4 septembre 1997 |
devant les membres du Conseil universitaire
Le 2 septembre 1997
Mesdames, Messieurs, chers collègues,
C'est avec grand plaisir que je poursuis aujourd'hui la tradition du discours de la rentrée pour brosser avec vous un bref bilan de l'année 1996-97 et, surtout, pour tracer dans ses grandes lignes notre plan d'action pour l'année universitaire qui s'amorce.
Le printemps 1997 aura vu la fin du mandat de Michel Gervais à la tête de l'Université Laval et mon élection au poste de recteur. Les débats, riches en idées, de la campagne électorale ont illustré la vitalité intellectuelle de notre communauté et ils auront permis de faire le point et d'évoquer plusieurs voies d'action prometteuses pour l'Université Laval. Étant entré en fonction le 3 mai dernier, vous comprendrez que, en ce qui concerne le bilan de l'année écoulée, je m'en tiendrais à quelques points marquants. Le Rapport de Conjoncture reçu par ce Conseil en mars dernier avait d'ailleurs présenté un bilan global des dix années du mandat de Michel Gervais et de son équipe à la direction de l'Université Laval.
UN BREF BILAN DE L'ANNÉE 1996-97
Au plan des inscriptions, Laval a réussi à freiner le rythme
de la décroissance en accentuant ses efforts de recrutement. Ainsi :
- au premier cycle, la baisse totale s'est limitée à 1,3%,
par rapport à 7,4% l'an dernier. Cependant, la hausse de 11,7% des
admissions en première année laisse présager un retour
à la croissance globale.
- au deuxième cycle, la baisse de 2,2% par rapport à 4,6% l'an dernier, s'explique en partie par les baisses passées de nos clientèles de 1er cycle, et elle appelle une action de recrutement ciblée vers des diplômés d'autres universités.
- au troisième cycle, la hausse de l'an dernier (2,8%) s'est transformée en une légère baisse de 0,3%, suite logique des baisses passées dans les programmes de maîtrise.
- La population étudiante est de plus en plus majoritairement féminine, les étudiantes constituant 56,9% de la population aux trois cycles.
- Le nombre d'étudiants canadiens d'autres provinces a légèrement augmenté de 946 à 996, mais le nombre d'étudiants internationaux a baissé de 1626 à 1 600.
- Enfin, je me dois de souligner la poursuite du développement de nos activités de formation continue et, en particulier, le succès phénoménal de notre nouveau programme de certificat en planification financière personnelle qui a accueilli plus de 1 600 étudiants et qui devrait donner lieu à d'autres développements importants au cours de cette année.
Au chapitre de la diplomation, l'Université Laval se maintient solidement au rang des grandes universités canadiennes puisqu'elle a décerné 4663 baccalauréats, 1266 maîtrises et 226 doctorats. Cette performance au niveau du doctorat est remarquable si on se rappelle que, il y a à peine dix ans, notre université décernait environ 100 doctorats annuellement. J'ai par ailleurs grand plaisir à souligner que l'Université Laval continue d'avoir l'un des meilleurs taux de diplomation des universités au Québec, ce qui illustre à la fois la qualité de ses programmes et de ses étudiants et la saine gestion que nous faisons des fonds publics mis à notre disposition.
Nos efforts pour renforcer la qualité de la formation se sont
poursuivis et intensifiés. Ainsi :
- un nouveau mécanisme d'évaluation intégrée
des programmes et des unités a été mis en oeuvre alors
que se terminait un cycle d'évaluation des programmes. Grâce
à cette nouvelle évaluation intégrée, avec intervention
d'évaluateurs externes, nous serons en mesure de donner toute sa
dimension à la nécessaire interaction entre enseignement et
recherche.
- une nouvelle politique d'évaluation des apprentissages a été adoptée.
- une politique d'évaluation des enseignements par les étudiants des trois cycles a été adoptée, qui devrait nous permettre une amélioration continue des cours et de nos pratiques pédagogiques.
