9 septembre 1999 |
Il est désormais possible de prédire si la pratique d'une activité physique peut améliorer l'état d'une personne qui a un taux de cholestérol trop élevé, et ce, sans même qu'elle ait à suer une seule goutte. En effet, des chercheurs de la Faculté de médecine et de la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation ont identifié des marqueurs qui indiquent si l'amélioration de la condition physique qu'une personne peut retirer d'un programme d'entraînement risque d'avoir des effets bénéfiques sur son profil lipidique. En théorie, cette découverte pourrait avoir des implications cliniques intéressantes puisqu'elle permettrait d'identifier les personnes chez qui l'exercice peut améliorer le profil lipidique et celles qui feraient mieux de considérer la prise de médicaments pour solutionner leurs problèmes de lipides sanguins.
Les chercheurs Jonny St-Amand, Denis Prud'homme, Sital Moorjani (maintenant décédé), André Nadeau, Angelo Tremblay, Claude Bouchard, Paul J. Lupien et Jean-Pierre Després arrivent à ces conclusions après avoir étudié 129 sujets en bonne santé. Chez chacun d'eux, ils ont vérifié le rapport qui existait entre la forme physique, mesuré par le VO2 max au test du tapis roulant, et six types de lipides et de lipoprotéines sanguins. Les résultats ont été analysés en fonction du type d'apolipoprotéine E que possédait chaque participant. Cette apolipoprotéine, qui est associée à l'élimination des lipides dont le cholestérol, se retrouve sous la forme 2, 3 ou 4, dénotant des différences génétiques entre individus.
Les chercheurs ont ainsi découvert que, chez les personnes possédant la forme 2 ou 3 de l'apolipoprotéine E, plus le VO2max était élevé, plus certains types de lipides sanguins étaient bas. Par contre, aucune relation n'a pu être détectée chez les personnes ayant la forme 4 de l'apolipoprotéine E. Ce constat valait aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Les personnes ayant la forme 4 de l'apolipoprotéine E ne peuvent donc espérer améliorer leur profil lipidique en pratiquant une activité physique. Dans la présente étude, 22% des participants possédaient la forme 4 de l'apolipoprotéine E, ce qui est représentatif de la population québécoise. "Ceci ne signifie pas que l'exercice ne leur apporterait aucun bénéfice, prévient cependant Jean-Pierre Després. Il y a d'autres variables à considérer au delà des lipides du sang, entre autres la tension artérielle, la fréquence cardiaque, le taux d'insuline et le poids corporel. L'exercice peut tout de même leur apporter certaines formes de protection."
Les détails de cette étude sont publiés dans un récent numéro de Medicine & Science in Sports & Exercise , la revue officielle l'American College of Sports Medicine. Cette organisation regroupe 17 000 spécialistes de l'exercice et de la médecine du sport à travers le monde.