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23 septembre 1999 ![]() |
"Nous croyons que notre solution respecte l'égalité
des droits de tous." C'est en ces termes que Marc Pelchat,
doyen de la Faculté de théologie et de sciences
religieuses, résume la position qu'a défendue sa
faculté, mardi après-midi, devant la Commission
parlementaire de l'éducation. Cette commission, rappelons-le,
a été mise sur pied à la suite de la publication,
il y a quelques mois, du Rapport du groupe de travail sur la place
de la religion à l'école, intitulé Laïcité
et religions : perspective nouvelle pour l'école québécoise,
connu sous l'appellation de "rapport Proulx", qui propose
de réaménager la place de la religion à l'école
dans une perspective de laïcité ouverte.
"Il faut un changement, certes, mais celui-ci doit à tout prix se situer dans le contexte historique du Québec, a confié au Fil le doyen Pelchat. La solution que nous proposons se rapproche d'une certaine manière du rapport Proulx, mais elle s'en distingue aussi."
Pluralisme véritable?
Ainsi, les professeurs de la Faculté de théologie
et de sciences religieuses acquiescent d'une part à la
nécessaire "évolution du projet éducatif
en regard de l'enseignement moral et religieux, rendue nécessaire
par le contexte", mais dénoncent d'autre part la "rupture
radicale avec la réalité québécoise"
que prône le rapport Proulx. "Ce dernier préconise
en effet une conception de la laïcité qui ne répond
pas au défi du pluralisme tel qu'il se pose à nous.
L'unique enseignement culturel qu'il propose renvoie dans l'ombre
la manifestation d'un pluralisme véritable se manifestant
dans le respect et la rencontre des singularités et des
particularismes", lit-on dans le mémoire de 24 pages
de la Faculté.
L'horizon d'un avenir plus conforme à la réalité politique, sociale et culturelle du Québec repose par conséquent, selon les professeurs de la Faculté de théologie et de sciences religieuses, sur "un enseignement ouvert sur les religions et les diverses propositions éthiques, reposant sur le libre choix des parents et des élèves, pouvant emprunter des voies diverses tout en s'inscrivant dans l'école publique commune".
Deux avenues
La nouvelle approche de la "confessionnalité scolaire"
souhaitée par la Faculté devrait reposer sur les
deux piliers d'un "vivre ensemble" que seraient une
école publique commune (de quartier) sans statut particulier
et un enseignement moral et religieux offrant le choix entre plusieurs
possibilités d'approche.
Tous les élèves québécois devraient recevoir de la sorte, dans les établissements publics, un enseignement sur l'éthique et sur la diversité religieuse en empruntant deux voies de formation, pouvant se transformer en une seule dans les dernières années du secondaire : un cheminement de type "général" en enseignement moral et religieux conforme aux critères reconnus par l'État (enseignement de type davantage culturel) ou l'un des cheminements "spécifiques" admis par le ministère de l'Éducation (divers profils d'enseignement issus de traditions particulières ou de type confessionnel), et un unique enseignement moral et religieux pour tous les élèves à la fin du secondaire.
"La solution proposée peut contribuer à l'édification de la "citoyenneté" en s'efforçant d'habiliter chaque Québécoise et chaque Québécois à entrer en dialogue avec quelqu'un de différent. Ce n'est pas en taisant les singularités et les particularismes que peut se construire la citoyenneté québécoise. La référence religieuse en fait intimement partie et, quoi qu'on en dise, ne peut pas être reléguée dans les souterrains du domaine privé", soutient la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l'Université Laval. (On trouvera le résumé du mémoire de la Faculté en page 12 du présent numéro du Fil)