- Le Réseau de valorisation de l'enseignement, créé en février 1996, a poursuivi son développement, plus de 900 professeurs y ayant maintenant adhéré. Dans la suite des travaux du Groupe de travail sur les NTIC de la CREPUQ, l'Université Laval a offert en mai dernier un atelier d'une semaine sur l'intégration des NTIC en enseignement et elle a investi 600 000 $ dans des projets de développement pédagogique largement orientés vers l'usage des nouvelles technologies.
Une grande université comme Laval se doit d'être fortement impliquée sur la scène internationale. Laval a une longue tradition d'accueil d'étudiants internationaux (nous sommes la première institution francophone au Canada à ce chapitre), d'implication active dans la francophonie dans le cadre de l'AUPELF-UREF, de collaborations de recherche avec de très nombreux groupes dans tous les coins du monde. Ceci dit, nous avons des progrès à faire vers une meilleure intégration d'une vision internationale dans nos programmes de formation. Il faut donc se réjouir de l'adoption d'une politique sur l'internationalisation de la formation dont l'objectif est de donner à tous nos étudiants la nécessaire ouverture sur un monde de plus en plus intégré et en perpétuel changement.
Au chapitre de la recherche, l'Université Laval a continué d'avoir une performance remarquable. Ainsi :
- les chercheurs de Laval se sont placés au premier rang parmi les 10 grandes universités de recherche pour la croissance des subventions du CRSNG avec une augmentation de 11%,
- notre taux de succès dans le programme de subventions stratégiques du CRSNG a été de 44% par rapport à la moyenne nationale de 26% et c'est un de nos professeurs, Lindsay Eltis, qui a obtenu la plus forte subvention,
- le Centre d'études nordiques a obtenu la subvention d'infrastructure la plus élevée au Canada,
- l'obtention de quatre subventions dans le cadre du nouveau programme de partenariat technologique nous place au 2e rang au Canada,
- les subventions reçues du CRSH ont progressé de 56,2% et Laval occupe au Québec la première place pour les subventions stratégiques et la seconde place dans le programme de subventions générales.
- Au Fonds FCAR, 37% des nouveaux chercheurs subventionnés sont de l'Université Laval ce qui illustre la qualité du recrutement qui se fait dans nos facultés ; par ailleurs notre Centre d'études sur les langues, les arts et les traditions populaires, le CELAT, a été le seul nouveau centre subventionné.
Tout ceci illustre clairement le dynamisme et la qualité des chercheurs de l'Université Laval. Il serait présomptueux de vouloir faire un bilan de toutes les découvertes qui se sont faites à Laval au cours de la dernière année, mais je souligne avec fierté le fait que, au palmarès des dix grandes découvertes québécoises de l'année 1996 établi par la revue Québec Science, cinq sont le fruit des travaux de groupes de recherche de Laval.
En ce qui concerne le domaine du transfert technologique, dont le rôle est sans cesse grandissant dans le développement économique, Laval a été des plus actives :
- signature d'une entente modèle entre Laval et la Société INNOVATECH Québec-Beauce-Appalaches qui permettra d'investir 3 millions $ dans la valorisation de résultats de recherches universitaires ;
- prise de capital-action dans les sociétés Immunova et Infectio-Diagnostic qui exploitent des technologies développées à Laval ;
- mise en oeuvre d'un projet conjoint Laval-UQAR sur le repérage de technologies valorisables dans les secteurs de l'agro-alimentaire et de la transformation des produits de la mer ;
- signature d'une entente avec le Réseau canadien des technologies (RCT-PARI) relative au projet de Regroupement régional de la recherche sur les matériaux ;
- enfin, la candidature de Précitech-Université Laval a mérité une mention honorable lors de la remise du prix Université-Industrie 1996 du Conference Board du Canada.
En ce qui concerne la gestion institutionnelle, l'année 1996-97 a été marquée par de nombreuses actions importantes. La liste en est trop longue pour que je la présente ici. Je me limiterai donc à souligner :
- la mise en oeuvre de plusieurs des recommandations du rapport Gervais avec la transformation en faculté des écoles de pharmacie et de sciences infirmières et avec la fermeture de la Faculté des arts, l'intégration du Département d'information et de communication à la Faculté des lettres, celle de l'École des arts visuels à la Faculté d'aménagement, d'architecture et des arts visuels et la création d'une Faculté de musique ;
- la signature d'une entente avec le ministère de la Culture et des Communications du Québec relativement au regroupement des services, des activités et des clientèles du Conservatoire de musique de Québec avec notre nouvelle Faculté de musique. Avec ce regroupement, c'est un haut lieu de la culture musicale qui s'établit à Québec.
