22 janvier 1998 |
Les enfants qui contractent une bronchiolite à l'hôpital doublent la durée de leur séjour hospitalier et risquent dix fois plus de mourir.
Un pourcentage appréciable des cas de bronchiolite (inflammation des bronchioles) chez les enfants serait contracté à l'hôpital. En effet, en dépit des mesures appliquées pour prévenir la propagation du virus responsable de cette maladie, environ 6 % des cas signalés dans les hôpitaux seraient contractés à l'intérieur même des murs de l'hôpital par des enfants admis pour des problèmes autres qu'une bronchiolite. Voilà ce que révèle une étude menée auprès d'enfants admis dans neuf centres hospitaliers universitaires canadiens entre 1992 et 1994, et dont la revue Pediatrics fait état dans son édition de décembre 1997.
Le virus respiratoire syncitial (VRS) est le microbe responsable de la plupart des cas de bronchiolite chez les enfants. Presque tous y sont exposés avant l'âge de deux ans et près de 1 % des cas nécessitent une hospitalisation. L'étude, à laquelle a participé François Boucher, professeur à la Faculté de médecine et pédiatre au CHUQ (pavillon CHUL), a été menée auprès de 1 516 enfants souffrant d'infection des voies respiratoires inférieures et présentant des antigènes spécifiques au VSR dans leurs sécrétions nasales. De ce nombre, 91 ont contracté la maladie à l'hôpital; chez ces enfants, les premiers symptômes d'infection et les antigènes du VRS sont apparus plus de 72 heures après l'admission à l'hôpital.
Les chercheurs ont noté que la durée moyenne d'hospitalisation, attribuable au virus, chez les enfants infectés dans leur environnement normal, était de 5 jours contre 10 jours pour ceux qui ont contracté la maladie à l'hôpital. Dix des enfants suivis dans le cadre de l'étude sont décédés dans les deux semaines suivant l'infection. La probabilité de décès était dix fois plus élevée chez les enfants qui avaient contracté une bronchiolite en milieu hospitalier (4,4 %) que chez ceux qui l'avait contracté dans leur environnement normal (0,42 %). La transmission nocosomiale (à l'hôpital) du virus frappe surtout des enfants à risque, soit en raison de leur prématurité, d'un système immunitaire affaibli ou encore d'une maladie pulmonaire ou cardiaque.
Le pouvoir élevé de contagion du VRS facilite sa transmission: environ 45 % des contacts conduisent à l'infection. Le virus est transmis par un enfant atteint ou encore par le personnel soignant qui entre en contact à la fois avec des enfants infectés et des enfants non infectés.
Le pourcentage de cas contractés en milieu hospitalier sur le nombre total de cas varie entre 3 % et 13 % selon le centre hospitalier. Pourtant, tous les hôpitaux appliquent des mesures strictes pour éviter la propagation du virus. Les enfants atteints de bronchiolites sont isolés dans des chambres individuelles ou regroupés avec d'autres enfants souffrant de la même maladie. Certains hôpitaux appliquent des mesures encore plus sévères incluant le port de lunettes, de gants et de masques par le personnel, le confinement des infirmières aux cas de bronchiolites et la supervision étroite des visiteurs. Cependant, aucune de ces mesures ne semble diminuer le risque de contagion nocosomiale.
Somme toute, concluent les chercheurs, le risque d'attraper une bronchiolite en milieu hospitalier est relativement faible au Canada. Cependant, dans la mesure du possible, les hôpitaux devraient éviter d'admettre des enfants à risque pendant la haute saison des bronchiolites, notamment les enfants devant subir une chirurgie respiratoire ou cardiaque. La prévention des infections causées par le VRS doit demeurer l'un des objectifs des unités de soins pédiatriques.
Chaque année en Amérique du Nord, près de 350 000 personnes contractent une maladie infectieuse en milieu hospitalier. Comme une forte proportion d'entre elles sont soit très jeunes ou très âgées et, en plus, malades, leur système immunitaire parvient mal à se défendre contre les envahisseurs. Près de 50 % de ces personnes meurent des suites de l'infection.