22 avril 1999 |
Pour une cinquième année consécutive, un couple de faucons a élu domicile en plein coeur du campus. Quiconque circule dans le quadrilatère formé par les pavillons Jean-Charles-Bonenfant, Charles-De Koninck, des Sciences de l'éducation et Felix-Antoine-Savard entendra les cris stridents poussés par ces oiseaux de proie et les verra voler et chasser dans les parages. Les observateurs plus patients pourront même assister aux ébats amoureux de ces ces faucons émerillons qui, par le passé, ont construit leur nid dans les grands pins situés entre les deux tours ou dans les pins situés du côté sud du pavillon Louis-Jacques-Casault.
"Le fait que des faucons soient observés sur le campus n'est pas exceptionnel parce qu'on en aperçoit quelques-uns chaque année pendant les migrations, signale Marcel Darveau, attaché de recherche au Centre de recherche en biologie forestière. Par contre, le fait qu'ils nichent sur le campus est un phénomène plus récent." Selon cet ornithologue avisé, aucun nid de faucon émerillon n'avait été signalé dans la ville de Québec pendant les années 1970 et 1980. Tout comme le faucon pèlerin, le faucon émerillon a connu une baisse importante de population pendant cette période en raison de la contamination de l'environnement par des pesticides qui rendaient la coquille de ses oeufs très fragile. L'interdiction des pesticides organochlorés du type DDT aurait permis une remontée des populations de faucons. "La population est en hausse au Québec depuis le début des années 1990, mentionne Marcel Darveau. Depuis 1992, on en observe régulièrement lors du recensement des oiseaux de Noël."
Le campus offre un habitat favorable au faucon émerillon parce qu'il y trouve des édifices en hauteur à partir desquels il peut chasser ainsi que des grands pins au sommet desquels il construit son nid, plaçant ainsi ses oeufs et ses petits à l'abri des prédateurs. "Ce serait d'ailleurs une bonne chose de planter de jeunes pins entre les deux tours et ailleurs sur le campus pour remplacer les arbres qui meurent", suggère l'ornithologue.
Les faucons qu'on peut voir sur le campus pourraient bien être les mêmes que ceux qui ont niché sur le campus au cours des dernières années, croit-il. Ce sont des oiseaux fidèles au site, en particulier les mâles. Le faucon émerillon est de la taille d'un pigeon quoique de forme beaucoup plus aérodynamique. Il se nourrit principalement d'oiseaux et de petits mammifères qu'il chasse à découvert. Le faucon utilise souvent d'anciens nids de corneille ou de corbeau pour établir son nid. Il pond entre quatre et cinq oeufs et l'incubation dure environ un mois. L'éclosion survient au début du mois de juin.
L'arrivée printanière du faucon émerillon est en voie de devenir une tradition sur la Cité universitaire. "C'est sans conteste le rapace le plus évident du campus", reconnaît Marcel Darveau. Faudra-t-il bientôt songer à remplacer les alérions qui ornent les armoiries de l'Université par des faucons émerillons?