- sur un plan plus administratif, le mise en marche du projet ESSOR qui permettra une modernisation majeure de nos systèmes d'information et des méthodes administratives sur lesquels ces systèmes s'appuient.
- le début de la construction de l'agrandissement du Pavillon Adrien-Pouliot.
- enfin, la signature d'ententes modèles avec les villes de Sainte-Foy et de Sillery pour assurer à l'Université Laval des services améliorés.
Je ne saurais terminer ce bilan sans souligner l'action remarquable de tous les membres du personnel de l'université, dans un contexte difficile, ainsi que les progrès importants qui ont été réalisés dans la gestion des ressources humaines avec la collaboration des syndicats. Ainsi, l'année qui se termine a vu :
- l'adoption d'une Politique de gestion des ressources humaines ;
- des modifications apportées à la convention collective et au règlement du régime de retraite des professeurs ;
- la signature d'une lettre d'entente avec le Syndicat des chargées et chargés de cours (SCCCUL) et le développement, avec ce syndicat, d'une nouvelle approche de négociation raisonnée ;
- l'adoption de nouveaux règlements relatifs aux conditions de travail du personnel de soutien non syndiqué ;
- l'adoption du rapport sur l'évaluation, la classification et la rémunération des postes de cadre;
- l'adoption d'une version révisée du Règlement sur le harcèlement sexuel.
L'année 1996-97 aurait été véritablement une année faste si ce n'avait été de la situation financière. L'Université Laval a dû composer cette année avec une compression de près de 25 M $ de la subvention gouvernementale en plus de l'absence d'indexation. Le maintien du gel des droits de scolarité est venu ajouter aux difficultés, si bien que, malgré des efforts de compressions budgétaires considérables réalisés avec la collaboration de tous, l'année s'est terminée avec un déficit accumulé de près de 10 M $.
En terminant ce bilan, je voudrais à nouveau souligner les progrès remarquables réalisés par l'Université Laval sous la direction de Michel Gervais au cours des dix dernières années. Appuyé par une équipe de vice-recteurs et vice-rectrice efficace, le recteur Gervais a su faire de Laval une grande université de recherche dont la réputation est solidement établie partout au Canada et dans le monde et il a, au cours des dernières années, amorcé une évolution de la culture organisationnelle de l'institution vers une décentralisation mieux adaptée au contexte de changement accéléré que nous allons connaître de plus en plus. Le tableau brossé dans le Rapport de conjoncture illustre bien l'ampleur des progrès réalisés par l'Université Laval sous la direction de Michel Gervais et c'est avec un sens très clair de l'importance du défi que j'assume maintenant sa succession.
ÉLÉMENTS DE CONTEXTE À L'ACTION DE L'UNIVERSITÉ
LAVAL
Avant d'évoquer avec vous les grandes lignes d'action que je nous
propose de privilégier au cours de cette année, il me semble
utile de préciser certains éléments de contexte qui
vont marquer l'action de l'Université Laval et, en fait, de tout
le monde universitaire.
Des attentes accrues de la société
La globalisation des économies du savoir, en particulier dans le
monde développé, fait que le savoir est enfin reconnu pour
ce qu'il est, c'est à dire une richese collective, un facteur de
progrès économique et social et un atout dans la position
compétitive des nations. Ceci se traduit par un accroissement du
rôle d'acteur économique des universités et par de nouvelles
contraintes, dont la principale est qu'on s'intéresse de plus en
plus à nous : attentes accrues quant à la qualité
et la pertinence de nos programmes de formation, quant à l'accessibilité,
à la durée des études et aux taux de diplomation, quant
au placement de nos diplômés, quant à l'efficacité
de gestion des fonds publics mis à notre disposition.
