14 octobre 1999 |
"C'EST MA VIE APRÈS TOUT!"
Dans le journal Au fil des événements (Volume
35, numéro 6, 30 septembre 1999), Madame Renée Larochelle
rapporte les propos du docteur Réjean Thomas, tenus le
22 septembre dernier à l'agora du pavillon Alphonse-Desjardins.
Il a prononcé une phrase au sujet de La Maison Michel Sarrazin,
lourde de conséquences, qui ne reflète pas la vérité
et mérite correction. Je rapporte ici cette phrase: "Seuls
les gens ayant les moyens de se payer des soins palliatifs - dans
les maisons comme La maison Michel-Sarrazin, par exemple - avaient
la possibilité de mourir dignement." Nos principes
et notre pratique, depuis 15 ans, auprès des malades en
fin de vie, démentent cette assertion. Dans nos documents
officiels, et ce depuis la conception du projet, on peut lire:
"La Maison Michel Sarrazin est une corporation privée
à but non lucratif. Elle accueille, sans discrimination,
les malades atteints de cancer en phase terminale et procure le
soutien nécessaire aux proches du mourant. Les services
qu'elle offre aux malades sont entièrement gratuits".
En pratique, depuis 1983, l'équipe de La Maison Michel Sarrazin a offert des soins à plus de 6 000 malades dont plus de 3 568 ont été admis à la Maison Michel Sarrazin elle-même, les autres étant été suivis à domicile, conjointement avec le personnel infirmier des CLSC et leur médecin de famille. La provenance de ces malades est uniformément répartie selon les quartiers de la région métropolitaine de Québec et selon les caractéristiques sociales de la population, sans discrimination. Enfin, aucun frais n'est demandé au patient ou à sa famille pour recevoir ces soins.
Je me devais de corriger cette fausse déclaration lancée par le conférencier ci-haut nommé.
DES MODIFICATIONS
GÉNÉTIQUES INQUIÉTANTES
On entend de plus en plus parler des organismes génétiquement modifiés (OGM), ces temps-ci. Certains faits capitaux sont cependant cachés ou oubliés. Ainsi, le fait que les aliments transgéniques n'ont pas à être étiquetés comme tels est plus le résultat de la pression politique des grandes firmes de biotechnologie que celui d'une décision indépendante, objective, du gouvernement fédéral. La vérité est que l'étiquetage obligatoire aurait sonné le glas des OGM et des profits mirobolants pour les compagnies de biotechnologie, car il aurait alerté le public à propos de la merde qui se trouve dans leur nourriture. Nourriture qui ressemble de plus en plus à un ramassis de gènes épars et de protéines de synthèse, c'est-à-dire de moins en moins à de la nourriture vivante. Les distributeurs en alimentation du Québec sont d'ailleurs contre l'étiquetage, mais ils souhaitent simplement que nous ne nous inquiétions pas pour rien. On se croirait en plein 1984 quand un organisme du nom de Santé Canada nous fait manger de force des aliments triturés génétiquement, dénaturés, dont les effets secondaires commencent à peine à être connus et qu'il ose appeler "aliments nouveaux" dans ses publications. Le "Miniver", ça vous dit quelque chose?
Parlons des avantages des OGM. Le principal serait de parvenir à éliminer la faim dans le monde, car les champs seraient plus productifs (ce qui reste à prouver, car on a observé des rendements moindres pour certaines cultures transgéniques). L'intention est louable, mais le moyen est absurde, car on produit déjà suffisamment pour nourrir la planète. Et si on se rend compte, d'ici quelques années, que la consommation d'aliments transgéniques est dangereuse ou mortelle? On sera bien avancé. De plus, on épand moins d'insecticides dans les champs, donc on pollue moins. Cela est vrai à très court terme, car dès que les insectes ravageurs (pyrale, doryphore...) seront devenus résistants à la Bacillus thuringiensis (cela se fait en quelques générations à peine), on devra soit revenir à l'épandage traditionnel, mais avec un autre insecticide, plus dangereux que le Bt, soit manipuler les plants pour qu'ils produisent un insecticide de synthèse ultra puissant. Bonjour la pollution! Et il ne faudrait pas oublier les OGM résistants à un herbicide à large spectre. Ces OGM présentent un grand avantage: on peut épandre l'herbicide après que les plants aient commencé à pousser, ce qui était impossible avant, l'herbicide détruisant toute végétation, sans distinction. C'est-à-dire qu'il y aura plus d'herbicides dans le sol et plus de résidus d'herbicides dans les aliments. Et quand on sait que l'insecticide Roundup de Monsanto, par exemple, endommage sérieusement le patrimoine génétique des grenouilles
Tous ces avantages sont encourageants, mais il y a des dangers. La transmission, par pollinisation ou par les bactéries présentes dans le sol, de gènes de résistance aux herbicides vers les mauvaises herbes créera des super mauvaises herbes dont on ne pourra se débarrasser. Combinée à la contamination génétique de cultures biologiques par le pollen, qui peut voyager à plus de 2,5 km, et aux insectes ravageurs qui deviendront résistants à la Bacillus thuringiensis, on assistera à plus ou moins long terme à la mort de toute agriculture biologique et à une désastreuse réduction de la biodiversité. Le plus grave est que que si les biotechnologies continuent à se développer à ce rythme fou et que de nouveaux OGM se retrouvent continuellement dans la nature, il sera bientôt tout simplement trop tard pour revenir en arrière.
