12 mars 1998 |
Conquêtes et déboires d'un séducteur: la troupe de théâtre Les Treize présente le Dom Juan de Molière les 13, 14 et 15 mars, au TCU.
Dites à un homme qu'il est un "vrai don Juan" et vous le verrez rougir ou encore protester de son "innocence". Chose certaine, le compliment ne passera pas comme un lettre à la poste et risque de faire réagir l'individu en question, qu'il se sente concerné ou non par cette adresse. Passé au rang de mythe, Dom Juan, personnage sorti tout droit du théâtre espagnol, incarne en effet le type même du séducteur libertin sans scrupules, qui séduit les femmes pour le simple plaisir de les voir tomber entre ses bras, avant de se tourner vers d'autres conquêtes.
Au fil des siècles, cette figure du tombeur de ces dames a inspiré nombre d'artistes de génie, dont les plus connus sont sans contredit Mozart, avec l'opéra Don Giovanni, composé en 1787 et Molière, qui en a fait le sujet d'une comédie en cinq actes. C'est ce chef-d'oeuvre incontesté du théâtre universel, écrit en 1665, que Les Treize présenteront, les 13, 14 et 15 mars, à 20 h, à la salle multimédia du pavillon Alphonse-Desjardins.
"En plus d'être attirés par le répertoire classique, nous avions un grand intérêt pour le théâtre de Molière", explique Danny Girard, étudiant en littérature et metteur en scène de la pièce avec François Ouellet, qui joue le personnage de Sganarelle. "Échappant aux règles du classicisme que sont les unités de temps, d'action et de lieu, Dom Juan a été écrit en prose et non en vers, ce qui cette oeuvre rend plus facile d'approche pour les comédiens et sans doute plus accessible au public. Pour résumer la pièce, nous pourrions la qualifier de tragi-comédie qu finit bien et mal en même temps, le coupable étant finalement châtié par le pouvoir divin."
"Dom Juan est un grand séducteur devant l'Éternel", raconte Jonahan Gagnon, étudiant en sciences de l'administration à qui échoit le privilège de jouer le rôle-titre. "Visant exclusivement à séduire les femmes, il ne recherche pas le plaisir sexuel mais se passionne plutôt pour la conquête. Préoccupé exclusivement de son propre bonheur, Dom Juan a toujours une idée derrière la tête, la sienne, et fera tout en son pouvoir pour arriver à ses fins. C'est un être profondément hypocrite et pas nécessairement sympathique: pour lui, tout est jeu et prétexte à la provocation."
Histoire de séduction
Après avoir épousé puis abandonné Done Elvire,
Dom Juan s'adonne au jeu de la séduction avec deux pauvres paysannes,
Charlotte et Mathurine, à qui il promet le mariage. Toujours par
jeu, il incite un pauvre mendiant à blasphémer, se moque des
remontrances de son père, se joue des revendications de son créancier,
Monsieur Dimanche, et va jusqu'à défier l'esprit d'un Commandeur
qu'il a jadis tué en duel. En dépit des appels au repentir,
Dom Juan s'endurcira dans son refus et mourra, victime de la colère
divine.
La pièce compte 16 personnages, interprétée par neuf comédiens et comédiennes en costumes d'épque - qui sont superbes, si on en croit les responsables de la pièce. Les moyens financiers de la troupe ne permettant pas de réaliser des décors somptueux, on promet toutefois un jeu d'éclairage tout à fait spécial qui devrait recréer magnifiquement l'ambiance du temps. À ceux et celles que le répertoire classique effraie, le metteur en scène Danny Girard répète encore que Dom Juan constitue une pièce tout à fait accessible, tragique par moments et drôle par d'autres: "Qui plus est, le personnage de Dom Juan est tout à fait d'actualité: individualiste, orgueilleux et égoïste, il nous renvoie à notre propre réalité d'hommes et de femmes du 20e siècle. Mais ce que nous voulons avant tout, c'est que le public passe une bonne soirée et connaisse un peu plus l'oeuvre de ce génie qu'est Molière. "
Les billets sont en vente au coût de 10$ et de 8$ (en prévente), au SASC (Service des activités socio-culturelles). Pour informartion: 656-2765.