La nécessité pour tous les citoyens actifs de s'adapter continuellement à une connaissance qui s'accroît et à un marché du travail marqué par la mobilité, force nos sociétés et leurs universités à s'organiser en fonction de besoins de formation la vie durant. L'université moderne doit devenir, pour ses étudiants, un port d'attache auquel on revient régulièrement plutôt que la traditionnelle rampe de lancement vers une carrière fondée sur les acquis d'une formation initiale.
Enfin, la création de richesse économique est de plus en plus le résultat de la recherche et du développement technologique plutôt que de la simple exploitation de richesses naturelles. Le défi est particulièrement grand pour le Canada et le Québec, dont le très haut niveau de vie s'est établi sur une extraordinaire quantité et diversité de richesses naturelles, et qui doivent maintenant trouver rapidement des solutions de substitution par la création d'entreprises et d'emplois dans les secteurs à haute valeur ajoutée. Les universités jouent un rôle central dans cette mutation économique en produisant des recherches qui doivent se traduire par la création de nouvelles entreprises et de nouveaux marchés. Ce rôle des universités est particulièrement important au Québec où la R & D industrielle est encore faible par rapport à ce qui se fait dans les autres pays développés avec lesquels nous sommes en compétition. Il ne faut pas se surprendre de voir les gouvernements s'intéresser de plus en plus au développement de collaborations université-industrie dans le domaine de la recherche et aux mécanismes de transfert technologique.
Des défis globaux pour les universités
Toutes les universités font face aux mêmes défis dans
un contexte de globalisation :
- compétition pour les meilleurs professeurs, créateurs essentiels de la qualité des programmes de formation et de recherche. Le marché des professeurs d'université est de plus en plus mondial et compétitif et la langue de travail est de moins en moins un facteur limitant la mobilité ;
- compétition pour les meilleurs étudiants, non seulement dans les programmes de 2e et 3e cycles, mais à tous les niveaux. Il est bien établi en effet que la qualité des étudiants contribue directement à la qualité de la formation par l'enrichissement des échanges intellectuels entre étudiants et avec les professeurs. La globalisation de l'économie augmente l'attrait d'études à l'étranger et favorise la mobilité des étudiants ;
- compétition enfin pour les fonds de recherche de sources publiques ou privées. La diminution relative des fonds de recherche publics au Canada et au Québec a exacerbé cette compétition au cours des dernières années rendant la vie de chercheur universitaire de plus en plus exigeante en terme d'énergie et de créativité, en particulier pour les jeunes professeurs ;
- mais besoin accru de collaboration entre les institutions pour créer des masses critiques d'enseignement et de recherche qui, seules, permettent de s'assurer une position de force sur la scène internationale. Au Québec, ce besoin de collaboration et de rationalisation devrait trouver son expression dans les travaux de la Commission des universités sur les programmes (la CUP) dont l'action est bien engagée.
- Par ailleurs, l'arrivée des NTIC semble vouloir conduire à une remise en question de nos méthodes de formation et il pourrait en résulter, à terme, une remise en question de toute l'organisation universitaire. Bénéfiques dans un premier temps par l'appui qu'elles permettent à de nouvelles méthodes pédagogiques et par l'accès qu'elles ouvrent à de nouvelles clientèles, ici ou à l'autre bout du monde, les NTIC sont aussi porteuses de dangers en attirant dans le champ de l'enseignement supérieur de nouveaux joueurs aux moyens puissants, ouvrant la voie à de nouvelles concurrences et au risque d'un "colonialisme culturel ".
Ces défis doivent être relevés dans un contexte de ressources financières plus ou moins limitées dans tous les pays. Le problème est particulièrement complexe à gérer au Québec où le gouvernement a amorcé avec quelque retard une nécessaire opération d'assainissement des finances publiques tout en maintenant ses positions politiques sur la question des droits de scolarité et sur l'accessibilité. L'insuffisance des moyens financiers disponibles aux universités québécoises les limite actuellement dans leur capacité à procéder au renouvellement nécessaire du corps professoral, réduit leur position compétitive sur la scène mondiale et rend plus difficile l'adaptation nécessaire aux NTIC. Si cette situation conjoncturelle devait se poursuivre trop longtemps, les risques seraient grands d'infliger des dommages durables au système universitaire québécois.
