22 janvier 1998 |
Les étudiants et les étudiantes en arts
plastiques de l'École des arts visuels
exposent leurs visions critiques de la société.
Etes-vous las de ces expositions auquelles vous ne pigez strictement rien à cause du discours hermétique de l'artiste? En avez-vous assez de parcourir les galeries d'art, le menton dans la main, et d'en ressortir en vous disant que décidément, les arts visuels ne sont pas votre rayon? Si vous avez répondu oui à l'une de ces questions, vous apprécierez sûrement l'exposition présentée jusqu'au 30 janvier, à la salle d'exposition du pavillon Alphonse-Desjardins. Intitulée "Nature sociale", elle est est fruit du travail et de la réflexion d'une quinzaine d'étudiantes et d'étudiants en arts plastiques de l'École des arts visuels ayant décidé d'exposer leurs convictions à la face du monde.
"Essentiellement, nous souhaitons faire tomber le préjugé de l'artiste vivant seul dans sa tour d'ivoire pour montrer qu'il possède également des préoccupations sociales, au même titre que tous les êtres humains, explique Sagana Bouffard, responsable du projet. Faisant partie de la prochaine génération d'artistes, il est important que nous disions ce que nous pensons de notre monde." Lui-même présente un commentaire sur l'homme et la machine, avec un tableau ayant pour titre "L'homme-turbine". On y voit un être squelettique portant en son sein une machine compliquée; le rouge et le noir prédominent dans cette oeuvre apocalyptique dénonçant les méfaits de la société industrielle.
Le don et l'abandon
Maxim Maguir, lui, présente deux oeuvres résolument engagées:
l'une constitue un "Hommage à Ravachol", anarchiste français
auteur de crimes de droit commun ayant vécu au 19e siècle
et qui fut immensément célèbre en son temps, tandis
que l'autre, intitulée "L'instinct de mort et l'art de rien,
ou la chute des idoles", dénonce en quelque sorte des "valeurs"
comme le droit chemin et la religion, si on se fie aux "pistes"
offerts par l'artiste. Dans les deux cas, les oeuvres s'apparentent à
des affiches qu'un véritable anarchiste aurait placardées
sur les murs des édifices d'une grande ville. De façon touchante,
Marcia Lorenzato livre sa vision du passage de l'enfance à l'âge
adulte, avec une sculpture faite de papier, de métal et de plexiglas.
Fragile comme la cendre, une chaussure d'enfant se désagrège
ainsi sous nos yeux, rejoignant une barre de métal, symbole de "la
ligne dure" et pourquoi pas, de l'innocence perdue. Plus loin, une
sculpture de plâtre réalisée par Brigitte Viens tend
timidement la main, et on se surprend à vouloir toucher le creux
de cette paume blanche et creuse, qui suggère à la fois le
don et l'abandon.
Clou de cette exposition: un énorme tryptique signé Jean-Sébastien Lessard où trois "écoles" en peinture sont représentées: l'expressionnisme abstrait, le minimalisme et le figuratif. Par le biais de cette oeuvre intitulée "Tout est vanité", l'artiste a voulu signifier qu'aucun "style" n'était finalement meilleur qu'un autre en peinture. Le choix du titre se veut également un clin d'oeil tout à fait amical - mais tout de même critique - aux professeurs de l'École en arts visuels.
L'exposition Nature sociale est présentée à la salle d'exposition du pavillon Alphonse-Desjardins jusqu'au 30 janvier. Les heures d'ouverture sont, du lundi au vendredi, de 9h à 17h; le samedi et le dimanche, de 13h à 17h.