des ordinateurs qui roulent sous Windows,
ou qui développent des logiciels pour l'environnement Windows?
Devrait-on vraiment craindre un impact majeur sur l'innovation
technologique advenant la défaite de Microsoft en cour
suprême américaine, ses dirigeants semblant vouloir
lutter jusqu'au bout pour affirmer leur innocence, en laquelle
je crois sincèrement?
Ottawa devrait-il mettre en garde, officiellement et publiquement,
le gouvernement des États-Unis, partenaire commercial par
excellence du Canada, contre l'intervention de l'État dans
une industrie aussi florissante que la haute technologie, qui
n'a absolument pas besoin d'un redressement aussi radical et inutile
qu'une action antitrust, quand le marché nous montre pourtant
qu'il n'y a pas de monopole?
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l'expression de
mes sentiments les meilleurs.
LA CLARTÉ DES SOMBRES DESSEINS DE STÉPHANE DION
"On n'est pas, monsieur, un homme supérieur parce qu'on aperçoit le monde sous un jour odieux." - Chateaubriand, René.
L'individu désire protéger les Québécois
contre eux-mêmes. En ce pays, c'est bien connu depuis son
mentor Pierre-Elliott, la démocratie n'occupe qu'une des
deux rives de la Ottawa River.
J'observe attentivement Stéphane Dion depuis que cet homme
régence le fauteuil des Canadian Affairs à
Ottawa. Rien à faire. Je ne réussis pas à
me délester de ma petite théorie quant à
ce qui le mobilise dans une ferveur toute religieuse. Il y a chez
ce garçon une pathologie caractérielle, voire caractérisée,
qui l'incite à s'estimer lui-même d'intelligence
supérieure simplement en s'opposant à l'opinion
de gens intellectuellement bien outillés. À commencer
par son propre père. Descartes revisité: "Tu
penses, ergo je suis pensant."
Fallait... y penser. D'emblée piètre souverainiste
au sein d'un aréopage déjà bien garni, ne
lui restait en effet que l'éventualité d'occuper
la forteresse d'en face: "Dans une même arène,
la lumière de l'ennemi rejaillira sur moi comme par définition."
Qu'importe la Cause, aurait dit le D[i]on Quichotte manière
Brel, pourvu qu'il y ait la gloire...
La médiocrité c'est comme la poussière. Elle
trouve toujours où se loger.
Je vous l'accorde, voilà un mot un tantinet arrogant. "Mais
que voulez-vous?", pourrait enchaîner derechef son
fidèle compagnon d'armes: il y a comme une atmosphère...
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