Laval en bonne position malgré tout
Dans un contexte contraignant pour toutes les universités, Laval
est malgré tout relativement bien située. Grande université
de recherche, qui a fait des progrès remarquables depuis quinze ans,
notre université est solidement installée dans le peloton
de tête des universités canadiennes et elle est bien ancrée
dans sa région où on pourrait souhaiter cependant que la qualité
et l'importance de son action soit mieux reconnue et appréciée.
L'Université Laval a suivi, au cours des dernières années, une politique sélective de recrutement de jeunes professeurs dont les résultats sont déjà visibles comme je le soulignais plus tôt. Nous avons là un potentiel de développement remarquable et une position de force dans la compétition inter-universitaire québécoise, canadienne et mondiale. Nos efforts de structuration de la recherche par la création de centres de recherche sont venus renforcer les effets de cette politique de recrutement.
Par ailleurs, Laval a amorcé depuis deux ans une opération de décentralisation de ses processus administratifs, avec pour objectif de donner plus de responsabilités et de moyens d'action aux gestionnaires départementaux et facultaires. Dans un monde universitaire en constante mutation, la décentralisation est la clé du succès en permettant à chaque unité de s'adapter aux besoins changeants de sa discipline. Dans un contexte de ressources limitées, la décentralisation permet de faire les choix les mieux éclairés et les plus efficaces tout en favorisant l'implication de tous dans ces choix.
Enfin, l'Université Laval jouit d'une position particulière dans le réseau universitaire québécois, position dont elle peut faire un réel atout. Seule université "complète " à l'est de Montréal, elle peut recruter dans un vaste bassin géographique et elle peut développer des liens fructueux avec les cegeps de ce bassin. Université de la capitale, elle est en position privilégiée pour développer une action tournée vers le milieu international et pour appuyer l'action du gouvernement.
Bref, sous réserve de faire preuve de créativité, d'ouverture et de dynamisme, l'Université Laval est bien placée pour faire face à une situation qui, bien que contraignante, reste conjoncturelle et elle a tous les atouts en mains pour relever les défis de l'entrée dans le troisième millénaire.
LA SITUATION FINANCIÈRE DANS UNE JUSTE PERSPECTIVE
Nous venons de terminer l'année 1996-97 avec un déficit accumulé
de près de 10 M $ et le Conseil d'administration a, avec quelques
hésitations, adopté pour 1997-98 un budget déficitaire
qui devrait nous conduire à un déficit accumulé de
28 M $. Il s'agit là de montants importants qui doivent nous préoccuper,
mais il ne s'agit pas d'une situation insurmontable, loin de là.
Comme nous nous sommes engagés à le faire auprès du Conseil d'administration, nous sommes actuellement en train d'élaborer un plan de résorption de cette dette sur un horizon de quelques années. Ce plan devrait comporter également une enveloppe de développement, le financement de l'ensemble étant établi sur la base d'hypothèses réalistes quant à l'évolution de la population étudiante, quant au financement gouvernemental, quant aux droits de scolarité et, surtout, quant au développement de nos propres activités dans de nouveaux secteurs. Je suis très confiant que nous pourrons soumettre à la communauté et au Conseil d'administration un plan réaliste et porteur d'avenir qui nous permettra de remettre notre situation financière actuelle dans une plus juste perspective.
Il me semble important d'insister ici sur le caractère très conjoncturel de notre situation présente. D'une part, nous savons que la décroissance du financement gouvernemental va se terminer en 1999, et il y a lieu d'espérer que, comme cette année au niveau fédéral, le gouvernement provincial voudra reprendre ses investissements stratégiques dès que les finances publiques seront rétablies. D'autre part le coût des programmes de retraite que l'université a dû offrir sera complètement absorbé d'ici deux ans. Par ailleurs, la problématique des droits de scolarité devrait faire l'objet d'un débat plus rationnel que jusqu'ici et on peut espérer une évolution positive d'ici deux ans ; j'examine actuellement, en concertation avec les associations étudiantes et des professeurs, la manière dont la communauté de Laval pourrait contribuer à ce débat en menant une recherche sur les questions inter-reliées des droits de scolarité, des prêts et bourses et de l'accessibilité. Enfin, les rationalisations que nous avons entreprises nous-mêmes et celles menées dans le cadre de la CUP devraient, si elles sont bien conduites, nous permettre de dégager certaines marges de manoeuvre.
