16 avril 1998 |
Le Réseau de recherche en santé bucco-dentaire a trois ans, et de plus en plus de mordant.
En 1995, le Fonds de recherche en santé du Québec (FRSQ) reconnaissait pour la première fois, parmi ses réseaux officiels, un regroupement de chercheurs en santé bucco-dentaire. Cette reconnaissance officielle s'accompagnait d'un budget de 100 000 $ par année servant à structurer la recherche de type clinique en santé bucco-dentaire au Québec.
Trois ans plus tard, le Réseau de recherche en santé bucco-dentaire du FRSQ semble avoir livré la marchandise: le nombre de chercheurs membres du Réseau est passé de 16 à 24, le nombre d'étudiants-chercheurs et de stagiaires post-doctoraux a grimpé de 61 à 94, les sommes recueillies en subvention ont presque triplé, passant de 3,1 à 8,8 millions de dollars et le nombre de publications a suivi la même tangente, passant de 45 à 197. Mais ces chiffres ne disent pas le plus important, estime Noëlla Deslauriers, professeure au Département de biochimie (Sciences et génie) et nouvelle coordonnatrice du Réseau. "Grâce au Réseau, des gens qui faisaient de la recherche chacun de leur côté ont été mis en contact, ils ont appris à se connaître et ils travaillent maintenant ensemble."
Le Réseau, poursuit-elle, permet de réaliser des projets qui ne se faisaient pas avant, faute d'argent. "Le bureau d'un chercheur est souvent rempli de petits papiers aide-mémoire sur lesquels on note des bonnes idées de recherche qu'on ne réalise jamais faute d'argent. Le budget annuel de fonctionnement de 220 000 $ du Réseau nous donne les moyens de payer des étudiants-chercheurs ou des professionnels pour réaliser quelques-unes de ces idées."
Objectifs 2002
Des chercheurs des Universités Laval, de Montréal et McGill
collaborent à l'objectif général du Réseau qui
consiste à développer des connaissances fondamentales, cliniques,
épidémiologiques et évaluatives requises pour améliorer
la santé bucco-dentaire de la population québécoise.
Le Réseau vient, en effet, appuyer la politique du ministère
de la Santé et des Services sociaux en matière de santé
bucco-dentaire. D'ici 2002, le ministère espère réduire
de 50 % le nombre moyen de dents cariées, absentes ou obturées
chez les enfants de 6 à 12 ans et abaisser à moins de 5 %
le taux d'absence de dents chez les adultes de 35 à 44 ans. Le Réseau
explore quatre thèmes principaux de recherche. Le premier est l'infectiologie
bucco-dentaire (carie, maladie des gencives, stérilisation, etc.),
un domaine dans lequel l'Université Laval, par l'entremise du Groupe
de recherche en écologie buccale, a fait sa marque depuis bientôt
15 ans. Les autres thèmes sont la prévention de la carie dentaire
et des maladies des gencives, la réhabilitation bucco-dentaire et
enfin les douleurs et les dysfonctions bucco-faciales (bruxisme, douleurs
aux muscles de la mastication, craquements et blocages des articulations
de la mâchoire).
Outre l'éternel souci du financement de la recherche, la nouvelle coordonnatrice s'est fixé trois objectifs à atteindre pendant son mandat de quatre ans. "J'aimerais qu'on en vienne à fonctionner par projet pilote afin d'encourager l'intégration de l'expertise. Elle existe, elle est là, il faut que ce soit mis en pratique pour que les cliniciens, les fondamentalistes et les épidémiologistes se parlent encore davantage." Son deuxième objectif touche la création de cliniques spécialisées pour les problèmes bucco-dentaires. "Par exemple, près de 15 % des gens ont des problèmes de salive et environ 5 % ressentent des douleurs oro-faciales. Souvent, on ne sait pas quelles solutions proposer aux patients qui ont ce type de problèmes. Des recherches dans ces domaines pourraient conduire à la création de cliniques spécialisées où les gens pourraient profiter des résultats de nos recherches."
Son troisième objectif, celui sur lequel elle insiste le plus, concerne le rapprochement du Réseau et des professionnels de la santé bucco-dentaire. "Le problème part de la clinique et il doit revenir à la clinique", dit-elle. L'une des façons de retourner les fruits de la recherche vers le patient est d'en intégrer les résultats dans l'enseignement dispensé aux étudiants en médecine dentaire (le Réseau collabore d'ailleurs à la mise sur pied du programme interuniversitaire de doctorat en médecine dentaire). L'autre est par la formation continue destinée aux professionnels de la santé bucco-dentaire. "Nous les invitons déjà à la réunion annuelle des chercheurs du Réseau (la prochaine rencontre a lieu à Québec les 14 et 15 mai) mais j'aimerais intensifier les échanges avec eux. Nous pourrions animer des forums de discussion sur Internet, créer une revue de presse électronique et rédiger des chroniques et des articles sur nos recherches dans le Journal dentaire du Québec. Comme les professionnels de la santé bucco-dentaire sont les mieux placés pour identifier les lacunes existantes dans les soins à prodiguer aux patients et dans les mesures de prévention, nous voulons aussi les impliquer dans la programmation future des activités de recherche du Réseau."