Il est également important de souligner que, contrairement à ce que l'on voudrait bien nous faire croire, le génie génétique n'est aucunement la discipline précise et efficace que l'on veut bien nous présenter. Deux techniques existent pour transmettre un gène d'intérêt à une plante: l'utilisation d'une bactérie comme vecteur ou le bombardement d'une cellule hôte avec des microbilles recouvertes du gène d'intérêt. Aucune n'est efficace, car le gène d'intérêt pourra s'intégrer ou pas dans le patrimoine génétique de la plante et, s'il le fait, on ne sait ni vraiment où ni vraiment comment. En fait, il est extrêmement difficile de transmettre à un organisme hôte un gène étranger qui aura toujours tendance à ne pas s'exprimer. Pour les plantes, sur mille cellules bombardées ou infectées par une bactérie, une seule intégrera la modification génétique et survivra. Pour les animaux, le taux de succès est encore plus faible. Que l'on arrête alors de parler d'une technologie au point et que l'on réalise qu'il y a sûrement une raison pour que les organismes n'intègrent pas le gène étranger ou meurent en grande majorité s'ils l'ont intégré. Et si l'on ne devait tout simplement pas faire de transgenèse Et si l'on ne devait tout simplement pas utiliser un gène de résistance à un antibiotique comme gène marqueur...
Enfin, le seul véritable avantage des biotechnologies est que les quelques dirigeants de ces multinationales vont s'enrichir pendant encore plusieurs années et cela au détriment de l'environnement, de la biodiversité, de la liberté de choix et de religion et de la santé humaine. Il ne nous reste ainsi qu'un choix à faire avant qu'il ne soit trop tard.
CINQ ÉTAPES POUR CHEMINER ENSEMBLE
Tout être humain est influencé par sa culture environnante mais très peu semblent se demander si cette culture en est une qui conduit à l'épanouissement de la vie ou à la détérioration de la vie et même à la mort. Toute personne, par sa manière de vivre et de penser, transmet machinalement cette culture ou en invente une nouvelle en s'engageant dans une voie qui lui semble la meilleure et donne un sens à sa vie tout en respectant les autres. Pour vivre sainement en société, il faut que toutes les cultures présentes aient une même direction fondamentale sinon c'est le déclin de la société. Cette direction ne doit pas être imposée à tous par quelques individus mais reconnue, au moins par la majorité, comme étant une direction vraiment souhaitable, un projet de société.
Pour être efficaces, les organisateurs de la société doivent travailler dans un même sens, avoir un même projet social universel: assurer un avenir à l'humanité. Sinon, ils sont comme des tracteurs tirant la même charge dans des directions opposées. Est-ce que nous préparons une fin tragique à l'humanité en utilisant délibérément notre énergie à des futilités ou si nous utilisons cette même énergie à assurer un avenir humain? Je propose cinq étapes pour cheminer en ce sens.
1. Remettre en question toutes les valeurs sociales ou personnelles (y compris celles que je véhicule par mes propos) et vérifier si elles sont souhaitables ou non pour notre temps. Pour y arriver, il faut déterminer ce qui est souhaitable pour notre temps en se basant sur des preuves et des faits et non sur des opinions et des désirs sinon ça pourrait devenir une injustice ou un mensonge déguisé. Ensuite, il faut prendre chacune des valeurs et, sans tricher, se demander si elle va dans le sens de ce qui est souhaitable ou non. Il reste à agir en conséquence, l'intégrer dans sa vie.
2. Choisir personnellement et fermement la direction de la vie. Je peux m'assurer de mon choix par cette question: "Est-ce que ma vie a pour but de protéger mes intérêts égoïstes ou d'assurer un avenir à l'humanité?"
3. Me poser sérieusement la question: "Qu'est-ce que je peux faire personnellement pour assurer un avenir à l'humanité?" Ma réponse doit déboucher sur un projet, une mission, un objectif à atteindre et je dois prendre les moyens et le temps pour l'atteindre même si ça doit prendre des années. Ça doit être une mission à la limite de mes capacités, l'objectif premier de ma vie après ma survie.
4. M'entourer de personnes qui m'aideront à y arriver et aider les personnes qui m'entourent à réaliser leur propre projet de vie.
5. Chercher à tout prix la vérité. La chercher et en vivre de plus en plus en profondeur. La vérité est ce qu'elle est et non ce que je m'en imagine ou ce que je crois aveuglément qu'elle est sans avoir vérifié. On ne possède jamais la vérité, on ne fait que la découvrir petit à petit, autant dans les sciences pures que dans les sciences humaines. C'est donc dans la confrontation aux idées des autres que je découvre la valeur de ma vérité, de la perception que j'en ai. Si je dois éliminer une seule parole d'une seule personne (si c'est plus, c'est encore pire!) pour justifier ma vérité, c'est mauvais signe. Pour disqualifier ce qu'un autre croit être la vérité, je dois prouver que sa croyance est fausse (je dois d'abord comprendre ce que l'autre me dit, donc l'écouter attentivement sans chercher à me défendre contre sa parole) par des faits ou des déductions logiques basées sur des faits incontestables, un peu comme en mathématique. Si je n'y arrive pas, c'est que l'autre a autant de chances que moi d'être dans la vérité alors je dois douter autant de ma vérité que de la sienne et continuer de chercher. Le passage du mensonge à la vérité peut se faire difficilement dans certains cas et même provoquer une crise profonde car c'est parfois les croyances fondamentales d'une vie qui sont remises en question (on n'a qu'à penser à la déclaration de la sphéricité de la terre qui avait bouleversé les croyances de l'époque) mais ça en vaut la peine car on peut alors bâtir sur du solide.