Ainsi donc, s'il est vrai que les deux prochaines années vont nous demander rigueur et créativité, il est tout aussi vrai que l'avenir de l'Université Laval s'annonce, à terme, très prometteur et justifie de la part de tous les membres de la communauté un optimisme raisonné et un engagement énergique.
QUELQUES GRANDES ORIENTATIONS
Comme vous le savez, j'ai créé en juin dernier une Commission
d'orientation formée de membres des diverses composantes de la communauté
universitaire. La Commission a siégé avec assiduité
durant l'été. La traditionnelle "réunion des administrateurs "
le 14 août dernier a permis une bonne discussion sur les orientations
que la Commission devrait considérer. Le travail se poursuit avec
l'amorce de rédaction d'un rapport qui fera bientôt l'objet
de discussions avec les trois Commissions permanentes réunies, avec
les associations étudiantes et avec, je l'espère, un groupe
d'intervenants régionaux. Le rapport final de la Commission devrait
être déposé en octobre. Dans ce contexte, je ne voudrais
pas présumer ici du résultat de ces travaux en faisant une
revue détaillée de priorités qui seraient plus personnelles
qu'institutionnelles. Ceci dit, il semble déjà se dégager
jusqu'ici un large consensus sur certaines lignes d'action que je voudrais
vous présenter.
Au tout premier rang de nos préoccupations nous devons placer la question du recrutement étudiant et des liens avec nos partenaires régionaux dans les milieux de la formation. J'ai demandé à toutes les facultés de se doter d'une stratégie de recrutement fondée sur une analyse attentive des besoins de formation dans leurs champs d'action respectifs et de leurs capacités d'accueil et qui leur permettrait de fixer des objectifs réalistes en terme de quantité, de qualité, et d'origine géographique des étudiants. Ce travail est en cours, qui s'harmonisera avec les travaux du groupe de travail sur la réingénierie du recrutement mis en place l'an dernier.
J'ai par ailleurs entrepris, durant l'été, une tournée de tous les cegeps de notre bassin naturel de recrutement pour établir des contacts avec leurs directeurs généraux et, dans plusieurs cas les directeurs des études. L'accueil que j'ai reçu jusqu'ici a été partout très favorable et nous avons pu identifier des projets spécifiques de collaboration fort intéressants, en particulier en ce qui concerne le "continuum " cegep-Université et le passage du DEC technique à l'université. Nous avons convenu de relancer les rencontres annuelles des directeurs généraux des cegeps avec la direction de l'université.
La qualité de la formation à l'Université Laval doit être l'objet central de nos préoccupations. Pour une grande université de recherche comme la nôtre, la qualité de la formation doit impliquer un lien étroit entre formation et recherche ; les facultés et départements seront invités à mettre en oeuvre de nouveaux moyens pour matérialiser pleinement ce lien. Elle doit aussi passer par une pleine exploitation de toute la richesse intellectuelle disponible sur le campus ; à cette fin, nous devrons travailler à décloisonner nos programmes d'études, ce qui nous permettra par ailleurs de mieux répondre à la nécessité de former des citoyens plus responsables et capables de s'adapter aux exigences d'une société en perpétuelle évolution. Elle doit encore passer par une poursuite de nos efforts d'innovation pédagogique; l'action du Réseau devra s'amplifier en collaboration avec les facultés et nous devrons trouver les moyens d'accroître nos investissements dans l'intégration des NTIC. Elle doit enfin passer par une mise en oeuvre systématique de notre nouvelle politique sur l'évaluation des apprentissages et de la politique d'évaluation intégrée des programmes et des unités.
