4 septembre 1997 |
Discours du recteur François Tavenas à l'occasion de la rentrée
Les attentes de la société sont grandes à l'endroit de l'Université Laval. L'année qui commence ne manquera ni de défis, ni d'action.
S'adressant, mardi, 2 septembre, aux membres du Conseil universitaire à l'occasion de son premier "Discours de la rentrée", le recteur de l'Université Laval, François Tavenas, a insisté sur le contexte social dans lequel s'inscrit l'action de l'Université Laval. "Le savoir est enfin reconnu pour ce qu'il est, c'est-à-dire une richesse collective, un facteur de progrès économique et un atout dans la position compétitive des nations", a-t-il expliqué. "Cela se traduit par un accroissement du rôle d'acteur économique des universités et par de nouvelles contraintes, dont la principale est qu'on s'intéresse de plus en plus à nous: attentes accrues quant à la qualité et la pertinence de nos programmes de formation, quant à l'accessibilité, à la durée des études et aux taux de diplomation, quant au placement de nos diplômés, quant à l'efficacité de gestion des fonds publics mis à notre disposition."
Signalant que la création de richesse économique est de plus en plus le résultat de la recherche et du développement technologique plutôt que de la simple exploitation de richesses naturelles, le recteur a souligné que le défi est particulièrement grand pour le Canada et le Québec, dont le très haut niveau de vie s'est établi sur une extraordinaire quantité et diversité de richesses naturelles, et qui doivent maintenant trouver rapidement des solutions de substitution par la création d'entreprises et d'emplois dans les secteurs à haute valeur ajoutée. "Les universités jouent un rôle central dans cette mutation économique en produisant des recherches qui doivent se traduire par la création de nouvelles entreprises et de nouveaux marchés. Ce rôle des universités est particulièrement important au Québec où la R & D industrielle est encore faible par rapport à ce qui se fait dans les autres pays développés avec lesquels nous sommes en compétition", a-t-il expliqué.
Dans le peloton de tête
Après avoir rappelé les progrès réalisés
à Laval sous l'administration de l'ancien recteur Michel Gervais
aux plans de la diplomation, de la qualité de la formation et au
chapitre du progrès de la recherche, François Tavenas a mis
en relief le fait que dans un contexte contraignant pour toutes les universités,
Laval est malgré tout relativement bien située. "Grande
université de recherche, qui a fait des progrès remarquables
depuis quinze ans, notre université est solidement installée
dans le peloton de tête des universités canadiennes et elle
est bien ancrée dans sa région où on pourrait souhaiter
cependant que la qualité et l'importance de son action soit mieux
reconnue et appréciée", a dit le recteur. Il a aussi
rappelé que l'Université Laval a suivi, au cours des dernières
années, une politique sélective de recrutement de jeunes professeurs
et une opération de décentralisation de ses processus administratifs,
avec pour objectif de donner plus de responsabilités et de moyens
d'action aux gestionnaires départementaux et facultaires.
Enfin, selon François Tavenas, l'Université Laval jouit d'une position particulière dans le réseau universitaire québécois, position dont elle peut faire un réel atout. Seule université "complète" à l'est de Montréal, elle peut recruter dans un vaste bassin géographique et elle peut développer des liens fructueux avec les cégeps de ce bassin. Université de la capitale, a-t-il ajouté, elle est en position privilégiée pour développer une action tournée vers le milieu international et pour appuyer l'action du gouvernement. "Bref, sous réserve de faire preuve de créativité, d'ouverture et de dynamisme, l'Université Laval est bien placée pour faire face à une situation qui, bien que contraignante, reste conjoncturelle et elle a tous les atouts en mains pour relever les défis de l'entrée dans le troisième millénaire", a expliqué le recteur.
Finances: un "optimisme raisonné"
Quant à la situation financière de l'Université, le
recteur a insisté sur le caractère très conjoncturel
de la situation présente. " D'une part, a-t-il dit, nous savons
que la décroissance du financement gouvernemental va se terminer
en 1999, et il y a lieu d'espérer que, comme cette année au
niveau fédéral, le gouvernement provincial voudra reprendre
ses investissements stratégiques dès que les finances publiques
seront rétablies. D'autre part le coût des programmes de retraite
que l'université a dû offrir sera complètement absorbé
d'ici deux ans".
Par ailleurs, à son avis, la problématique des droits de scolarité devrait faire l'objet d'un débat plus rationnel que jusqu'ici. "J'examine actuellement, en concertation avec les associations étudiantes et des professeurs, la manière dont la communauté de Laval pourrait contribuer à ce débat en menant une recherche sur les questions inter-reliées des droits de scolarité, des prêts et bourses et de l'accessibilité". Enfin, a ajouté le recteur, "les rationalisations que nous avons entreprises nous-mêmes et celles menées dans le cadre de la Commission universitaire des programmes devraient, si elles sont bien conduites, nous permettre de dégager certaines marges de manoeuvre". En somme, pour le recteur de l'Université Laval, "s'il est vrai que les deux prochaines années vont nous demander rigueur et créativité, il est tout aussi vrai que l'avenir de l'Université Laval s'annonce, à terme, très prometteur et justifie de la part de tous les membres de la communauté un optimisme raisonné et un engagement énergique".
Les orientations
Ensuite, rappelant la création d'une Commission d'orientation formée
de membres des diverses composantes de la communauté universitaire,
le recteur a esquissé les grandes préoccupations qui devraient
animer la communauté universitaire de Laval au cours des prochains
mois. Pour François Tavenas, le recrutement étudiant et les
liens avec nos partenaires régionaux dans les milieux de la formation,
la qualité de la formation à l'Université Laval, la
rationalisation de notre répertoire de cours et de nos programmes,
l'employabilité de nos diplômés et de leur intégration
au marché du travail sont autant de questions fondamentales pour
l'avenir de l'Université.
"Nous devons poursuivre nos efforts de développement dans le domaine de la formation continue et dans le domaine de la recherche où l'Université Laval a eu, au cours des dernières années, une formule gagnante basée sur une grande sélectivité au moment de l'engagement des professeurs et sur un effort délibéré de structuration des groupes de recherche", d'expliquer le recteur. D'autre part, a-t-il ajouté , "nous devrons nous préoccuper de la place et du rôle de l'Université Laval dans son milieu". Rappelant qu'il a eu, depuis son entrée en fonction, de nombreuses rencontres avec des intervenants politiques et économiques de la région, François Tavenas a indiqué avoir pu constater que les attentes vis à vis de l'université étaient grandes.
Enfin, le recteur a indiqué que l'année qui s'amorce ne manquera ni de défis ni d'action. "Je suis conscient de l'ampleur de la tâche qui nous attend au moment où nous faisons face à des contraintes au plan des ressources humaines et financières. Ensemble, nous pourrons affirmer la place de l'Université Laval comme l'une des grandes universités de recherche du Canada, au service de son milieu régional et résolument ouverte sur le monde", a-t-il conclu.