![]() |
15 avril 1999 ![]() |
Des étirements du périnée effectués pendant les dernières semaines de grossesse accroissent de 60 % la probabilité d'accoucher d'un premier enfant sans déchirure, démontre une étude réalisée à la Faculté de médecine. "Plus la pratique des exercices d'étirement est régulière, plus la probabilité d'accoucher avec un périnée intact augmente, signale Michel Labrecque, du Département de médecine familiale. Cette relation dose-réponse montre bien l'effet positif du massage du périnée".
Michel Labrecque, ses collègues Sylvie Marcoux, Jean-Jacques Pinault et Louise Laperrière, ainsi que Erica Eason (Université d'Ottawa), François Lemieux (Université de Montréal) et Perle Feldman (Université McGill) arrivent à ces conclusions après avoir comparé le taux de déchirure du périnée chez un groupe de 1 000 femmes qui ont donné naissance à un premier enfant par accouchement vaginal. Le pourcentage de femmes qui avaient un périnée intact après l'accouchement atteignait 24 % dans le groupe qui avait suivi le programme d'étirement contre 15 % dans le groupe témoin. Les femmes qui ont effectué les exercices plus de deux jours sur trois ont eu un taux de périnée intact après accouchement de 28 % contre 20 % chez celles qui les ont faits moins d'un jour sur trois, rapportent les chercheurs dans le numéro de mars de l'American Journal of Obstetrics and Gynecology.
Par ailleurs, le massage du périnée ne semble pas apporter d'avantages aux femmes qui n'en sont pas à leur premier accouchement vaginal. Dans un groupe de 500 femmes, le taux de périnée intact a atteint 35 % chez les femmes qui effectuaient les exercices d'étirement et 32 % chez les femmes du groupe témoin. "Dans leur cas, il est possible que le premier accouchement ait provoqué un étirement des muscles du périnée auquel le massage n'ajoute rien", avance Michel Labrecque.
Le massage du périnée est prescrit depuis plusieurs années, surtout par des sages femmes, mais aucune étude n'avait encore démontré son efficacité réelle.
Comme un entraînement
Le terme "massage" ne décrit pas très bien la
technique en question, reconnaît Michel Labrecque. En fait, ce sont
des étirements, pratiqués avec les doigts à l'intérieur
du vagin, qui servent à préparer la musculature pour l'épreuve
de l'accouchement. En étirant le périnée pendant environ
six minutes chaque jour, les muscles acquièrent une certaine souplesse,
ce qui réduit les risques de déchirure lors du passage du
bébé. "C'est comme un programme d'entraînement
physique, caricature le chercheur. Les deux premières semaines sont
plus difficiles mais après, les muscles deviennent plus souples et
ça fait moins mal. Après trois semaines, l'étirement
est à peu près maximal." Près de 80 % des femmes
qui ont effectué les exercices ont dit qu'elles les referaient lors
d'une autre grossesse et 87 % recommanderaient la technique à d'autres
femmes enceintes.
Les médecins sont présentement à l'affût de nouvelles méthodes permettant de réduire l'incidence des déchirures sans avoir recours à l'épisiotomie (incision pratiquée entre la vulve et l'anus en vue de faciliter la sortie du bébé et de prévenir la déchirure du périnée). Il y a dix ans, 75 % des femmes qui accouchaient au Québec avaient une épisiotomie. Cette intervention est de moins en moins pratiquée parce qu'elle multiplie par trois les risques de déchirures graves. Aujourd'hui, environ le tiers des femmes ont une épisiotomie et l'objectif visé au Québec est de descendre sous le cap des 20 %. L'étude des chercheurs de la Faculté de médecine arrive donc à un moment très opportun.