La rationalisation de notre répertoire de cours et de nos programmes devra retenir notre attention au cours de cette année. En ce qui concerne le répertoire des cours, nous avons le devoir d'éviter les duplications injustifiées et de tendre vers une plus grande collaboration entre les unités pour appuyer le décloisonnement recherché de nos programmes. Au niveau des programmes, les travaux de la Commission des université sur les programmes (CUP) sont bien engagés. L'Université Laval s'est dotée d'une bonne structure de soutien à cette opération hautement stratégique et, si j'en juge, par les premiers résultats qui s'annoncent, elle devrait en sortir renforcée. En effet, dans le secteur de la musique notre rôle devrait être reconnu à tous les cycles de même que dans les programmes d'éducation musicale; l'UQAM sera invitée à collaborer avec nous dans le cadre d'un programme de maîtrise; dans le secteur des sciences religieuses, notre leadership provincial devrait être reconnu et notre collaboration avec l'Université de Sherbrooke, l'UQTR et l'UQAM devrait se développer; dans le secteur des communications, nous serons appelés à collaborer avec l'Université de Montréal, l'UQAM et l'Université Concordia dans l'offre d'un programme de doctorat unique au Canada. Nous devrons investir beaucoup d'énergie dans les travaux de la CUP dans les autres secteurs disciplinaires au cours de la prochaine année, mais je suis confiant que Laval, grâce à la qualité de ses programmes et de ses ressources, sortira renforcée de toute cette opération.
Nous devons par ailleurs nous préoccuper de l'employabilité de nos diplômés et de leur intégration au marché du travail. Les mesures à prendre en ce sens seront variables selon les secteurs disciplinaires, mais on peut penser à :
- l'adaptation de nos programmes pour offrir une formation de base plus large qui donnera aux diplômés des connaissances fondamentales favorisant adaptabilité et mobilité durant leur carrière ;
- la mise au point de programmes courts axés sur des besoins précis du marché du travail ; nous travaillons actuellement à l'élaboration de tels programmes dans le secteur de l'informatique où les besoins de main-d'oeuvre spécialisée sont considérables ;
- l'offre de stages crédités en entreprises dans tous les programmes où de tels stages sont justifiés;
- la mise sur pied d'un programme travail-études sur le campus.
Dans le contexte de globalisation que nous vivons, une grande université comme Laval doit avoir une vision résolument internationale de ses activités. Nous avons adopté une politique d'internationalisation de la formation l'an dernier. Il s'agit maintenant de définir la stratégie et les moyens de mise en oeuvre de cette politique. À cette fin, un groupe de travail sur l'internationalisation, co-présidé par la vice-rectrice à la recherche et le vice-recteur aux affaires académiques et étudiantes sera formé dans les prochains jours.
Nous devons poursuivre nos efforts de développement dans le domaine de la formation continue. Nos actions récentes ont en effet démontré très clairement l'importance des besoins et des attentes dans ce domaine. Les facultés seront invitées à s'impliquer plus activement dans ce domaine en collaboration avec la Direction générale de la formation continue. Par ailleurs, nous sommes sur le point de conclure des ententes avec divers partenaires qui devraient nous permettre des développements majeurs dans le domaine de la formation à distance en faisant appel aux NTIC. Nous devrons également établir de nouvelles collaborations avec les cegeps pour mieux desservir l'ensemble des besoins, non seulement dans la région de Québec, mais dans tout l'est de la province.
Dans le domaine de la recherche, l'Université Laval a eu, au cours des dernières années, une "formule gagnante " basée sur une grande sélectivité au moment de l'engagement des professeurs et sur un effort délibéré de structuration des groupes de recherche. Dans le contexte de compétition accrue pour des fonds de recherche trop limités, il nous faut maintenir cette formule gagnante et en étendre l'application dans toute la mesure du possible. Dans le champ du transfert technologique, nous devons trouver les moyens d'accroître encore nos activités. Nous devrions mettre sur pied bientôt une Corporation de transfert technologique, dont les objectifs seront d'accroître nos collaborations avec l'industrie, de contribuer à la création d'entreprises exploitant les résultats de nos recherches et de gérer nos participations dans ces entreprises.
