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26 mars 1998 ![]() |
La visite éclair de Preston Manning n'aura pas suscité beaucoup de vocations sur le campus.
La guerre des drapeaux s'est déplacée de la Chambre des communes au Pub de l'Université Laval, le temps d'un petit déjeuner entre l'exécutif de la CADEUL et Preston Manning. À son arrivée au pavillon Desjardins le 19 mars, le chef du Reform Party a été accueilli par une trentaine de sympathisants péquistes et bloquistes qui brandissaient des drapeaux du Québec. L'un deux a même poussé l'audace jusqu'à tendre un petit drapeau fleurdelisé à Preston Manning qui l'a accepté avec le sourire, sous l'oeil amusé des représentants des médias. Un aide de camp du chef réformiste a rapidement fait disparaître l'embarrassant petit symbole.
Pendant près d'une heure, la direction de la CADEUL, quelques représentants étudiants des facultés et départements et Preston Manning ont conféré en privé autour d'un croissant-café. "Cette rencontre ne signifie absolument pas que nous appuyons les politiques du Reform Party, a tenu à préciser Simon-Pierre Pouliot, président de la CADEUL, au terme du tête-à-tête. Si nous avons accepté de le rencontrer, c'est parce que nous voulions parler d'emploi, de programmes sociaux et du Fonds du millénaire. Nous sommes déçus parce que M. Manning a surtout répété le discours réformiste habituel et il n'avait que des réponses vagues et simplistes aux questions qui préoccupent actuellement les étudiants québécois."
Cette rencontre, initiée par Gilles Saint-Laurent, candidat réformiste défait dans Louis-Hébert, étonne considérant le mandat de promotion de la souveraineté du Québec que les étudiants de l'Université ont donné à la CADEUL. "C'est M. Manning qui a manifesté le désir de nous rencontrer, précise Maryse Turcotte, vice-présidente aux affaires externes. Nous avons accepté, pas tant parce qu'il est chef du Reform Party que parce qu'il est le chef de l'opposition officielle à Ottawa. Le résultat de la rencontre a renforcé nos convictions envers le mandat que nous ont donné les étudiants."
Avant son départ, Preston Manning a tout de même tenu à répondre à quelques questions des personnes qui s'étaient rendues au Pub pour le voir, l'entendre ou le chahuter. Convaincu du départ prochain de Jean Charest, il a dit être venu à Québec pour offrir une troisième voie aux Québécois qui ne sont pas souverainistes et qui sont fatigués des partis fédéraux traditionnels. "Présentement, vos chances d'obtenir de bons emplois sont diminués par deux obstacles, a-t-il répété aux étudiants présents. Les taxes trop élevées et l'instabilité constitutionnelle."
Appelé par les manifestants à répéter ses propos en français, le chef réformiste a dû admettre qu'il n'avait pas fait beaucoup de progrès de ce côté. Si jamais le Reform Party fait une percée au Québec, a-t-il laissé entendre, ça se produira parce que des gens du Québec seront engagés dans notre parti et non parce que mon français sera meilleur. "Je suis un ami du Québec de l'extérieur du Québec. Nous voulons parler aux gens qui sont prêts à explorer notre option. Nous avons commencé par une petite rencontre mais sous serions heureux de revenir à l'Université si quelqu'un nous invitait."