8 mai 1997 |
Sondage
"Une formation disciplinaire qui ne contribue pas à la formation personnelle risque d'être stérile", avertit la Commission des études.
Dans un rapport d'étape sur la formation personnelle des étudiants qu'elle a déposé au bureau du recteur Michel Gervais à la fin d'avril, quelques jours avant le départ de celui-ci, la Commission des études de l'Université Laval estime qu'il faut désormais miser sur une pédagogie transformée, et qu'une révision du contrat doit intervenir entre l'enseignant et l'étudiant.
La Commission en arrive à cette conclusion à la suite d'une consultation menée auprès de quelque 2 000 professeurs et chargés de cours au trimestre d'hiver 1997. En fait, 539 professeurs et 84 chargés de cours ont répondu au questionnaire d'un sondage sur le sujet.
"Il n'y a aucun doute que la formation personnelle constitue l'un des aspects essentiels de la mission de l'Université, voire l'une de ses responsabilités à l'égard des étudiants et de la société. Or, il est également apparu que le volet acquisition de connaissances disciplinaires a acquis de plus en plus d'importance au cours des années, au détriment de l'acquisition des compétences liées à la formation personnelle qui, sans constituer la spécificité de l'Université, donne néanmoins un sens aux connaissances propres aux disciplines", constate la commission présidée par Silvia Faitelson-Weiser.
Intégrer les deux volets
Ces compétences, liées à la formation personnelle
au sein du baccalauréat, le document les classe en six types: compétences
de la personne se rapportant à la manière dont elle utilise
son intellect, devant les activités à réaliser, face
au changement, à l'égard d'autrui, face à elle-même,
et liées à certaines connaissances d'ordre général.
En d'autres termes, il y est notamment question d'esprit d'analyse et de
synthèse, de capacité à bien communiquer, du sens du
travail d'équipe, de souplesse, de capacité d'adaptation.
"Il ne faudrait pas oublier qu'une formation disciplinaire qui ne contribue pas à la formation personnelle risque d'être stérile, Aussi faudrait-il veiller à intégrer les deux volets de la formation (personnelle et disciplinaire) tout au long des études et s'assurer que les deux sont transmis", réitère la Commission des études.
Une très grande majorité des répondants (98 % des professeurs et 94 % des chargés de cours) estiment d'ailleurs que l'Université a un rôle à jouer dans la consolidation (surtout), le développement (à la rigueur) ou l'acquisition des compétences liées à la formation personnelle, indique le sondage. Mais ils sont aussi très nombreux ceux qui rajoutent qu'il revient à l'étudiant lui-même de les acquérir. D'autre part, 75 % des répondants jugent qu'accorder une place plus grande à la formation personnelle dans les cours et les programmes favosiserait l'insertion socioprofessionnelle des diplômés.
Un climat à instaurer
La consultation effectuée par la Commission des études
et l'avis que celle-ci a rédigée à la demande de Michel
Gervais font clairement ressortir le grand intérêt que les
enseignants de l'Université - professeurs et chargés - portent
à la formation personnelle de leurs étudiants.
" Pour peu que l'on réussisse à instaurer un climat favorable, ces enseignants pourront sans doute devenir une force influente et entraîner dans leur élan les personnes qui estiment que leur seule affaire est la transmission de connaissances. L'instauration d'un tel climat, menant à une pédagogie transformée, suppose cependant une volonté commune et des efforts concertés, une sensibilisation et un suivi adéquats", pensent les membres de la Commission.
Selon eux, l'adoption par chaque comité de programme - "avec l'appui inconditionnel des unités et le soutien des associations étudiantes" - des moyens d'action qui lui conviennent le mieux, devrait faire de la formation qui intègre les volets "formation personnelle" et "formation disciplinaire" une préoccupation quotidienne des enseignants et des étudiants de l'Université.
"Un tel effort, tant individuel que collectif, permettrait à l'Université Laval d'affirmer, non sans une certaine fierté, que le devenir de ses étudiants et sa raison d'être", signe Silvia Faitelson-Weiser au nom des membres de la Commission des études.