En ce qui concerne la gestion administrative de l'université, nos efforts devront porter sur la poursuite de la décentralisation. Nous avons déjà mis en place des procédures pour permettre aux doyens et aux directeurs de services de participer plus activement dans la gestion d'ensemble de l'université. Entreprise dans le cadre du projet ESSOR, une action plus générale sera menée au cours des prochains mois pour revoir tout notre arsenal réglementaire dans le but de le simplifier considérablement et de mieux l'adapter à un contexte de gestion décentralisée. Par ailleurs, je compte proposer prochainement au Conseil Universitaire et au Conseil d'Administration la mise sur pied d'un Comité sur les orientations et les processus budgétaires. Présidé par le vice-recteur exécutif, ce comité aura pour mandat de revoir nos processus budgétaires pour mieux les adapter à une gestion décentralisée, de proposer de nouvelles méthodes d'allocation des ressources aux facultés, de définir des indicateurs d'efficience dans l'utilisation de ces ressources par les unités et de proposer des moyens de soutenir les actions de décloisonnement et de collaboration entre les unités. D'autre part, je compte mettre en place diverses mesures destinées à favoriser les interactions entre la direction et les membres de la communauté universitaire ; les membres de l'équipe de direction feront la tournée des unités dans les mois suivant la publication du rapport de la Commission d'orientation ; des rencontres périodiques seront tenues avec les représentants des associations étudiantes, des syndicats et des associations de personnel ; et je tiendrai des rencontres avec des groupes de professeurs.
Nous devrons nous préoccuper de la place et du rôle de l'Université Laval dans son milieu. Depuis mon entrée en fonction j'ai eu de nombreuses rencontres avec des intervenants politiques et économiques de la région. J'ai pu constater que les attentes vis à vis de l'université étaient grandes. J'ai aussi pu percevoir que Laval était dans une situation privilégiée pour contribuer à une meilleure concertation dans la poursuite du développement économique régional. Je compte prendre certaines initiatives dans ce domaine au cours des prochaines semaines. Mes rencontres avec les directeurs généraux des cegeps de l'est du Québec m'amènent à penser que Laval a également un rôle à jouer en appui au développement des régions; nous examinerons en collaboration avec les cegeps les moyens de mieux jouer ce rôle.
Les travaux de la Commission d'orientation et diverses consultations ont clairement indiqué le besoin pour l'Université Laval de renforcer ses actions de communication. Au cours des dernières années et des derniers mois, l'université a fait l'objet de critiques souvent injustifiées et ses contributions réelles à la formation, à la recherche, au transfert technologique et plus globalement à la vitalité économique de la région sont restées insuffisamment connues et reconnues. Je proposerai donc, dans la foulée de la publication du rapport de la Commission d'orientation, la création d'un Comité-conseil sur les communications dont le mandat sera de définir une politique de communications, d'appuyer le Service des communications dans la mise en oeuvre de cette politique et d'inciter tous les membres de la communauté universitaire à participer à l'effort de communication au niveau local, régional, national et international.
CONCLUSION
Voilà donc, brossé en quelques traits, le tableau de nos préoccupations
au cours des prochains mois. Le rapport de la Commission d'orientation,
attendu pour octobre, devrait nous fournir un plan d'action plus complet
et plus précis.
Comme vous pouvez le constater, l'année qui s'amorce ne manquera ni de défis ni d'action. Je suis conscient de l'ampleur de la tâche qui nous attend au moment où nous faisons face à des contraintes au plan des ressources humaines et financières. Je suis tout aussi conscient de la qualité et de la créativité de tous les membres de la communauté universitaire. Je suis confiant que nous aurons, tous ensemble, le désir de surmonter au mieux nos difficultés conjoncturelles pour nous aider à créer des occasions de développement.
Ensemble, nous pourrons faire en sorte que l'Université Laval, forte de ses traditions, soit maître du changement et de son avenir. Ensemble, nous pourrons affirmer la place de l'Université Laval comme l'une des grandes universités de recherche du Canada, au service de son milieu régional et résolument ouverte sur le monde.