18 septembre 1997 |
Recherche sur la biodiversité
Trois phytogénéticiens de la francophonie déplorent la tiédeur des engagements qui découlent du deuxième Sommet de la Terre de New York, plus particulièrement la position des États-Unis sur la mobilisation de fonds par les organismes internationaux pour la mise en oeuvre de la Convention sur la biodiversité.
Les chercheurs Claude André St-Pierre, de l'Université Laval, Jeanne Zoundjihékpon, du Fonds Mondial pour la Nature (WWF) d'Abidjan (Côte d'Ivoire) et André Charrier, de l'Institut National Agronomique de Montpellier (France), réitèrent l'urgence de répertorier, d'évaluer, de conserver et de valoriser en particulier la diversité génétique des ressources forestières et en général celle des espèces végétales agricoles et alimentaires, conformément aux engagements pris par les pays lors de la signature de la Convention sur la diversité biologique. Ils désirent ainsi que les semences de la terre deviennent le lien direct qui permettra d'obtenir un nouvel équilibre entre l'homme et la nature par l'intermédiaire de nombreuses fonctions économiques, politiques, de recherche et d'éducation qui sont désormais dévolues à la société.
Les trois chercheurs ont tenu ces propos à l'occasion des sixièmes Journées scientifiques du réseau de recherche "Biotechnologies, Amélioration des plantes et Sécurité alimentaire", tenues récemment à Orsay (France). Les chercheurs de plus de vingt pays de la francophonie ont alors fait état de leurs travaux et ont fixé les objectifs de ce réseau de recherche partagée de l'Université des Réseaux d'Expression Française (UREF).
Valorisation de la diversité génétique
Dans cette foulée, un inventaire détaillé, une conservation
active et une valorisation de la diversité génétique
de nombreuses espèces seront initiées ou approfondies: l'igname
en Afrique de l'Ouest, le palmier dattier au Maghreb, le blé dur
dans le bassin méditerranéen et les graminées indigènes
au Québec.
"Nous souscrivons au besoin de telles études et nous espérons que les financements nécessaires seront mis en place afin que la biodiversité des espèces soit désormais mieux protégée. Il en résultera de nouvelles cultures, des cultivars performants et une connaissance accrue de la biodiversité. Ces recherches visent à obtenir une plus grande sécurité alimentaire dans l'environnement précaire du pourtour du Sahara. Elles permettent également de stimuler l'activité économique de régions en développement", font valoir les phytogénéticiens St-Pierre, Zoundjihékpon et Charrier.
Convention sur la diversité biologique
Les soucis d'identification, de conservation et d'utilisation durable des
ressources biologiques des trois continents, thèmes retenus par le
Réseau Biotechnologies de l'UREF, cadrent parfaitement avec les objectifs
visés par la Convention sur la diversité biologique. Cette
convention, qui est maintenant ratifiée par 164 pays, se trouve présentement
dans une phase active de décisions, d'actions et de mise en oeuvre.
De nombreux chercheurs présents aux Journées scientifiques
de l'AUPELF (Association des Universités Partiellement ou Entièrement
de Langue Française) participent d'ailleurs activement à la
mise en place des réseaux internationaux de préservation de
la biodiversité.
La mise en oeuvre de l'article 15 de la Convention sur la diversité biologique (portant sur l'accès aux ressources génétiques qui n'existent pour la plupart que dans les pays en développement) et l'application de l'article 16 (concernant l'accès aux biotechnologies développées au Nord et leur transfert vers les pays du Sud) nécessitent d'ailleurs la mise en place de réseaux de recherche et la formulation de dispositions législatives dans chacun des pays. En ce sens, les intentions régionales du Réseau de l'UREF cadrent avec la visée internationale de la Convention sur la diversité biologique.